Elizabeth Taylor (1932-2011)
Avec le décès d'Elizabeth Taylor le 23 mars 2011 à l'âge de 79 ans, c'est la dernière méga-star féminine de l'âge d'or hollywoodien qui disparaît (côté masculin, seul Kirk Douglas, qui fêtera ses 95 ans en décembre 2011, tient encore le coup).
Née en Angleterre de parents américains, Elizabeth Taylor est un pur produit des studios hollywoodiens. Dotée d'un visage à la beauté naturelle étonnante, et, qui plus est, agrémenté de deux yeux couleur améthyste, elle est repérée dès l'âge de dix ans et foule les plateaux des studios Universal dès 1942. Mais c'est la MGM qui la propulse au rang de jeune vedette aux cotés d'un chien dans La fidèle Lassie (Wilcox, 1943), puis d'un cheval dans Le grand National (Brown, 1944). Elizabeth Taylor va ainsi passer toute son adolescence devant les caméras. Parmi la palanquée de films que l'actrice tourne à cette époque, on citera Mon père et nous (Curtiz, 1947), Les quatre filles du Docteur March (LeRoy, 1949) et le diptyque de Vincente Minnelli, Le père de la mariée (1950) et Allons donc Papa (1951), où Elizabeth Taylor joue la fille de Spencer Tracy et Joan Bennett.
Elizabeth Taylor, dix ans, et Lassie dans La fidèle Lassie (Wilcox, 1943). Plus photogéniques, y a pas !
C'est en 1951 que l'actrice se voit confier des rôles d'adulte où le sex-appeal de la jeune femme peut enfin jouer à plein. Elizabeth Taylor est ainsi remarquable dans Une place au soleil de George Stevens. Elle y interprète une jeune héritière pour laquelle un ambitieux, joué par Montgomery Clift, est prêt à se damner et, accessoirement, à tuer une petite amie enceinte et plutôt embarrassante. L'actrice retrouvera Montgomery Clift, devenu son meilleur ami, dans L'arbre de vie (Dmytryk, 1957), pudding sudiste un peu indigeste, et dans Soudain l'été dernier (Mankiewicz, 1959), chef-d’œuvre absolu tiré d'une pièce de théâtre de Tennessee Williams. Dans ce dernier film, Elizabeth Taylor incarne une jeune femme perturbée psychologiquement par la mort atroce de son cousin et que sa tante (jouée par une Katharine Hepburn absolument glaçante) veut faire trépaner. La famille, y a qu'ça de vrai qu'on vous dit !
Elizabeth Taylor et Paul Newman dans La chatte sur un toit brûlant (R. Brooks, 1958) (image : www.toutlecine.com)
Un an plus tôt, l'actrice avait été tout aussi remarquable (et tout aussi sublime et sexy) dans La chatte sur un toit brûlant (1958) de Richard Brooks, un autre chef-d’œuvre également inspiré d'une œuvre du grand dramaturge américain. Là, Elizabeth Taylor joue l'épouse délaissée d'un joueur de football américain boitant bas (Paul Newman) et passablement déboussolé par le suicide de son meilleur ami (qui en pinçait sévère pour lui - ce n'est pas dit explicitement dans le film, mais dans la pièce, c'est très clair). Toujours dans les années 50, l'actrice est également au générique de Géant (1956), la saga de George Stevens, aux côtés de Rock Hudson et de James Dean qui devait mourir dans un accident de voiture juste après le tournage.
Rock Hudson et Elizabeth Taylor dans Géant (Stevens, 1956) (image : www.toutlecine.com)
Les prestations d'Elizabeth Taylor dans L'arbre de vie, La chatte sur un toit brûlant et Soudain l'été dernier lui valent toutes trois des nominations à l'Oscar de la meilleure actrice. Mais elle ne décrochera sa première statuette qu'avec La Vénus au vison (1960) de Daniel Mann, film pourtant très inférieur où l'actrice se glisse dans la peau d'une prostituée de luxe face à Eddie Fisher, alors son époux dans la vraie vie (et déjà son quatrième).
Car Liz ne fait pas uniquement la une des gazettes grâce à sa carrière au cinéma. Sa vie privée défraie également la chronique. Mariée neuf mois à un héritier Hilton (le grand-père de Paris Hilton, soit dit en passant), elle avait épousé en 1952 l'acteur britannique Michael Wilding, donné naissance à deux garçons, divorcé en 1957, puis la belle était tombée dans les bras du producteur Michael Todd. Le décès tragique de son mari dans un accident d'avion en 1958 un an après leur mariage, avait laissé Elizabeth Taylor, tout juste maman d'une petite fille, dans un profond état dépressif. Ce qui ne l'avait guère empêché de chiper Eddie Fisher, le meilleur ami de Michael Todd, à l'actrice Debbie Reynolds et de lui passer l'alliance au doigt en 1959.
Elizabeth Taylor, Montgomery Clift et Katharine Hepburn dans Soudain l'été dernier (Mankiewicz, 1959) (image : www.toutlecine.com)
Les années 60 commencent donc en fanfare pour Elizabeth Taylor qui embraye sur le tournage dantesque de Cléopâtre (Mankiewicz, 1963), film pour lequel elle touche un million de dollars, une somme faramineuse à l'époque, et où elle rencontre le britannique Richard Burton/Marc-Antoine. La passion dévastatrice, tapageuse et fortement "arrosée" qui va unir les deux acteurs appartient désormais à l'histoire du cinéma ! Le temps de divorcer de leurs moitiés respectives, les deux tourtereaux passent devant Monsieur le maire en 1964. Liz Taylor et Richard Burton resteront mariés jusqu'en 1974, divorceront pour se remarier un an plus tard, et finalement mettre un terme définitif à leur union en 1976.
Taylor/Cléopâtre en 1963 (image : www.toutlecine.com)
Cinématographiquement parlant, les deux acteurs se retrouveront à l'affiche de plusieurs films ensemble, dont le plus remarquable est bien évidemment Qui a peur de Virginia Woolf ? (Nichols, 1966). En harpie enlaidie et alcoolo, Elizabeth Taylor, vieillie et pondéralement alourdie, est proprement époustouflante. Sa prestation lui vaut d'ailleurs son deuxième Oscar de la meilleure actrice. Parmi les autres films du couple, cible alors privilégiée des paparazzi, on citera Le chevalier des sables (Minnelli, 1965), La mégère apprivoisée (Zeffirelli, 1966), Les comédiens (Glenville, 1967) et le sous-estimé Boom ! (Losey, 1967), adaptation, là aussi, d'une pièce de théâtre de Tennesse Williams.
A la fin des années 60, Elizabeth Taylor est encore à l'affiche de deux films d'excellente facture. On la retrouve face à Marlon Brando en officier plutôt équivoque - et finalement pas très intéressé par son épouse nymphomane - dans Reflets dans un œil d'or (1967) de John Huston, puis l'actrice endosse à nouveau le rôle d'une prostituée aux côtés d'une Mia Farrow passablement dérangée et d'un Robert Mitchum plutôt louche dans Cérémonie secrète (1968) de Joseph Losey.
Richard Burton et Elizabeth Taylor dans Boom ! (Losey, 1967) (image : www.toutlecine.com)
La fin de l'âge d'or des studios hollywoodiens marque aussi le terme de la carrière cinématographique exceptionnelle de Liz Taylor. Dans les années 70, elle tourne une dizaine de films relativement anecdotiques. Une décennie qui se conclue par une prestation dans Le miroir se brisa (Hamilton, 1980), adaptation du roman éponyme d'Agatha Christie où l'actrice côtoie deux autres stars vieillissantes et flapies, Rock Hudson et Kim Novak. Il faut dire qu'en 1976, Elizabeth Taylor a épousé le sénateur américain John Warner et qu'elle se consacre alors à son rôle d'épouse de politicien. Un rôle qui ne lui convient guère : à cette époque, l'actrice s'enfonce dans la dépression, la boulimie et l'alcoolisme et, physiquement, on ne peut pas dire que ça ne se voit pas... Liz Taylor fait alors des visites régulières au Betty Ford Center pour se défaire de ses différentes addictions. C'est d'ailleurs à l'occasion de l'un de ces séjours qu'elle rencontre son huitième et dernier mari, un entrepreneur en bâtiment du nom de Larry Fortensky, de trente ans son cadet.
Elizabeth Taylor dans La famille Pierrafeu (Levant, 1994), sa dernière apparition sur grand écran (image : www.toutlecine.com)