Le Film du jour n°20 : Pas de souris dans le bizness
Un film français d'Henry LEPAGE (1954) avec Robert Dalban, Geneviève Kervine, Renaud Mary, Dora Doll, Gérard Séty...
Henry Lepage (1898-1970) n'a guère laissé de traces dans les histoires du cinéma (comme beaucoup d'autres, me direz vous). D'abord journaliste, il devient assistant puis réalisateur de courts métrages dès l'époque du muet. C'est en 1949 avec L'extravagante Théodora (et l'exquise Jacqueline Gauthier) que l'homme se lance dans le long métrage. Selon l'historien du cinéma Jean Tulard, le résultat est consternant.
Sur la quinzaine de films réalisés par Henry Lepage, aucun ne se distingue par une réelle originalité, seuls certains titres pouvant prêter à sourire (si on n'est pas trop difficile) : Et ta soeur (1952), L'île aux femmes nues (1953), Le collège en folie (1953), Pas de pitié pour les caves (1955), Pas de grisbi pour Ricardo (1956). Henri Lepage termine sa carrière de réalisateur en 1957 sur Le souffle du désir (ouah, j'ai chaud tout d'un coup...) avec la délicieuse Danielle Godet, décédée le 14 novembre 2009. Laissons Jean Tulard conclure : "Il faut avoir vu L'île aux femmes nues avec Jean Tissier, Jane Sourza, Alice Tissot et Félix Oudart, pour comprendre ce que veut dire le mot ringard". Tout est dit !
Pas de souris dans le bizness, l'histoire : Jojo prépare un mauvais coup. Sa cible : une bijouterie. Pour arriver plus aisément à ses fins, il a séduit la vendeuse, Mireille. La jeune femme, qui ignore les méfaits du bonhomme (qu'elle est bête, la Mireille !), est compromise après le hold-up. Quand la vérité lui est révélée, elle blesse l'affreux Jojo à coups de revolver (c'est qu'elle peut être méchante, la Mireille, quand elle s'y met !). Elle sera définitivement innocentée grâce à l'intervention d'un journaliste qui a suivi l'affaire (ah ! ils sont forts, ces journalistes !) et qui est tombé amoureux de Mireille (elle en a de la chance, la Mireille !). Bref, une histoire à faire pleurer, même les sans-cœur (je n'ai pas dit sans-dents) comme vous et moi.
Robert Dalban et Francis Blanche dans Les tontons flingueurs (Lautner, 1963) (image : www.allocine.fr)
Né Gaston Barré et symbole même du deuxième voire du troisième couteau (avec, pour certains films, une seule réplique !), Robert Dalban (1903-1987) a joué dans plus de cent cinquante longs métrages entre L'or dans la rue (Bernhardt, 1934) et Les compères (Veber, 1983). C'est à lui que Jean Gabin adresse cette réplique illustre signée Audiard dans Le pacha (Lautner, 1967) : "Quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner !".
Geneviève Kervine et Jean Poiret dans C'est pas moi, c'est l'autre (Boyer, 1962) (image : www.toutlecine.com)
S'étant surtout illustrée au théâtre, Geneviève Kervine (1931-1989) s'est affichée dans des films qui n'ont pas laissé de souvenirs impérissables dans l'esprit des amateurs de cinéma français (mais peut-être que certains méritent d'être redécouverts, qui sait ?) : Pitié pour les vamps (Josipovici, 1956), Une gosse sensass' (Bibal, 1957), L'auberge en folie (Chevalier, 1957) (c'est dingue tout ce qui pouvait être "en folie" dans les années 50, ça devait être une époque merveilleuse !), La nuit des suspectes (Merenda, 1960), Vers l'extase (Wheeler, 1960), etc.
Geneviève Kervine avait fait du cabaret à ses débuts auprès d'humoristes comme comme Roger-Pierre, Jean-Marc Thibault, ou Jean Richard. En 1953, elle partagea d'ailleurs avec le duo Roger-Pierre/Jean-Marc Thibault le haut de l'affiche d'Une vie de garçon de Jean Boyer. Son dernier rôle au cinéma, elle l'a tenu dans C'est pas moi, c'est l'autre (1962), encore un Jean Boyer, mais, cette fois-ci, en compagnie de Fernand Raynaud.
Pauline Carton (image : www.cinememorial.com)
Ajoutons que Pauline Carton (1884-1974), actrice fétiche de Sacha Guitry et toujours excellente même si le film est mauvais, fait une apparition dans Pas de souris dans le bizness dans son éternel rôle de concierge. Elle a publié de formidables et savoureuses Histoires... de cinéma. Sur les seins de Sophia Loren qu'elle venait de voir dans l'une des premières prestations de l'Italienne sur grand écran, elle écrit : "Non content de les exhiber dans l'ouverture béante d'un corsage léger mais collant - non content de les éclairer mieux que s'ils eussent été des visages - on leur faisait faire un... travelling !". Chapeau, madame !
Ci-dessous, Pauline Carton chante "Sous les palétuviers" avec André Berley dans Toi, c'est moi (Guissart, 1936). A mourir de rire...