Chris Marker (1921-2012)

Publié le par lefilmdujour

Le cinéaste français Chris Marker, de son vrai nom Christian François Bouche-Villeneuve, est décédé le 29 juillet 2012, le jour même de ses 91 ans. Considéré comme le père du film-essai, Chris Marker fait ses débuts en 1952 en réalisant un documentaire sur les Jeux olympiques d’Helsinki (Olympia 52) où, déjà, il se démarque du documentaire traditionnel. Un an plus tard, il cosigne avec Alain Resnais Les Statues meurent aussi (1953), court métrage censuré en France pendant huit ans en raison de son positionnement anticolonialiste.

Souvent qualifié de "plus célèbre des cinéastes inconnus", Chris Marker, toujours engagé, enchaîne les documentaires poétiques qui, réalisés dans divers pays, témoignent d’un monde plongé en pleine guerre froide : Dimanche à Pékin (1956), Lettre de Sibérie (1957), Description d’un combat (1961), Cuba Si (1961).

C’est avec La Jetée (1962), montage de "science-fiction" composé de photos en noir et blanc (à part un bref plan en mouvement), que Chris Marker attire l’attention du grand public. Aujourd’hui devenu culte, La Jetée a servi de base au scénario de L’Armée des douze singes (1995) de Terry Gilliam. Cette même année 1962, le cinéaste réalise avec Le Joli mai son premier long métrage, un documentaire dans le style du cinéma-vérité où des Parisiens s’expriment sur la guerre d’Algérie. En 1967, Chris Marker est également de l’aventure de Loin du Vietnam, film collectif où se côtoient aussi les signatures de Jean-Luc Godard, Claude Lelouch, Agnès Varda, Alain Resnais, Joris Ivens et William Klein.

Chris Marker signera encore La Solitude du chanteur de fond (1974) avec Yves Montand, Le Fond de l’air est rouge (1977), réflexion sur les mouvements révolutionnaires dans le monde, Sans Soleil (1983), "voyage aux deux pôles extrêmes de la survie" (Japon et Guinée-Bissau), AK (1984), filmé lors du tournage de Ran, l’épopée d’Akira Kurosawa, et Level Five (1996), journal filmé d'une veuve qui, en même temps qu'elle termine un jeu vidéo sur la bataille d'Okinawa, revient sur son amour pour son mari défunt.

Level Five a pu être décrit par le critique et théoricien du cinéma Raymond Bellour comme "un nouveau type de film, le premier film au cinéma qui examine les liens entre la mémoire culturelle et la production de sons et images par ordinateur". L’arrivée de nouveaux médias (avec des travaux sur CD-Rom, pour l’univers virtuel Second Life ou sur YouTube) a permis aussi à Chris Marker d’explorer de nouvelles voies d’expression.

Publié dans Claps de fin

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