Le Film du jour n°188 : Aïe... Toubib, ne coupez pas
Titre original : Che dottoressa, ragazzi !
Un film italien de Gianfranco BALDANELLO (1976) avec Maria-Pia Conte, Femi Benussi, Mariangela Giordano, Francesco Parisi, Lucio Cuomo...
Au début des années 1970, la vogue du cinéma érotique - pain bénit pour le Film du jour - a envahi le cinéma européen. L'Italie ne fut pas épargnée, mais l’œil averti se sera vite aperçu qu'à cette époque regrettée, les donzelles transalpines effeuillées nageaient essentiellement au sein de deux courants esthétiques majeurs. Le premier, le "décamérotique", naquit dans la foulée des succès remportés par les films de la trilogie de la vie de Pier Paolo Pasolini (voir Ton diable dans mon enfer).
Le deuxième, la sexy-comédie dite "à l'italienne", prit quasiment le relais du précédent. Ce courant "esthétique" vit le jour à la suite du formidable succès de Malicia (Samperi, 1973), une comédie légèrement salace où la superbe Laura Antonelli (voir Comment suis-je tombée si bas ?) joue le rôle d'une jeune fille embauchée comme bonne "à tout faire" dans un foyer où la mère a passé l'arme à gauche et où elle (la bonne, pas la mère...) attire les convoitises et du père et du fils (le Saint-Esprit n'ayant strictement rien à voir là-dedans).
Un film où le porte-jarretelles est de rigueur
Dans la foulée du parfum capiteux de Malicia, les producteurs italiens se mirent à dénicher des cousines, des tantes, des nièces, toutes plus ou moins volages, toutes plus ou moins sexy, et s'amusèrent à les glisser sous la dent (ou plutôt sous les yeux) des spectateurs qui n'en pouvaient mais. Des titres tels que La belle et le puceau (Dallamano, 1973) ou Ah mon petit puceau ! (Martinelli, 1974) (également connu sous le nom de Ma tante d'Amérique...), deux œuvrettes avec la callipyge Edwige Fenech, fleurirent alors aux frontons des cinémas de quartier comme les boutons aux visages des ados travaillés par la puberté !
Soutif et slibard, les deux héros de la sexy-comédie à l'italienne (image : www.moviecovers.com)
Entre 1973 et 1981, âge d'or de la sexy-comédie à l'italienne, défilèrent tous les corps de métier où les belles peuvent jouer de leurs appas appétissants face à une gent masculine libidineuse à souhait : la prof (La prof est experte en langues, Fidani, 1975), l'infirmière (L'infirmière de l'hosto du régiment, Laurenti, 1979), l'avocate (La présidente est peu farouche, Fulci, 1976), la policière (La flic à la police des mœurs, Tarantini, 1979) et la doctoresse.
Cette dernière profession donna d'ailleurs naissance à tout un cycle de longs métrages avec, souvent, Edwige Fenech encore et toujours en vedette : La toubib du régiment (Cicero, 1976), La toubib aux grandes manœuvres (Cicero, 1977), La toubib se recycle (Tarantini, 1977) (en fait, la Fenech est ici "chauffeuse" de taxi), La toubib prend du galon (Cicero, 1978), etc. Ajoutons à cette liste, pour être (presque) complet, La toubib au cours du soir (Martucci, 1976) avec Karin Schubert et Orchidea de Santis, ce Aïe toubib... ne coupez pas, avec Maria-Pia Conte et Femi Benussi, et L'infirmière a le bistouri facile (Tarantini, 1980) avec Nadia Cassini.
Aïe... toubib, ne coupez pas, l'histoire : nous nous référons ici à la pochette du DVD du film sorti il y a quelques années en France (et disponible aussi en double DVD avec La vamp du bahut de Giuliano Carnimeo... autant dire, un must). Une jeune doctoresse pleine d'avenir s'installe dans un village de Sicile. Sensibles aux attraits de la jeune femme, les hommes du cru sont visiblement prêts à tout pour passer un moment avec elle !
Maria-Pia Conte et Femi Benussi (dont le Film du jour vous a déjà vanté les qualités pneumatiques, voir Tarzana, sexe sauvage) sont les deux actrices principales d'Aïe... toubib, ne coupez pas. Née en 1944 à Gênes en Italie, Maria-Pia Conte, qui joue ici la fameuse doctoresse, se tailla une petite réputation dans l'industrie italienne du roman-photo avant de faire son trou dans le cinéma (voir ci-dessous). Apparemment, elle n'avait déjà pas froid aux yeux... ni au torse.
Maria-Pia Conte, héroïne de romans-photos
La starlette en herbe fait ses premiers pas sur grand écran en 1964. Et, comme beaucoup de ses copines, c'est dans des péplums et des films d'aventures exotiques que Maria-Pia Conte commence à caracoler. Elle est ainsi à l'affiche du Colosse de Rome (Ferroni, 1964) aux côtés du musclé Gordon Scott, et de Sindbad et les sept Sarrazins (Salvi, 1964), cette fois-ci au bras du costaud Gordon Mitchell. Le péplum, l'actrice le retrouvera encore quelques années plus tard, en figurant au générique du très miteux Le retour du gladiateur le plus fort du monde (Albertini, 1971) et en se vautrant, l'éhontée, sur le torse hypertrophié de Brad Harris.
Maria-Pia Conte et Brad Harris dans Le retour du gladiateur le plus fort du monde (Albertini, 1971) (image : www.ivid.it)
Maria-Pia Conte, parfois sous le pseudonyme de Mary-P. Count (!), fait aussi des détours par le film d'épouvante (Les possédées du démon, Josipovici & Molteni, 1964), le thriller aux petits bras (Call Girls 66, Mauri, 1965 ; Dernier sursaut pour cinq indésirables, Puccini, 1967), le film d'espionnage souffreteux (Technique pour un massacre, White, 1965), avant de débarquer dans le western européen.
Elle va alors croiser les cowboys mal rasés et les mexicains basanés dans Dynamite Jim (Balcazar, 1966) (la belle Rosalba Neri est aussi au casting), Z comme Zorro (Merino, 1968), Sartana (Parolini, 1968, avec l'excellent Gianni Garko), Gringo, les aigles creusent ta tombe (Bosch, 1971) ou bien encore Je signe avec du plomb... Garringo (Iquino, 1971). Tout ça reste assez basique... à l'exception de Sartana, l'une des réussites du western-spaghetti.
Pas regardant sur la marchandise, bien au contraire, Claude Lelouch confiera à Maria-Pia Conte deux rôles, l'un dans Un homme qui me plaît (1969) où notre amie joue l'épouse trompée (et aperçue à la toute fin du long métrage) de Jean-Paul Belmondo, l'autre dans Toute une vie (1974). Entre ces deux films, l'actrice ira promener sa plastique dans un film de zombies (Les orgies macabres, Merino, 1973, avec Paul Naschy) et se faire trucider dans quelques gialli de derrière les fagots et, notamment, dans Spasmo (Lenzi, 1974) où le meurtrier fait sur elle un usage non conventionnel du combiné téléphonique...
Il n'y a plus d'abonnée au numéro que vous avez demandé (Maria-Pia Conte dans Spasmo d'Umberto Lenzi, 1974)
Avant d'aborder la sexy-comédie à l'italienne dans les années 70, Maria-Pia Conte se sera fait la main, si l'on peut dire, en interprétant le rôle-titre de Juliette de Sade (Sabatini, 1969) (à l'affiche particulièrement explicite) et en secondant Edwige Fenech dans Les folles nuits de la Bovary (Scott, 1969).
Au rayon sexy-comédie, outre Aïe... toubib, ne coupez pas, seul La novice se dévoile (Ferretti, 1975) avec Gloria Guida, nonnette pas effarouchée pour un sou, semble toutefois avoir bénéficié d'une sortie sur les écrans français. Signalons aussi la présence de l'actrice parmi l'aréopage féminin peuplant en petite tenue le Pénitencier des femmes perverses (a.k.a Prison de femmes) (Rondi, 1974), film considéré par les amateurs comme l'une des réussites du WIP (Women in Prison) !
Maria-Pia Conte dans l'univers du divin marquis...
Malgré ces prestations, sinon remarquables, du moins remarquées, Maria-Pia Conte semble avoir plié les cannes et s'être retiré des affaires cinématographiques en 1978. Depuis cette date, l'actrice n'est plus apparue ni au cinéma, ni sur le petit écran.
Terminons en précisant qu'elle fut mariée à l'acteur italien Giuseppe Rinaldi dont elle eut une fille, Francesca Rinaldi, actrice comme maman et vue notamment dans Une femme italienne (G. Bertolucci, 1979) et Desiderio (Tato, 1983) !