Lenny Barre se marre : Ce monde interdit

Publié le par lefilmdujour

Lenny Barre se marre : Ce monde interdit
Fabrizio Gabella, 1963
Présenté comme un "documentaire", Ce monde interdit se situe à mi-chemin entre les films dits de "cabaret" (avec strip-teases en veux-tu en voilà) et les "mondo movies", fourre-tout où cohabitent des scènes-chocs prises sur le vif un peu partout dans le monde (rites barbares, coutumes insolites, quartiers interlopes des capitales du monde entier, etc.).
Filmé avec la caution intellectuelle de l'écrivain, grand reporter et scénariste Roger Vailland et du Prix Nobel de littérature Salvatore Quasimodo (dixit le générique, mais je serais bien en mal de vous préciser l'apport des deux hommes à cette œuvre bizarroïde), Ce monde interdit veut stigmatiser les dérives et les perversions de la société occidentale de ce début des années 60. Le film débute donc par une critique en règle de la publicité, envisagée comme un système d'abrutissement des masses (ça, ça n'a guère changé... cf. Patrick Le Lay, l'ex-PDG de TF1, qui vendait aux publicitaires "du temps de cerveau disponible").
Pour ne pas perdre ses spectateurs en route, Ce monde interdit ne se risque pas toutefois à évoquer trop longtemps de tels sujets sociétaux à portée quasiment philosophique... Et, rapidement, les auteurs du film reviennent en territoire connu en enquillant les sujets "chauds", classiques des mondo movies. On a ainsi droit à la visite d'un musée de la torture avec victimes réelles et possibilité pour les visiteurs de s'exercer sur les pauvres créatures - des femmes peu vêtues de préférence - (que l'on se rassure, tout a été visiblement recréé en studio). Suivent notamment une soirée dans une boîte de jazz (avec dames mûres blanches et jeunes hommes noirs...), un bal dans une boîte homo, etc. Le reste est à l'avenant.
Le clou du spectacle, si l'on peut dire, est une dénonciation de l'érotisme qui envahit la littérature, les arts et le cinéma. Dénonciation qui permet, bien entendu, de rincer l’œil du spectateur à bon compte. Le film "rejoue" ainsi les petites bobines 8 mm de l'époque où l'on pouvait voir de jeunes femmes accortes en petite tenue se trémousser avec plus ou moins d'entrain. Le tout est quand même filmé de manière assez prude (nous sommes en 1963) et nous assistons plutôt à un festival de porte-jarretelles, de nuisettes vaporeuses et de soutiens-gorges pigeonnants.
Ce monde interdit tente également d'expliquer par l'image les fantasmes inassouvis et les rêves érotiques de la gent féminine... un grand moment de n'importe quoi. Bref, Ce monde interdit, reflet d'une époque complètement révolue, est parfaitement ennuyeux et faux-derche, et l'on sait gré aux auteurs de nous épargner les scènes particulièrement pénibles qui truffent d'autres mondos autrement plus gratinés. Tout juste a-t-on droit (heureusement...) à des pauvres bêtes (cochon, canard, agneau, souris) introduites vivantes dans des cages où trônent des serpents venimeux, et à un patient soumis à des chocs électriques. État où la décadence de la société occidentale est censée nous conduire inexorablement.
Fait étrange, la jaquette du DVD indique une durée de 115 minutes pour Ce monde interdit. A l'écran, le long métrage ne dépasse pas les 80 minutes. Est-ce une version censurée que propose René Chateau Vidéo ?
Lenny Barre
Ce monde interdit est disponible en DVD chez René Chateau Vidéo.
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