Ciné glouglou n°17 : Opération Jupons

Publié le par lefilmdujour

Ciné glouglou n°17 : Opération Jupons
Blake Edwards, 1959
Vous me direz : c’est normal qu’un sous-marin soit rose dans un film réalisé par Blake Edwards. Mais ce qui s’est réellement passé, avec Opération Jupons (Operation Petticoat en v.o.), c’est que la veille du lancement du tournage, Robert Arthur, le producteur, et William Alland, l'un des grands manitous du studio Universal qui avait poussé l’idée du film, se sont retrouvés dans le bureau 114 pour apporter les dernières modifications au script final.
« Je veux un film de sous-marins à grand spectacle ! Un truc qui renvoie L'odyssée du sous-marin Nerka au Moyen Age !! », avait exigé Alland trois mois plus tôt. Ce soir-là, il avait débouché une bouteille de Laipfroag et celle-ci était passablement entamée. A leurs heures, Robert Arthur et William Alland étaient de sacrés déconneurs. C’est ce qu’ils ont commencé à faire sur le script. C’est en tout cas ce qui ressort de la bande sonore dont nous vous proposons une retranscription ci-dessous. Passés les 50 ans de prescription, les archives d’Universal tombent en effet dans le domaine public.
- "Ca manque de gonzesses, ce truc ! (voix de William Alland) (éclats de rire)
- Eh ben, on n'a qu’à en mettre ! (voix de Robert Arthur)
- Oui, au moins cinq !
- Et avec de fortes poitrines ! (éclats de rire)
- Allez, encore un coup. Damned, Bob, la bouteille, on lui a fait un sort !
- Hé ! Tu sais ce qu’on devrait faire pour rendre ce rafiot plus intéressant que les autres ?
- Non, j’sais pas. Lui peindre une mâchoire à l’avant ?
- Nan...
- Je sais ! Lui mettre des hublots !
- Nan, nan, nan...
- Boh ! j’sais pas...
- Le peindre en rose ! (éclats de rire)
- Bon, cette bouteille est vraiment sèche, Bob ! Je propose de poursuivre ailleurs."
Le lendemain, Arthur partait pour une longue course dans les Appalaches. Quant à Alland, il fut retrouvé mort dans son lit. Crise cardiaque. Cela devait arriver. Mais the show must go on. Une secrétaire récupéra le script qui traînait sur le bureau de Alland et tapa les modifications. Le film entra en production dans la division d’Abbott et Costello.
Cinq semaines plus tard, Robert Arthur, qui passait d’une production à l’autre en coup de vent, supervisa la scène de l’attaque de l’aviation japonaise sur la base navale de Key West en Floride. Il échangea quelques mots avec Cary Grant :
- "Alors Cary, on va faire mieux que Destination Tokyo, hein ?
- Ah pour ça oui, Bob. On va faire mieux !"
Et de partir d’un grand éclat de rire que Robert Arthur ne comprit pas vraiment. Pendant ce temps, les artificiers se retiraient des décors naturels et le chef opérateur lançait le tournage de la scène. Robert Arthur apprécia en connaisseur la puissance des explosions et le comportement des centaines de figurants.
Oui, ça allait être un sacré spectacle !
Pour la petite histoire, le film a donné lieu à une série en 1977. Le lieutenant Duran y est incarné par Jamie Lee Curtis, fille de Tony Curtis.
Fab Free

Publié dans Ciné glouglou

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