Le Film du jour n°136 : Les vécés étaient fermés de l'intérieur
Un film français de Patrice LECONTE (1976) avec Coluche, Jean Rochefort, Roland Dubillard, Danièle Evenou, Jean-Pierre Sentier, Robert Dalban, Darling Légitimus...
Diable ! A la lecture du titre du Film du jour, l'amateur éclairé de films policiers se dit (s'il ne s'attarde pas trop sur le mot vécés évidemment) : voilà une enquête qui s'annonce aussi palpitante que Le mystère de la chambre jaune (B. Podalydès, 2003), quand le journaliste Rouletabille (Denis Podalydès) doit comprendre le comment du pourquoi de la sauvage agression de Mademoiselle Stangerson (Sabine Azéma), retrouvée seule et inconsciente dans sa chambre pourtant fermée de l'intérieur...
Hélas ! Les vécés étaient fermés de l'intérieur n'est qu'une adaptation somme toute assez poussive des aventures du commissaire Bougret et de son fidèle adjoint Charolles, personnages créés par Gotlib pour la fameuse Rubrique à brac. Le tournage du film ne fut d'ailleurs pas une sinécure pour Patrice Leconte qui signait là sa première réalisation et dont les compétences étaient mises en doute par Jean Rochefort. Remettant en cause tous les choix de mise en scène du petit bleu âgé d'à peine trente ans, l'acteur a souvent qualifié Les vécés étaient fermés de l'intérieur comme l'un des plus mauvais moments de sa carrière...
Rochefort et Coluche dans Les vécés étaient fermés de l'intérieur (image : www.toutlecine.com)
Par la suite, Patrice Leconte, pas rancunier pour un sou, fera appel à maintes reprises à Rochefort, confiant à ce dernier peut-être quelques-uns de ses meilleurs rôles : l'animateur radio ringard et pathétique de Tandem (1987) (nomination au César du meilleur acteur à la clé), le fameux Mari de la coiffeuse (1990) (nouvelle nomination au César du meilleur acteur), le professeur de français à la retraite fasciné par un mystérieux étranger (Johnny Halliday) dans L'homme du train (2002). Jean Rochefort figure également aux génériques de trois autres films de Patrice Leconte : Tango (1992), Les grands ducs (1995) où il retrouve Marielle et Noiret, et Ridicule (1995) (nomination au César du meilleur second rôle masculin cette fois-ci).
Jean Rochefort, extraordinaire de drôlerie et de sensibilité dans Le mari de la coiffeuse (Leconte, 1990) (image : www.toutlecine.com)
Les vécés étaient fermés de l'intérieur, l'histoire : Gazul, un employé de la RATP, poinçonneur de son état, est retrouvé mort dans les WC, suite à une explosion. L'accident amène sur les lieux le célèbre commissaire Pichard (Jean Rochefort) et son fidèle adjoint Charbonnier (Coluche). L'enquête s'annonce difficile car les WC étaient fermés de l'intérieur et personne n'a pu s'introduire par la bouche d'aération... Au cours de leurs pérégrinations, les deux policiers seront amenés à frayer avec une faune de personnages tous plus étranges les uns que les autres : un Bigouden insolite, un psychiatre hallucinant, une entraîneuse étourdissante répondant au doux nom de Gwendoline, un monstrueux réparateur de cochons infernaux, un unijambiste cauchemardesque, pour finalement découvrir que l'assassin est...
Danièle Evenou (image : www.radio-france.fr)
Et qui c'est qu'on retrouve dans le rôle de la pétillante Gwendoline ? C'est Danièle Evenou ! Quelle femme, quelle merveille, quel abattage ! Formidable, grandiose, géniale ! Non, je m'emballe là... Reste que Danièle Evenou, qui fut l'une des épouses du défunt Jacques Martin, est entrée à jamais dans le cœur du grand public en endossant pour la TV, dans les années 80, l'uniforme de contractuelle dans la série Marie Pervenche.
Le rôle qui a immortalisé l'actrice sur le petit écran
Si l'actrice a beaucoup joué pour le théâtre et le petit écran, sa carrière au cinéma, par contre, est assez maigre. Née en 1943 à Tunis, c'est à 14 ans qu'elle est touchée par le virus de la scène en assistant à une représentation des Caprices de Marianne au TNP avec Gérard Philipe, Maria Casarès et Geneviève Page (y a pire !). Elle entre au cours Charles Dullin et suit l'enseignement d'un certain Alain Cuny. La première fois qu'elle entend le grand acteur, écrit-elle sur son site Web officiel, celui-ci hurle à une apprentie comédienne : "Joue avec ton ventre, n'oublie pas que tu joues une salope, prends conscience de ton inconscient, ouvre-toi !" Bigre !
Danièle Evenou et Jacques Brel (image : www.generationdo.com)
Danièle Evenou fait ses premiers pas sur grand écran en 1961 dans l'un des sketches des Parisiennes, en l'occurrence celui de Marc Allégret. Elle côtoie ensuite Sophie Daumier et Elke Sommer dans Un chien dans un jeu de quilles (Collin, 1962), Jean Marais dans Le saint prend l'affût (Christian-Jaque, 1966), puis Michel Galabru dans La honte de la famille (Balducci, 1969). Au détour des années 70, elle croise Jacques Brel avec qui elle va vivre une grande passion pendant un an et demi. Le chanteur belge en profite pour faire jouer Danièle Evenou dans les deux films qu'il met en scène lui-même : Franz (1971) et Le Far-West (1972).
Danièle Evenou et Jacques Martin (image : www.danielevenou.com)
C'est alors qu'elle rencontre Jacques Martin avec qui elle va vivre sept ans (de 1973 à 1980) et aura deux fils. Comme il n'y a pas de petites économies, l'animateur, lui aussi, enrôle sa dulcinée pour le seul film qu'il réalise, Na ! (1972). Par la suite, Danièle Evenou apparaîtra au cinéma dans Les vécés étaient fermés de l'intérieur donc, C'est encore loin l'Amérique ? (Coggio, 1979), Suivez mon regard (Curtelin, 1985), Ma femme s'appelle Maurice (Poiré, 2001) et le film franco-ghanéen Nha Fala (Gomes, 2002).
Coluche, Jean Rochefort et Danièle Evenou sur le tournage des Vécés étaient fermés de l'intérieur (image : www.gaumont.fr)