Le Film du jour n°29 : La fin des tortionnaires du camp d'amour n°2

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Orinoco prigioniere del sesso

Un film italo-espagnol de Edoardo MULARGIA (1979) avec Antonio de Teffe, Ajita Wilson, Cristina Lai, Stelio Condali...

Pléthorique dans les années 60 et 70 (ce n'est plus le cas aujourd'hui), la production cinématographique italienne a exploité de nombreux genres. La péninsule fut même à l'origine du giallo, du "décamérotique" et du film de cannibales (sur lequel nous nous pencherons avec appétit prochainement).

Un certain nombre de réalisateurs transalpins se sont donc plongés sans hésitation, et avec une délectation certaine il faut bien le dire, dans le film de "prison de femmes", ou WIP (Women in Prison) pour les spécialistes. Un genre auquel appartient La fin des tortionnaires du camp d'amour n°2. Également connu sous le titre Hôtel du Paradis, ce film est le deuxième volet d'un triptyque. Le premier s'intitule tout aussi poétiquement Les évadées du camp d'amour (Mulargia, 1979) et le troisième, référencé Savage Island (Deardsley, 1985), s’avère un remontage et un mix un peu bourratif des deux précédents, histoire de caser l'actrice Linda Blair, la gamine de L'exorciste, devenue une stakhanoviste du film de prisons de femmes...

La fin des tortionnaires du camp d'amour n°2 (1979) est la "suite" des Evadées du camp d'amour (1978) du même Edoardo Mulargia

De manière générale, les films de prisons de femmes ne font pas dans la dentelle et la conversation intelligente (ce n'est guère le genre de la maison...). Dans ces bandes, le principal objectif des réalisateurs est d'aligner un maximum de tortures et d'humiliations endurées par de jeunes femmes (torses nues la plupart du temps, car il fait toujours très chaud dans les bagnes, tout le monde sait ça...). Il leur suffit ensuite d'intercaler, entre ces moments de forte tension, des scènes de sexe avec des matons crétins (mais lubriques) ou des gardiennes sadiques (mais lesbiennes) (il en faut pour tous les goûts, que voulez-vous...). Le spectateur est également convié à assister à quelques séquences de bagarres ou de frotti-frotta entre prisonnières qui n'ont que ça pour se réconforter, les pauvrettes. Autant dire que, dans ces conditions, l'histoire n'a strictement aucun intérêt. Fouilles au corps, douches collectives, promiscuité et étreintes saphiques sont au programme !

La fin des tortionnaires du camp d'amour n°2, l'histoire : Au cœur de l'Amazonie, des femmes prisonnières sont exploitées sans vergogne dans une carrière d'émeraudes. Mais, dans l'ombre de la jungle, des révolutionnaires fomentent un plan d'attaque pour s'emparer des émeraudes. Chemin faisant, ils croisent un dénommé Orinoco, dont la tâche infâme est de fournir le camp en esclaves (à forte poitrine de préférence). Les révolutionnaires parviendront à convaincre Orinoco de rallier leur cause. Mais est-ce vraiment cela qui intéresse le spectateur ?

Également connu sous les pseudos de Tony Moore et d'Edward G. Muller, Edoardo Mulargia (1925-2005), le réalisateur du film d'aujourd'hui, n'a aucun chef-d’œuvre à son actif, ce n'est guère une surprise. Sa carrière de metteur en scène oscille entre le film érotique softcore (Lesbos, l'amour au soleil, 1969) et le western-spaghetti cheap (Creuse ta fosse, j'aurai ta peau, 1965 ; Prie et creuse ta tombe, 1968). Un maniaque de la pelle, en somme !

Antonio de Teffe

Né en 1929 en Italie et décédé à Rio de Janeiro en 2004, l'acteur brésilien Antonio de Teffe, au générique de La fin des tortionnaires du camp d'amour n°2, est le fils du champion de Formule 1 Manoel de Teffe. L'homme débute au cinéma en 1955 dans le film néoréaliste italien Gli Sbandati de Francesco Maselli, le futur réalisateur de Tue-moi vite, j'ai froid ! (1967) (j'adore ce titre...).

Il se spécialise ensuite dans les péplums (on l'aperçoit dans Sodome et Gomorrhe (1962) de Sergio Leone et Robert Aldrich) et le western-spaghetti, où il prend le pseudonyme de Anthony Steffen. Il tourne notamment dans Creuse ta fosse, j'aurai ta peau, Bravo Django ! (Klimovsky, 1966), Gentleman Killer (Stegani, 1967), Une longue file de croix (Garrone, 1968), Un homme nommé Apocalypse Joe (Savona, 1970) et Viva Django ! (Mulargia, 1971). A la mort du western spaghetti, on le retrouve dans des films d'horreur ou des bandes érotiques de série B, voire Z. Il est ainsi à l'affiche de Malicieuse à seize ans (Longo, 1973), de La jeune fille assassinée (1974), un pur navet de Roger Vadim, et figure au générique de L'invasion des piranhas (1978) de Antonio Margheriti, décalque du bien meilleur Piranhas (1978) de Joe Dante.

Ajita Wilson

Quant à Ajita Wilson, actrice également au générique et décédée en 1987 des suites d'un accident de voiture, la légende veut qu'elle ait été l'une des premières transsexuelles à aligner une carrière cinématographique. Carrière est toutefois un bien grand mot, la jeune femme, née George Wilson (non, ce n'est pas le père de Lambert !), s'étant essentiellement illustrée dans le cinéma softcore français, italien et grec, où elle a joui d'une réputation d'icône.

L'amour chez les poids lourds (Pallardy, 1978), Black Aphrodite (Sangiorgi, 1978), Pension pour jeunes filles (Russo, 1979), Les minettes en chaleur (Mylonakos, 1980) sont à inscrire au palmarès de la jeune femme. Disponible en DVD, Sadomania (1981), de l'inénarrable Jesus Franco, reste toutefois son meilleur film... selon les connaisseurs. Un avis qui ne semble pas partagé par tout le monde. Pour Le guide des films de Jean Tulard, Sadomania est "nul, terriblement nul, et le miracle qui fait qu'un navet devient sublime n'a pas lieu". Tout est dit !

Publié dans Titres à nanars

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