Nicolas Roeg (1928-2018)
Réalisateur de La Randonnée (a.k.a. Walkabout) (1969), histoire de deux jeunes Australiens blancs perdus dans le bush et sauvés par un aborigène adolescent en errance initiatique rituelle, et de L’Homme qui venait d’ailleurs (1975), avec David Bowie en extraterrestre venu chercher de l’aide sur Terre, l’Anglais Nicolas Roeg est décédé le 23 novembre 2018 à l’âge de 90 ans.
Alors que les films de Nicolas Roeg adoptent souvent la forme d’une initiation ou d’une quête, ils se distinguent généralement « par l’emploi de flashes-back et d’un montage heurté qui subvertissent la narration linéaire » (501 réalisateurs, éditions Omnibus).
Longtemps opérateur avant de passer à la mise en scène, il avait notamment signé la photographie du Masque de la mort rouge (1964) de Roger Corman, de Fahrenheit 451 (1966) de François Truffaut et de Petulia (1967) de Richard Lester.
Phénomène de la contre-culture, Performance (1968), son premier film coréalisé avec Donald Cammell, met en scène Mick Jagger en rock star décadente qui accueille un truand (James Fox) recherché par le milieu après avoir commis un meurtre. Après La Randonnée, qui révèle la comédienne britannique Jenny Agutter, alors âgée de 17 ans, et l’acteur australien d’origine aborigène David Gulpilil, Nicolas Roeg signe un bijou du thriller horrifique, Ne vous retournez pas (1973), avec Donald Sutherland et Julie Christie en couple obsédé par la mort de leur petite fille dans une Venise étrange et labyrinthique.
Après L’Homme qui venait d’ailleurs où le réalisateur retrouve une autre star du rock, David Bowie, Nicolas Roeg tourne plusieurs films avec sa deuxième épouse, l’actrice Theresa Russell : Enquête sur une passion (1979), drame psycho-sexuel à la structure éclatée avec Art Garfunkel et Harvey Keitel, Eureka (1984), fait divers revisité en mythe moderne avec Gene Hackman, Une nuit de réflexion (1985) – où Theresa Russell incarne une Marylin Monroe qui croise dans une chambre d’hôtel Albert Einstein, Joe Di Maggio et le sénateur McCarthy.
Par la suite, bien qu’il continue de travailler pour le cinéma et la télévision, les films du réalisateur passent plutôt inaperçus à l’exception des Sorcières (1988) avec Anjelica Huston, adaptation de Sacrées sorcières de Roald Dahl, l’auteur de Charlie et la chocolaterie.
Les techniques de montage de Nicolas Roeg et son sens de l’atmosphère prémonitoire ont influencé des réalisateurs comme Steven Soderbergh, Tony Scott, Ridley Scott, Christopher Nolan, François Ozon et Danny Boyle.