Manoel de Oliveira (1908-2015)

Publié le par lefilmdujour

Il était né avant Joseph Losey, avant Joseph Mankiewicz, avant Marcel Carné, avant Elia Kazan, avant Jacques Tati, avant Akira Kurosawa, avant Jules Dassin, avant Michelangelo Antonioni, avant Marguerite Duras, avant Orson Welles, avant Jean-Pierre Melville, avant Ingmar Bergman, avant Federico Fellini… Le réalisateur portugais Manoel de Oliveira est décédé le 2 avril 2015 à l’âge de 106 ans. Centenaire, il continuait à boucler un film par an.

Manoel de Oliveira avait réalisé son premier film, un documentaire muet, en 1927 (Douro, travail fluvial) et signé sa première œuvre de fiction, Aniki-Bobo, évocation des enfants de Porto proche du néoréalisme, en 1942. Mais ce n’est véritablement qu’en 1962 avec Le mystère du printemps qu’il avait entamé une carrière prolifique de réalisateur. Manoel de Oliveira avait atteint une stature internationale en 1981 avec Francisca, adaptation d’une œuvre d’Agustina Bessa-Luis (Fanny Owen), célèbre romancière portugaise contemporaine également auteur du Principe de l’incertitude que le réalisateur portera à l’écran en 2002 avec Leonor Baldaque, la propre petite-fille de l’écrivain.

A partir du Soulier de satin (1985), long métrage fleuve de plus de 7 heures tiré de l’œuvre éponyme de Paul Claudel, Manoel de Oliveira, féru de littérature et imprégné des principes théologiques de la foi catholique, signera jusqu’en 2012 plus d’un film par an, en « développant un style propre avec des plans statiques, de longues prises et un jeu d’acteurs plat et sobre » (501 réalisateurs, éditions Omnibus).

Ce qui ne l’empêchera nullement de tourner avec des « stars » comme Catherine Deneuve et John Malkovich (Le couvent, 1995 ; Un film parlé, 2002), Michel Piccoli (Party, 1996 ; Je rentre à la maison, 2001 ; Le miroir magique, 2005 ; Belle toujours, 2006), Marcello Mastroianni (Voyage au début du monde, 1996), Chiara Mastroianni (La lettre, 1999), Bulle Ogier (Belle toujours, 2006), Michael Lonsdale, Jeanne Moreau et Claudia Cardinale (Gebo et l’ombre, 2011).

Selon les connaisseurs de l’œuvre de Manoel de Oliveira, son chef-d’œuvre est sans doute Val Abraham (1992), sorte de « variations » sur Madame Bovary avec la très belle Leonor Silveira (photo ci-dessus), actrice fétiche du réalisateur qui a joué dans pratiquement tous ses films depuis Les cannibales (1987). Le réalisateur a également confié à son propre petit-fils, l’acteur Ricardo Trepa né en 1972, des rôles plus ou moins importants dans presque toutes ses œuvres depuis Non, ou la vaine gloire de commander (1990), fresque historique et épique sur le Portugal.

Lors du festival de Cannes 2008, Manoel de Oliveira avait reçu l'année de ses 100 ans une Palme d'or pour l'ensemble de son œuvre.

Publié dans Claps de fin

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