Le Film du jour n°224 : Mon curé chez les Thaïlandaises

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Robert THOMAS (1983) avec Maurice Risch, Jacques Balutin, Daniel Prévost, Darry Cowl, Marion Game, Katia Tchenko, Jacques Legras...

Mon curé chez les Thaïlandaises n'est autre que le second volet du diptyque clérical du réalisateur franchouillard Robert Thomas, qui a mis en boîte cette œuvrette ni faite ni à faire dans la foulée de Mon curé chez les nudistes (1982). Si cette incursion de l'homme d'église dans un camp de naturistes vous a paru exprimer la quintessence ultime de la ringardise hexagonale, vous aviez définitivement tout faux : Mon curé chez les Thaïlandaises est pire... ou mieux, ça dépend de votre degré de perversion cinéphilique. Mais attention : Paul Préboist, le curé du premier volet, refile ici sa soutane à Maurice Risch qui, faut-il le rappeler, se fit notamment remarquer pour son port du slibard crado dans le rôle-titre de Gros dégueulasse (Zincone, 1986).

Maurice Risch dans Gros dégueulasse (1986)

Mais, depuis 1983, ils sont bien tristes, les amateurs éclairés des aventures cinématographiques et facétieuses de Mon curé..., aventures qui débutèrent dès les années 1920.

Aucun réalisateur digne de ce nom n'a eu le courage de reprendre le flambeau tombé des mains d'un Robert Thomas qui ne signa plus qu'un seul film pour le cinéma après Mon curé chez les Thaïlandaises : le tristement célèbre Les Brésiliennes du bois de Boulogne (1984) avec l'actrice Rebecca Potok dans le rôle d'une transsexuelle (une Rebecca Potok revue bien plus tard dans la série TV Plus belle la vie en mémère prosélyte d'une secte, comme quoi on peut vieillir vite dans le métier...).

Rebecca Potok dans le dernier film réalisé par Robert Thomas pour le grand écran

François Kahn, auteur de L'encyclopédie du cinéma ringard, a néanmoins découvert dans la littérature la vraie postérité du cinéma de Robert Thomas (et du tandem Mon curé chez les nudistes/Mon curé chez les Thaïlandaises) : "Quel romancier a situé un de ses ouvrages dans un camp naturiste et échangiste avant de consacrer le suivant au tourisme sexuel en Thaïlande ?" s'interroge-t-il dans son ouvrage paru en 2004 aux Éditions Grancher. Et François Kahn de répondre dans la foulée : "Michel Houellebecq naturellement, avec Particules élémentaires et Plate-forme." CQFD.

Mon curé chez les Thaïlandaises, l'histoire : Le curé Maximin a hérité par la mort de son frère d'une pension de jeunes filles catholiques... Enfin, c'est ce qu'il croit, car il s'agit en fait d'un salon de massage thaïlandais. Notre homme prend donc l'avion pour Bangkok afin de récupérer son bien.

Mais, pas de chance, le vol est détourné par des pirates de l'air qui forcent les passagers à sauter en parachute. Échoué dans un désert avec ses compagnons d'aventure, Maximin va tomber de Charybde en Scylla (comme le spectateur). Au cours de ses pérégrinations haletantes, le curé Maximin va croiser un terrible flibustier borgne marchand d'esclaves (Darry Cowl) ainsi qu'un terrible révolutionnaire tatare terroriste (Daniel Prévost, même pas grimé et parlant français comme vous et moi). Ah, y a aussi Jacques Balutin en consul écossais (avec le kilt de rigueur)...

Maurice Risch et Jacques Balutin dans Mon curé chez les Thaïlandaises

Né en 1943, Maurice Risch, le curé de Mon curé chez les Thaïlandaises, démarre sa carrière cinématographique à l'ombre de Louis de Funès, après une solide formation de comédien (et des prix illustres à la clé).

On le voit pour la première fois à l'écran dans la troupe de serveurs du Grand restaurant (Besnard, 1966), puis il interprète l'un des camarades de lycée du fils de Louis de Funès dans Les Grandes vacances (Girault, 1967). Maurice Risch retrouvera bien plus tard l'acteur comique en intégrant le commissariat de Saint-Tropez dans Le Gendarme et les extraterrestres (Girault, 1978) et Le Gendarme et les gendarmettes (Girault, 1982), les deux derniers volets, malheureusement assez médiocres, de la saga du gendarme.

Maurice Risch aux côtés de Louis de Funès dans Le Gendarme et les extraterrestres (1978)

Après un passage chez Claude Berri (Le Pistonné, 1969), Maurice Pialat (Nous ne vieillirons pas ensemble, 1972), Jean Yanne (Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, 1972) et Yves Robert (Salut l'artiste, 1973), quatre films qui tiennent bien la route, Maurice Risch va commettre un faux pas malheureux en jouant dans le navet qu'est Le Führer en folie (1973), long métrage comique (?) de Philippe Clair dans lequel Hitler propose aux Alliés de jouer la guerre au football. Notre ami y joue les pioupious tire-au-flanc entre Patrick Topaloff et Luis Rego, deux grands inégalables question expressions faciales !

Maurice Risch dans Le Trouble-fesses (1976)

La carrière cinématographique de Maurice Risch se truffe alors de comédies pas vraiment fines : Le Trouble-fesses (Foulon, 1976), Le Jour se lève et les conneries commencent (Mulot, 1981), Les P'tites têtes (Menez, 1982), Mon curé chez les Thaïlandaises donc, Retenez-moi ou je fais un malheur (Gérard, 1983), etc. Films auxquels il faut ajouter les deux longs métrages adaptés de BD de Reiser : Vive les femmes ! (Confortès, 1983) et Gros dégueulasse. En fait, c'est du côté du théâtre et de la TV que Maurice Risch rencontre des rôles à sa mesure.

Publié dans Titres débiles

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