Richard Attenborough (1923-2014)
Créateur des bébêtes préhistoriques dans Jurassic Park (Spielberg, 1993) et détenteur de l’Oscar du meilleur réalisateur pour Gandhi (1982), l’acteur et cinéaste britannique Richard Attenborough est décédé le 24 août 2014. Il allait avoir 91 ans le 29 août.
Ne me dites pas que vous n'avez jamais entendu parler de Richard Attenborough, Sir Richard Attenborough plus exactement ! Même si vous n'êtes pas calé en histoire du cinéma, vous l'avez certainement vu au moins une fois sur grand écran. C'est en effet lui qui interprète le professeur John Hammond, le créateur des animaux préhistoriques dans Jurassic Park (Spielberg, 1993) et Le Monde perdu (Spielberg, 1997). Car, bien avant de signer la réalisation de films, Richard Attenborough, né en 1923, a d'abord été un acteur, membre de l'Académie royale d'art dramatique de Londres.
Jeff Goldblum, Richard Attenborough, Laura Dern et Sam Neill dans Jurassic Park (1993)
Richard Attenborough débute sa carrière en 1941 en jouant un jeune marin dans l'un des grands classiques du cinéma britannique, Ceux qui servent en mer (Noel Coward et David Lean). On le voit par la suite dans une cinquantaine de longs métrages, en général des films de guerre et des fresques historiques emblématiques de la production british des années 50 : Une question de vie ou de mort (Powell et Pressburger, 1945), Commando sur Saint-Nazaire (Bennett, 1952), Dunkerque (Norman, 1958), Les Diables du désert (Green, 1959), etc.
En 1959, il fonde avec le réalisateur Bryan Forbes la société de production Beaver Films Ltd. L'acteur n'en continue pas moins de se distinguer dans de puissants rôles dramatiques : un travailleur refusant l'autorité des syndicats dans Le Silence de la colère (Green, 1960) et un mari dominé par sa femme dans Le Rideau de brume (Forbes, 1964).
Richard Attenborough est alors sollicité par le cinéma américain, toujours en quête de bonnes bouilles d'Anglais. Il est l'un des prisonniers de La Grande évasion (Sturges, 1963), où le héros est joué par Steve McQueen, un marin hésitant entre le service et l'amour dans La Canonnière du Yang-Tsé (Wise, 1966), toujours avec McQueen, et le sadique de service dans l'excellent L'Étrangleur de Rillington Place (Fleischer, 1971).
Richard Attenborough acteur dans le rôle-titre de L’Étrangleur de Rillington Place (1971)
A partir de 1969, Richard Attenborough passe à la mise en scène. Ah ! Dieu que la guerre est jolie ! est son premier film en tant que réalisateur. C'est à l'époque un beau scandale...
Pour son film suivant, notre homme rentre dans le rang, si l'on peut dire, en contant la jeunesse de Churchill sur un ton quasi hagiographique dans Les Griffes du lion (1972).
Retour à la guerre, mais la Seconde cette fois-ci, avec Un pont trop loin (1977), long métrage qui narre l'épisode peu glorieux de l'opération "Market Garden". Opération qui, en septembre 1944, en raison de la rivalité entre l'Américain Patton et le Britannique Montgomery, coûta la vie, sans résultats, à 17 000 soldats... Dans ce film, la distribution est là encore quatre étoiles : Dirk Bogarde, James Caan, Michael Caine, Sean Connery, Edward Fox, Elliot Gould, Anthony Hopkins, Hardy Kruger, Laurence Olivier, Robert Redford, Liv Ullman, Maximilian Shell...
Simon Ward joue un Churchill jeune dans Les Griffes du lion (1972), second film réalisé par Richard Attenborough
Après une bande semi-fantastique assez réussie (Magic, 1978, avec un Anthony Hopkins en ventriloque perturbé agissant sous l'emprise de sa marionnette), Richard Attenborough signe le film qui restera son plus grand succès : Gandhi (1982). Il y décroche l'Oscar du meilleur réalisateur et l'Oscar du meilleur film, tandis que Ben Kingsley, qui interprète le Mahatma, rafle l'Oscar du meilleur acteur.
Se succèderont ensuite Chorus Line (1986), mise en images de la comédie musicale du même nom avec Michael Douglas, Cry Freedom (1987), film contre l'apartheid sud-africain avec Kevin Kline et Denzel Washington, Chaplin (1992), biographie de Charlot avec Robert Downey Jr. et Geraldine Chaplin (qui y joue sa propre grand-mère) et Les Ombres du cœur (1994), avec à nouveau Anthony Hopkins, cette fois-ci en brillant professeur d'Oxford, célibataire endurci, qui tombe amoureux d'une jeune romancière juive américaine (Debra Winger).
Avec Gandhi (1982), Richard Attenborough décroche l'Oscar du meilleur réalisateur
Le Temps d'aimer (1996), qui conte les aventures amoureuses d'Hemingway sur le front en 1918, et Grey Owl, celui qui rêvait d'être Indien (1999) avec Pierce Brosnan, n'ont, quant à eux, guère de retentissement.
Son dernier long métrage (Closing the Ring, 2007) est sorti fin 2007 aux États-Unis. Au générique, deux vieux de la vieille : Shirley MacLaine et Christopher Plummer. Le sujet : la recherche, cinquante ans plus tard, de la propriétaire d'une bague remise à une Irlandaise par un pilote de bombardier américain s'étant écrasé sur Belfast le 1er juin 1944. La guerre, toujours la guerre...