Le Film du jour n°233 : Vite ! Avant que ça fonde

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°233 : Vite ! Avant que ça fonde
Titre original : Quick! before it melts
Un film américain de Delbert MANN (1964) avec George Maharis, Robert Morse, James Gregory, Anjanette Comer...
Vite ! Avant que ça fonde… Voilà un titre qui tombe à pic alors que se tiennent à intervalles réguliers (et pour des résultats quasi nuls) des conférences internationales, censées dégager des propositions concrètes pour lutter efficacement contre le réchauffement de la planète. Effectivement, il est plus que temps : avec la fonte des glaces et la montée des eaux, des milliers de personnes sont déjà considérées comme des réfugiés climatiques.
Comédie romantique située dans une station polaire de l’Antarctique, Vite ! Avant que ça fonde est à mettre au crédit (ou plutôt au débit…) du réalisateur américain Delbert Mann, un monsieur à ne confondre ni avec Anthony Mann, bien connu pour ses westerns avec James Stewart (Winchester 73, Les affameurs, L’appât, L’homme de la plaine, Je suis un aventurier), ni avec Daniel Mann (déjà évoqué ici, voir Le troisième homme était une femme). Et encore moins avec le célèbre Michael Mann (Heat, Collateral, Miami Vice, Public Enemies).
Issu de la télévision, Delbert Mann (1920-2007) frappa un grand coup avec Marty (1955), son premier film pour le grand écran. Avec, une fois n’est pas coutume, Ernest Borgnine en vedette, cette histoire d’un garçon boucher, laid comme un pou mais sensible, tombant amoureux d’une institutrice, pas terrible mais sensible, réintroduisait une sorte de néoréalisme dans le cinéma américain. Le film fit un malheur et valut l’Oscar du meilleur réalisateur à Delbert Mann, l’Oscar du meilleur acteur à Ernest Borgnine et l’Oscar du meilleur scénario à Paddy Chayefsky. Marty décrocha même la Palme d’Or à Cannes ! Rien que ça…
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Dans Marty (Delbert Mann, 1955), un garçon boucher plutôt laid (Ernest Borgnine) tombe amoureux d’une instit pas laubiche (Betsy Blair, alors Madame Gene Kelly dans la vraie vie)

Selon les connaisseurs, La nuit des maris (1957), le film suivant de Delbert Mann, sur un scénario du même Chayefsky, est bien meilleur. Cette fois-ci, il s’agit d’un groupe de comptables new-yorkais qui enterrent la vie de garçon de l’un d’entre eux : de bar en bar, la nuit s’écoule en confidences de plus en plus désenchantées… (adeptes de l’humour débridé et du comique de comptoir, passez votre chemin…). Par la suite, il fallut déchanter.
« Laissé à lui-même, Delbert Mann fit preuve aussitôt d’une totale incompétence, en particulier dans la direction d’acteurs », notent ainsi Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier dans 50 ans de cinéma américain. Selon les deux hommes, Anthony Perkins et Sophia Loren sont très mauvais dans Le désir sous les ormes (1958), Deborah Kerr, Burt Lancaster, Rita Hayworth et David Niven font en toute liberté leurs petits numéros personnels dans Tables séparées (1958) et Kim Novak est médiocre dans le rôle difficile d’une jeune femme amoureuse d’un homme bien plus vieux qu’elle dans Au milieu de la nuit (1959), considéré néanmoins comme le meilleur film de Delbert Mann avec La nuit des maris (il faut dire que Paddy Chayefsky est à nouveau au scénario…).
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David Niven décrocha l’Oscar du meilleur acteur pour ce film de Delbert Mann

Couvert de récompenses, Delbert Mann se spécialisa par la suite dans des comédies à l’eau de rose, dont deux films avec la redoutable Doris Day en vedette (Un pyjama pour deux, 1961, avec Rock Hudson ; Un soupçon de vison, 1962, avec Cary Grant), puis se vautra avec délectation dans le mélo sirupeux à souhait. Les longs métrages qu’il signa après 1970 pour le cinéma restent inédits en France, à l’exception de La nuit de l’évasion (1982), histoire vraie d’une famille d’Allemagne de l’Est qui réussit à passer à l’Ouest en… montgolfière !
Vite ! Avant que ça fonde, l’histoire : Deux journalistes sont envoyés en reportage dans une station scientifique de l’Antarctique. En mal de scoop, ils réussissent à convaincre le responsable de l’expédition d’importer quelques fleurons de la gent féminine afin de prouver que l’Antarctique est un continent parfaitement habitable (et, accessoirement, de faire grimper la température...). Débarquent alors des poupées bien roulées et sacrément émoustillantes (surtout pour des hommes qui n’ont pas vu de jupons depuis des mois et qui ont du mal à rester de… glace, ah ! ah ! ah !). Parmi cet aréopage féminin, se distinguent Diana, amoureuse de l’un des journalistes, et une dénommée Tiare, métisse maorie diablement sexy qui tape dans l’œil d’un scientifique soviétique.
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Anjanette Comer, en direct de l’Antarctique

Dans Vite ! Avant que ça fonde, le rôle de la jeune métisse Tiare est interprété par l’actrice américaine Anjanette Comer, qui faisait là sa première apparition sur grand écran. Née en 1939, elle avait démarré sa carrière deux années plus tôt à la télévision en se produisant dans diverses séries TV comme « Gunsmoke », « Le jeune Docteur Kildare » ou « Bonanza ».
En 1965, Anjanette Comer se fait remarquer à nouveau au cinéma dans Le cher disparu de Tony Richardson, une comédie complètement déjantée sur le mercantilisme mortuaire, adaptée d’un roman d’Evelyn Waugh. Elle y joue la délicieuse Aimée Thanatogenos, une talentueuse thanatopractrice officiant dans une maison spécialisée dans l’embaumement de qualité supérieure et qui finira par se suicider en… s’embaumant elle-même. Les croque-morts s’en souviennent encore !
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La plastique d’Anjanette Comer est parfaitement mise en valeur dans Le cher disparu (Tony Richardson, 1965)

Dans la foulée, Anjanette Comer donne la réplique à Marlon Brando dans le western de Sidney Furie, L’homme de la sierra (1966). Abonnée aux prestations « exotiques », elle y interprète une paysanne mexicaine dont tombe amoureux le beau Marlon, cow-boy au passé trouble lancé à la recherche d’un étalon de race appaloosa qu’un fermier mexicain lui a volé. L’actrice se voit confier un emploi quasi similaire, mais cette fois-ci auprès d’Anthony Quinn, dans La bataille de San Sebastian (1967) d’Henri Verneuil.
A noter qu’en 1966, la jeune femme s’était vu attribuer le principal rôle féminin dans Mes funérailles à Berlin de Guy Hamilton, film d’espionnage qui fit accéder Michael Caine au rang de vedette internationale. Mais malade, elle fut remplacer au dernier moment par l’Allemande Eva Renzi. La mignonnette Anjanette décrochera encore deux premiers rôles marquants au cinéma avant de continuer sa carrière essentiellement à la télévision : l’un face au craquant Tony Franciosa dans le film de guerre En pays ennemi (Keller, 1968), et l’autre entre le blond Robert Wagner et la rousse Jill St. John (qui se marièrent dans la vraie vie en 1990, voir T'es plus dans la course Papa !) dans Banning (1968) (inédit en France), une comédie dramatique qui prend comme cadre le monde du golf…
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Anjanette Comer en pleine conversation avec Marlon Brando dans L’homme de la sierra (Furie, 1967)

Préférant favoriser sa vie privée à sa vie professionnelle, Anjanette Comer ne tourne plus guère pour le cinéma dans les années 70. Ce qui n’est pas bien grave puisque, lorsqu’on l’aperçoit sur grand écran, c’est le plus souvent dans un nanar, une daube, une série Z ou, au mieux, une œuvre médiocre. On exclura quand même de la liste un assez bon film policier avec Tony Curtis, Lepke le caïd (1975), pourtant signé par l’inénarrable Menahem Golan qui, avec son compère et cousin Yoram Globus, porta dans les années 80 la firme Cannon au panthéon des studios de production et de distribution cinématographiques (avec les films de Stallone notamment).
Durant cette période, le film le plus craignos que la belle Anjanette tourne est sans nul doute Les chats tuent la nuit a.k.a La nuit des mille chats a.k.a Les griffes du démon a.k.a Cats (1972) du réalisateur mexicain René Cardona Jr. Un monsieur qui a commis des titres particulièrement inspirés comme SOS Conspiration Bikini, Capulina contre les vampires, ou Guyana, la secte de l’enfer
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Quand les chats ont faim, il faut courir pour sauver sa vie ! Anjanette Comer dans Les chats tuent la nuit (Cardona Jr, 1972)

A elle seule, la jaquette de l’édition vidéo du film de René Cardona Jr. fleure bon le nanar grand cru… Qu’on en juge : « Apparemment hanté par une véritable passion pour les femmes, un riche play-boy sillonne les États-Unis à bord de son hélicoptère pour agrandir sa "collection". Mais ce n'est pas le goût des conquêtes qui le pousse à séduire ainsi. Il destine les jeunes femmes à un tout autre usage : nourrir ses chats. Des chats au nombre de 1 000, élevés à la chair humaine. Des chats qui, lorsqu'ils réussiront à se libérer, deviendront des mangeurs d'hommes déchaînés... ». Tout est dit ! Zyeuter la bande-annonce ci-dessous :
Quasiment absente des écrans petits et grands dans les années 80, Anjanette Comer renoue avec les séries TV dans la décennie 90 (on la découvre au détour d’un épisode de « Perry Mason », « Profiler » ou « The Practice ») et apparaît encore dans un rôle secondaire dans A fleur de peau (1995) de Steven Soderbergh. Depuis 2003, elle semble toutefois avoir définitivement pris sa retraite.
Toujours de ce monde, Anjanette Comer a été mariée à l’acteur Walter Koenig, essentiellement connu en France pour son rôle de Pavel Chekov dans la série des « Star Trek », ainsi qu’au scénariste et réalisateur Robert Klane, qui a livré ce joyau du film disco Dieu merci, c’est vendredi (1978).
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Saperlipopette, t’étais quand même super-chouette, brunette Anjanette !

Publié dans Titres abscons

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