Le Film du jour n°81 : La vie sexuelle de Greta en trois dimensions

Publié le par lefilmdujour

Titre original : The four dimensions of Greta

Un film britannique de Pete WALKER (1972) avec Alan Curtis, Tristan Rogers, Leena Skoog, Karen Boyes...

Inutile de pousser des cris d'orfraie. La vie sexuelle de Greta en trois dimensions, malgré son titre, n'est pas un film X ! Le Film du jour ne mange pas de ce pain-là... et se limite seulement à l'érotisme de bon aloi... Et, par pitié, ne me demandez pas pourquoi l'une des dimensions a été perdue en passant du titre original au titre français ! Car il s'agit bien d'un film avec scènes "en relief" et donc en 3D, un procédé cinématographique qui eut le vent en poupe au début des années 50 et qui, aujourd'hui, phénomène Avatar aidant, suscite un certain engouement auprès du grand (et surtout jeune) public.

Les images visibles en trois dimensions apparurent toutefois bien avant. On estime en effet que Jim the Penman, un long métrage signé en 1915 par Edwin S. Porter, serait le premier film tourné en 3D. Ce qui ne serait guère étonnant, puisque Edwin S. Porter, réalisateur du premier western de l'histoire du cinéma avec L'attaque du Grand Rapide (1903), ne cessa d'expérimenter des procédés nouveaux durant toute sa carrière.

Bwana le diable (Oboler, 1953), le premier long métrage en 3D "naturelle" (dixit l'affiche)

Le regain d'intérêt des producteurs pour les films en relief au début des années 50 s'explique par la concurrence de plus en plus grande de la télévision. Afin de faire revenir les spectateurs dans les salles, Hollywood lança à cette époque diverses initiatives censées attirer le populo comme des mouches, tels l'écran large, voire panoramique, la stéréophonie et la 3D.

C'est en fait un petit film de jungle indépendant du nom de Bwana le diable (Oboler, 1953) qui attira l'attention sur les possibilités offertes par le cinéma en relief. "Une star dans vos bras et un lion sur vos genoux", pouvait-on lire sur l'affiche ! Effectivement, que peut-on rêver de mieux...

En relief, L'étrange créature du lac noir (Arnold, 1954) fait même hurler l'actrice principale... (image : www.toutlecine.com)

Dans la foulée, les grands studios, et plus particulièrement la Warner qui avait déjà innové à la fin des années 20 en pariant sur le cinéma parlant, adoptèrent le "tridimensionnel". En 1953 et 1954, ce sont une vingtaine de longs métrages en 3D qui furent ainsi distribués.

Citons, dans le registre des films d'épouvante, L'homme au masque de cire (de Toth, 1953) et L'étrange créature du lac noir (Arnold, 1954). Mais on trouve aussi dans la liste des westerns comme Hondo, l'homme du désert (Farrow, 1953) avec John Wayne, des films d'aventures comme La belle du Pacifique (Bernhardt, 1953) avec Rita Hayworth, des films noirs comme Passion sous les Tropiques (Maté, 1953) avec une lutte dantesque entre Robert Mitchum et Jack Palance dans un téléphérique suspendu au-dessus du vide, et des suspenses comme le fameux Crime était presque parfait (Hitchcock, 1954) avec la future Grace de Monaco.

Ray Milland et Grace Kelly dans Le crime était presque parfait (1954), seul film 3D signé Hitchcock (image : www. toutlecine.com)

Un procédé mal maîtrisé, l'obligation pour les spectateurs de porter des lunettes spéciales, la simple recherche de l'effet au détriment du scénario, convainquirent toutefois rapidement les producteurs d'arrêter les frais.

Si l'on met de côté les courts métrages et les documentaires spécifiquement tournés pour des salles de type I-Max ou pour le Futuroscope de Poitiers, les films en 3D devinrent une denrée rare (avant que l'actuelle frénésie en faveur de la 3D revienne à la mode à la fin des années 2000). Tout juste les cinéphages adeptes du relief ont-ils pu se mettre sous la dent des longs métrages comme La vie sexuelle de Greta en trois dimensions (Walker, 1972), Meurtres en trois dimensions (Miner, 1982) - le troisième volet de la série des Vendredi 13 - ou Les dents de la mer 3 (Alves, 1983).

Le troisième volet des Dents de la mer fut filmé en 3D

La vie sexuelle de Greta en trois dimensions, l'histoire : Selon un site Web spécialisé, La vie sexuelle de Greta en trois dimensions exprimerait "le meilleur du sordide britannique"... Alléchant, n'est-ce pas ? L'un des visiteurs du site a toutefois laissé le message suivant : "Si ça, c'est le meilleur du sordide, je ne suis pas pressé de voir le pire !"

Le film raconte les aventures d'un journaliste allemand à la recherche d'une compatriote disparue au cœur du Swinging London. Impossible toutefois, malgré plusieurs heures passées à errer sur Internet, de savoir si la teutonne évanescente, cette fameuse Greta, est une jeune fille au pair ou une prostituée... Les avis sur la question divergent.

Toujours est-il que le héros mène son enquête dans des clubs de strip-tease minables, des night-clubs psychédéliques et des arrière-boutiques de salles de jeux enfumées. Seules les scènes en flash-back sont tournées en 3D. Ceux qui ont vu le film semblent avoir été particulièrement impressionnés par une paire de seins herculéens remués avec entrain et détermination juste sous leur nez !!! De quoi défaillir, je suppose !

La 3D dans ces conditions, je dis oui !

Né en 1939, Pete Walker, le réalisateur de La vie sexuelle de Greta en trois dimensions, est un cinéaste anglais indépendant qui a exercé son "art" hors des grands courants esthétiques du cinéma populaire britannique.

D'abord spécialisé dans la comédie érotique plutôt débile (son premier opus, L'école du sexe, est sorti en 1968), il s'oriente au début des années 70 vers le film d'angoisse contemporain. Il signe en 1971 Die Screaming, Marianne (Meurs en hurlant, Marianne en français...) avec l'actrice Susan George. Une jeune femme déjà soumise à rude épreuve dans Les chiens de paille (Peckinpah, 1970) où la belle jouait l'épouse violentée de Dustin Hoffman.

Une ambiance cool et bon enfant règne dans Flagellations (1974) de Pete Walker

Suivront, entre autres, Flagellations (1974), dont l'action se déroule dans un pensionnat destiné au "redressement" de jeunes filles immorales, Frightmare (1974) (récemment diffusé sur CinéFX), critique à peine voilée du système judiciaire et médical de la perfide Albion, Schizo (1976), un thriller mâtiné de giallo, et Hallucinations (1978).

Ce dernier long métrage conte le retour en Angleterre d'un rocker vieillissant désireux de revenir sur le devant de la scène et dont les nerfs seront mis à rude épreuve par un maniaque trucidant à tour de bras (sa femme est jouée par Holly Palance, la propre fille de l'acteur américain Jack Palance).

On doit aussi à Pete Walker Le manoir de la terreur (1982), le seul long métrage où sont réunis simultanément les quatre figures du cinéma fantastique que sont John Carradine, Peter Cushing, Christopher Lee et Vincent Price ! Le bilan n'est donc pas mince !

Ci-dessous la bande-annonce de La vie sexuelle de Greta en trois dimensions (à ne visionner que si vous êtes capable de supporter la vue d'une poitrine féminine...) :

Publié dans Titres étranges

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