Ciné actu par Jean Aymar de Thou : L'insulte
Un film de Ziad Doueiri (2017), sorti en salles le 31 janvier 2018
« Aucun peuple n’a le monopole de la souffrance » et « Pour faire la paix avec les autres, il faut d’abord faire la paix avec soi-même », ce sont peut-être deux des enseignements que l’on peut retirer de la vision de L’insulte, film du réalisateur libanais Ziad Doueiri, déjà auteur de West Beyrouth et L’attentat, adapté de l’œuvre de Yasmina Khadra.
L’insulte ou comment une simple altercation pour une question de tuyau d’évacuation d’eau, entre un Libanais chrétien et un Palestinien réfugié au Liban, dégénère en un procès retentissant où s’immisce même le pouvoir. En fait le film met à jour les plaies non cicatrisées d’un pays qui connut une guerre civile destructrice pendant quinze ans (entre 1975 et 1990) et qui voulut, pour tenter de repartir à zéro, enfouir sous le tapis les massacres atroces commis par les diverses factions.
Le seul (gros) problème, c’est que cette amnésie imposée ne s’est pas exercée de la même manière sur tous. Alors que le sort peu enviable des Palestiniens est porté à la connaissance de tout un chacun et génère des soutiens politiques (plus ou moins intéressés...) un peu partout dans le monde, des épisodes où des populations non arabes et/ou non musulmanes ont été massacrées ont été carrément occultés et rejetés dans les oubliettes de l’Histoire. Mais les victimes, elles, n’ont pas oublié ces événements tragiques et en ont conçu une aigreur compréhensible.
C’est tout l’enjeu de L’insulte, qui aborde de façon sereine et intelligente ce sujet ultrasensible à travers un procès à rebondissements au rythme trépidant, et qui porte un regard particulièrement éclairant sur une société libanaise complexe aux yeux des Occidentaux. A voir absolument.
Jean Aymar de Thou