Yvette Lebon (1910-2014)
Considérée comme la doyenne des actrices françaises, la comédienne Yvette Lebon est décédée le 28 juillet 2014 à l’âge de 103 ans.
D’abord figurante au cinéma après avoir suivi des cours de danse et de peinture, Yvette Lebon est remarquée par le réalisateur Marc Allégret qui l’engage aux côtés de Joséphine Baker et Jean Gabin dans Zouzou (1934) (photo ci-dessous). Elle tourne alors avec Max Ophüls (Divine, 1935) et atteint le haut de l’affiche en 1935 (Coup de vent de Jean Dréville). En 1936, elle donne la réplique à Tino Rossi (Marinella de Pierre Caron). En 1938, Yvette Lebon joue dans Gibraltar aux côtés de Viviane Romance et Roger Duchesne… qu’elle épouse dans la foulée.
Le début de la guerre et l’arrivée des Allemands à Paris ne donnent guère de coup d’arrêt à la carrière de l’actrice que l’on retrouve en 1941 face à Charles Trenet dans Romance de Paris (Boyer, 1941) et au générique du Destin fabuleux de Désirée Clary (1941) de Sacha Guitry… qui devient son amant. Pendant l’Occupation, Yvette Lebon enchaîne les tournages et les fêtes arrosées au champagne et entre dans le cercle (très) intime de Jean Luchaire, père de l’actrice Corinne Luchaire et patron influent de la presse française collaborationniste.
En 2011, interrogée dans le cadre du documentaire « L’Occupation intime » de Daniel Costelle et Isabelle Clarke, l’actrice, toujours bon pied bon œil à 100 ans, avoue : « J’étais d’une inconscience complète, je faisais des films, il y avait du champagne, des fêtes, la guerre ça me passait complètement au-dessus de la tête, j’étais une jeune folle, une sotte ! Finalement, j’ai eu beaucoup de chance, j’ai eu le bon Dieu avec moi ! » De fait, alors que Jean Luchaire est fusillé, que sa fille est frappée d’indignité nationale, qu’Arletty, Sacha Guitry et Danielle Darrieux sont inquiétés, Yvette Lebon passe sans encombre la période houleuse de la Libération.
En 1945, elle est à l’affiche de Paméla de Pierre de Hérain (tourné en 1944) et, l’année suivante, on la voit dans Monsieur Grégoire s’évade de Jacques Daniel-Norman aux côtés de Bernard Blier. Elle est encore en vedette dans Les amours de Blanche-neige (1946), une coproduction franco-autrichienne signée Edi Wieser. Mais les jours de gloire d’Yvette Lebon semblent passés…
L’actrice retrouvera néanmoins un second souffle au cinéma dans les années 1950 grâce au producteur d’origine belge Nat Wachsberger, son deuxième mari, qui arrive à l’imposer dans des films de coproduction italienne. Yvette Lebon incarne alors Milady dans Milady et les mousquetaires (1952) de Vittorio Cottafavi qu’elle retrouve dans Le prince au masque rouge (1953), inspiré d’un autre roman d’Alexandre Dumas.
Yvette Lebon (à droite) en compagnie de Belinda Lee en 1958 © Maxppp
La comédienne fait également partie de la distribution des Mystères de Paris (1957) de Fernando Cerchio, des Nuits de Raspoutine (1960) de Pierre Chenal, de La vallée des pharaons (1960) de Fernando Cerchio, d’Ulysse contre Hercule (1961) de Mario Caiano, de Scaramouche (1963) d’Antonio Isasi-Isasmendi, du Vicomte règle ses comptes (1966) de Maurice Cloche.
On la voit encore dans Toutes folles de lui (1966) de Norbert Carbonnaux (avec Robert Hirsch), de Cannabis (1969) de Pierre Koralnik (avec Birkin et Gainsbourg) et de La cavale (1971) de Michel Mitrani, d’après le roman d’Albertine Sarrazin, sa dernière apparition dans un long métrage de fiction.
Yvette Lebon vécut à Beverly Hills jusqu'en 1992, date de la mort de son mari, et habitait Cannes depuis une vingtaine d’années. L’actrice sera enterrée à Hollywood où exerce son fils Patrick Wachsberger, président de Summit Entertainment.
Ci-dessous, un extrait du Destin fabuleux de Désirée Clary de Sacha Guitry avec Geneviève Guitry (Désirée) et Yvette Lebon (Julie, sa sœur) :