Nelson Pereira dos Santos (1928-2018)
Considéré comme l’un des précurseurs du nouveau cinéma brésilien (Cinema Novo) et auteur d’une vingtaine de longs métrages de fiction, le réalisateur Nelson Pereira dos Santos est décédé le 21 avril 2018 à l’âge de 89 ans.
Dans les années 1950, Nelson Pereira dos Santos plaide pour un cinéma indépendant socialement engagé et soutient la jeune génération de cinéastes appelés à former bientôt le mouvement du Cinema Novo (501 réalisateurs, éditions Omnibus). Influencé par le néoréalisme italien, son premier long métrage, Rio, 40° (1954), rompt avec les principes habituels de production cinéma brésilien en employant acteurs non professionnels et décors naturels. Le film dépeint la pauvreté des habitants des favelas de Rio de Janeiro. Dans Rio, zone Nord (1957) qui témoigne de la même influence, Nelson Pereira dos Santos décrit l’exploitation des danseurs de samba des favelas.
Sécheresse / Vidas Secas (1963), le long métrage le plus louangé du réalisateur (il reçoit le prix des cinémas d’art et d’essai à Cannes en 1964), est une évocation tragique des paysans du Nordeste, victimes de la sécheresse. L’œuvre marque la naissance d’un cinéma brésilien proche du peuple et de ses problèmes (Dictionnaire du cinéma, Les réalisateurs, Jean Tulard, éditions Bouquins Robert Laffont).
Après la prise du pouvoir par les militaires, Pereira dos Santos abandonne le « réalisme critique » pour un cycle dit « allégorique » où figurent notamment Soif d'amour (1967), tourné avec l’actrice Leila Diniz, qui est au Brésil l’icône de la révolution sexuelle, ou Qu’il était bon mon petit Français (1971), qui traite de colonialisme et d’anthropophagie dans le Brésil du XVIe siècle.
Le réalisateur poursuivra ensuite des recherches vers les thèmes religieux et politiques développés dans les centres urbains de domination culturelle avec en particulier L'Amulette d'Ogum (1974) qui aborde la question de la religion afro-brésilienne pratiquée par les pauvres de Rio, La Boutique aux miracles (1977)et Bahia de tous les saints (1986), ces deux derniers films étant adaptés du romancier communiste Jorge Amado, et portant sur les conflits entre l’intelligentsia progressiste et la mystique du peuple.