Christopher Lee (1922-2015)
L’acteur britannique Christopher Lee, qui fut l’un des deux plus grands interprètes de Dracula au cinéma (avec Bela Lugosi), est décédé le 7 juin 2015 à l’âge de 93 ans. Avec près de 280 films et productions télévisées à son actif, Christopher Lee n’est pas – et de très loin – l’homme d’un seul personnage (il n’a d’ailleurs interprété le célèbre vampire qu’une dizaine de fois).
Il a aussi incarné le docteur Fu Manchu dans cinq longs métrages, dont deux sous la direction de Don Sharp et deux autres sous celle de Jesus Franco, mais également la créature de Frankenstein (Frankenstein s’est échappé, Terence Fisher, 1957), la Momie (La Malédiction des pharaons, Terence Fisher, 1959), Raspoutine (Raspoutine, le moine fou, Don Sharp, 1965), Sherlock Holmes (Sherlock Holmes et le collier de la mort, Terence Fisher, 1962), Mycroft Holmes, le frère aîné du célèbre détective (La Vie privée de Sherlock Holmes, Billy Wilder, 1970), Rochefort, l’âme damnée de Richelieu (Les Trois mousquetaires, 1973, On l’appelait Milady, 1974, Le Retour des mousquetaires, 1988, trois films de Richard Lester), le méchant Scaramanga face à James Bond (L’Homme au pistolet d’or, Guy Hamilton, 1974), le comte Dooku dans les épisodes II et III de la saga de la Guerre des étoiles, le magicien Saroumane dans la trilogie du Seigneur des anneaux de Peter Jackson…
Christopher Lee dans Le Chien des Baskerville (T. Fisher, 1959)
Christopher Lee fait ses débuts en 1947 en signant un contrat avec la Rank Organisation, célèbre studio britannique de l’époque. Et, pendant une décennie, il enchaîne les petits rôles et les pièces théâtrales et radiophoniques. Ce n‘est qu’en 1958 en incarnation du comte Dracula dans Le Cauchemar de Dracula (1958), film tourné par Terence Fisher pour la Hammer, et en offrant au personnage distinction aristocratique, séduction érotique, face blafarde et regard fascinant, que l’acteur devient célèbre.
Propulsé vedette de la Hammer, formant souvent avec son alter ego Peter Cushing un inoubliable duo du cinéma fantastique, Christopher Lee joue alors dans un grand nombre de films de terreur britanniques des années 1960 : Le Chien des Baskerville (T. Fisher, 1959), Hurler de peur (S. Holt, 1960), Horror Hotel (J. Moxey, 1961), Le Train des épouvantes (F. Francis, 1964), La Gorgone (T. Fisher, 1964), Le Crâne maléfique (F. Francis, 1965), La Maison ensorcelée (V. Sewell, 1968), Les Vierges de Satan (T. Fisher, 1968)…
Christopher Lee et Daliah Lavi dans Le corps et le fouet (Bava, 1963)
On le voit aussi dans des films allemands, inspirés des romans d’Edgar Wallace (Le Narcisse jaune intrigue Scotland Yard, von Rathony, 1961 ; L’Orchidée rouge, Ashley, 1961) ou des œuvres d’Edgar Allan Poe (Le Vampire et le sang des vierges, Reinl, 1967). Mais aussi dans des films italiens : Hercule contre les vampires (Bava, 1961), Le Corps et le fouet (Bava, 1963), La Vierge de Nuremberg (Margheriti, 1963), Le Château des morts-vivants (Ricci, 1964).
Les années 1970 et 1980 sont plus délicates pour Christopher Lee qui décide d’abandonner le personnage de Dracula en 1973 (Dracula vit toujours à Londres, A. Gibson). L’acteur alterne alors les apparitions dans des films de prestige (James Bond, la série des 4 Mousquetaires, Les Naufragés du 747…) et les rôles dans des parodies (Dracula père et fils, Molinaro, 1976) ou dans des séries B voire Z (Destruction planète terre, Hayes, 1976 ; L’Invasion des soucoupes volantes, Hunt, 1977).
Christopher Lee est le magicien Saroumane dans Le Seigneur des anneaux de Peter Jackson
Il est également aux génériques de films martiaux où les vedettes sont David Carradine (Le Cercle de fer, R. Moore, 1978), Joe Lewis (Nom de code jaguar, Pintoff, 1978) ou Chuck Norris (Dent pour dent, Carver, 1981). Il apparaît aussi dans Le Manoir de la terreur (P. Walker, 1982), le seul long métrage où sont réunies simultanément les quatre figures du cinéma fantastique que sont John Carradine, Peter Cushing, Christopher Lee et Vincent Price.
Considéré alors presque comme un has been, l’acteur retrouvera un peu de prestige grâce à Tim Burton qui lui confie le rôle bref mais marquant du juge dans Sleepy Hollow (1999). Les années 2000 avec ses prestations dans la saga Star Wars et dans la trilogie du Seigneur des anneaux redonnent enfin à Christopher Lee la place qu’il mérite au panthéon des acteurs du cinéma fantastique. L’homme, anobli par la reine d’Angleterre, peut alors s’éclipser…