Tomas Milian (1932-2017)
L’acteur d’origine cubaine Tomas Milian, qui marqua de sa présence deux genres cinématographiques italiens populaires dans les années 1960 et 1970 (le western et le polar urbain) mais qui joua aussi pour des auteurs comme Mauro Bolognini et Michelangelo Antonioni, est décédé le 22 mars 2017 à l’âge de 85 ans.
Alors qu’il avait été formé à l’Actors Studio et joué quelques pièces à Broadway, c’est en interprétant un spectacle Cocteau à Spoleto que Tomas Milian est remarqué par Mauro Bolognini. C’est le point de départ d’une carrière cinématographique en Italie particulièrement féconde.
En quelques années, il enchaîne les films pour Bolognini (Les garçons, 1959, Le bel Antonio, 1959 ; Le chevalier de Maupin, 1965), Lattuada (L’imprévu, 1960), Maselli (Les dauphins, 1960 ; Désirs pervers, 1963), Brusati (Le désordre, 1961), Nanni Loy (Les partisans attaquent à l’aube, 1961), Castellani (La mer à boire, 1963), Zurlini (Des filles pour l’armée, 1965).
En 1966, Tomas Milian fait une entrée remarquée dans l’univers ultraviolent du western italo-ibérique en incarnant un meurtrier psychopathe dans Les tueurs de l’Ouest (1966), réalisé par l’Espagnol Eugenio Martin. Dans la foulée, l’acteur va jouer dans quelques-uns des meilleurs westerns européens où il joue souvent le pauvre « peone » misérable et débrouillard ou le bandit mexicain rusé et dépenaillé : Colorado (Sollima, 1966), Le dernier face à face (Sollima, 1967), Tire encore si tu peux (Questi, 1967), Saludos Hombre (Sollima, 1968), Trois pour un massacre (Petroni, 1968), où il partage l’affiche avec Orson Welles, O Cangaceiro (Fago, 1969) où il incarne un rédempteur illuminé, chef de rebelles brésiliens, Companeros (S. Corbucci, 1970), etc.
Tomas Milian dans Colorado (1966) de Sergio Sollima
Après le western, Tomas Milian s’illustre dans le polar à l’italienne avec autant de brio. On le voit dans des classiques du genre comme La ville accuse (Martino, 1974), La rançon de la peur (Lenzi, 1974), Brigade volante (Massi, 1974), Brigade spéciale (Lenzi, 1975), Bracelets de sang (Lenzi, 1975), Le clan des pourris (Lenzi, 1976), L’exécuteur vous salue bien (Massi, 1976), Echec au gang (Lenzi, 1977), Le cynique, l’infâme, le violent (Lenzi, 1977)…
On le retrouve aussi dans le rôle d’un policier romain non conformiste aux méthodes peu courtoises mais efficaces dans une dizaine de films de plus en plus tournés vers la comédie et signés Bruno Corbucci : Flic en jeans, 1976 ; Un flic très spécial, 1976, Nico l’arnaqueur, 1977, Brigade antimafia (1978), etc.
Tomas Milian dans Identification d'une femme (1982) de Michelangelo Antonioni
En 1982, Tomas Milian revient exceptionnellement au cinéma d’auteur en incarnant dans Identification d’une femme de Michelangelo Antonioni un cinéaste partagée entre deux femmes. A partir de la moitié des années 1980, l’acteur ralentit ses activités cinématographiques, se partageant entre les productions italiennes et des seconds rôles - ou des apparitions - dans des films américains : Revenge (1990) de Tony Scott, Havana (1991) de Sydney Pollack, JFK (1991) d’Oliver Stone, Amistad (1997) de Steven Spielberg, The Yards (1999) de James Gray, Traffic (2000) de Steven Soderbergh, Adieu Cuba (2005) d’Andy Garcia…
Tomas Milian avait aussi tourné pour Lucio Fulci (le film historique Liens d’amour et de sang, 1969, le giallo La longue nuit de l’exorcisme, 1972, le western Les Quatre de l’Apocalypse, 1975), Liliana Cavani (Les cannibales, 1969), Dennis Hopper (The Last Movie, 1971), Yves Boisset (Folle à tuer, 1975), Claude Chabrol (Folies bourgeoises, 1975) et Bernardo Bertolucci (La luna, 1978).
Sources : Cinéma bis, Laurent Aknin, Editions Nouveau Monde ; Il était une fois... le western européen, Jean-François Giré, Editions Bazaar