Jacques Rivette (1928-2016)

Publié le par lefilmdujour

Le mois de janvier 2016 a décidément été meurtrier pour le cinéma. Membre de la « bande des quatre » de la Nouvelle vague française avec Jean-Luc Godard, François Truffaut et Claude Chabrol, Jacques Rivette, à qui l’on doit une vingtaine de longs métrages, est décédé le 29 janvier 2016 à l'âge de 87 ans.

La mort du réalisateur, critique aux Cahiers du cinéma à partir de 1952, rédacteur en chef de la revue de 1963 à 1965, a évidemment suscité une pléthore de panégyriques. « Jacques Rivette était un pionnier du cinéma moderne et des films expérimentaux », écrit Le Figaro. « Jacques Rivette appartenait à la catégorie des cinéastes cinéphiles », commente Le Nouvel Obs. « En observant ses acteurs plus qu’en les dirigeant, en laissant filer les scènes sans couper, en évitant les gros plans – en refusant, en somme, de morceler l’espace, le temps, les corps – Jacques Rivette préservait le mystère du monde et des êtres qu’il filmait », assure Le Monde.

Et même le président de la République François Hollande s’est fendu de son petit compliment : « Jacques Rivette était l'un des plus grands cinéastes. Il a marqué plusieurs générations. Il fut un critique avant de devenir un réalisateur de films. Son œuvre hors normes lui a valu une reconnaissance internationale. Cinéaste de la femme, Jacques Rivette a, à travers des films tels que Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot, L'Amour fou ou La Belle Noiseuse, offert des rôles majeurs à des actrices qui sont entrées dans l'histoire du cinéma ».

De fait, le cinéaste, qui signa avec Paris nous appartient (1958) un premier long métrage marquant et très original après plusieurs courts, a confié des rôles emblématiques à Anna Karina (La Religieuse, 1965), Bulle Ogier (L’Amour fou, 1967 ; Duelle, 1976 ; Le Pont du Nord, 1980 ; La Bande des quatre, 1988), Juliet Berto et Dominique Labourier (Céline et Julie vont en bateau, 1974), Géraldine Chaplin (Noroît, 1975 ; L’Amour par terre, 1983), Jane Birkin (L’Amour par terre, 1983 ; 36 vues du pic Saint-Loup, 2008), Emmanuelle Béart (La Belle Noiseuse, 1991 ; Histoire de Marie et Julien, 2002), Sandrine Bonnaire (Jeanne la Pucelle, 1993 ; Secret défense, 1997), Jeanne Balibar (Va savoir, 2000 ; Ne touchez pas la hache, 2006)...

« La filmographie de Jacques Rivette propose un riche éventail d’expériences cinématographiques, depuis le film fleuve Out One (1970) jusqu’à la sensible Belle Noiseuse, peut-on aussi lire dans 501 réalisateurs (éditions Omnibus) sous la plume de Guy Crucianelli. S’il est vrai que de tels films, du fait de leur complexité, exigent du spectateur un degré d’attention et de participation peu ordinaire, celui-ci s’en trouve d’autant plus récompensé, en dépit ou peut-être en raison même de leur abord difficile. »

« Du très expérimental Out One, variation improvisée sur L’Histoire des Treize de Balzac en huit épisodes (12 h 40 au total !), au classicisme de La Belle Noiseuse, du dépouillement de Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot au psychédélisme pop de Céline et Julie vont en bateau, son œuvre a connu les mues les plus extravagantes », résume encore Le Monde.

Évidemment, tout le monde ne partage pas cet engouement quasi unanime pour Jacques Rivette. "Placer L'Amour fou sur le même plan que Potemkine, Citizen Kane ou L'avventura, comme le firent certains critiques, paraît bien excessif, car Eisenstein, Welles ou Antonioni ont toujours eu le respect du spectateur, respect qui passe par la présentation de films compréhensibles et visibles, c'est-à-dire tenant compte de certaines normes de clarté et de durée dans le récit", peut-on lire dans Le Dictionnaire du cinéma (collection Bouquins chez Robert Laffont) de Jean Tulard.

Publié dans Claps de fin

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