Le Film du jour n°96 : Des filles, encore des filles !
Titre original : Girls, girls, girls !
Un film américain de Norman TAUROG (1962) avec Elvis Presley, Stella Stevens, Jeremy Slate, Laurel Goodwyn...
Avec un tel titre, un film qui sortirait aujourd'hui sur les écrans serait sans nul doute taxé de sexisme. Mais, dans les années 60, on n'avait pas d'arrière-pensée de cet acabit et comme c'était Elvis Presley qui jouait le joli cœur et poussait la chansonnette, la gent féminine, pas bêcheuse pour un sou, n'hésitait pas à se déplacer en masse...
Des filles, encore des filles ! l'histoire : Ross Carpenter est un pêcheur de thons à ses heures (non, ici, le thon, c'est juste un poisson, tsss...). Mais il est aussi chanteur dans un club de nuit (ben oui, faut bien qu'Elvis, il les chante, ses chansons, le public est venu pour ça !). Malheureusement, Ross perd son bateau à la suite de la défection de l'armateur, parti sous d'autres latitudes. Ross voudrait bien racheter la coque de noix, vu que c'est son paternel et lui qui l'ont construit. Pour le récupérer, il se voit contraint de séduire la belle héritière Laurel (non, rien à voir avec Hardy...). Il épousera la dame en bonne et due forme... malgré les manigances de la blonde chanteuse Robin (non, rien à voir avec Superman !). Dans ses films, Elvis laisse en effet son pelvis au vestiaire (Elvis the Pelvis, le surnommait-on) et rentre dans le rang des maris vertueux.
Elvis Presley tout jeunot (image: www.8notes.com)
Elvis Presley (1935-1977) a tout juste 21 ans quand il fait ses débuts à l'écran dans Le cavalier du crépuscule (R. Webb, 1957), dont le titre original n'est autre que Love me tender, l'un des tubes du King. Il va sans dire qu'Elvis fredonne la chanson dans le film... C'est d'ailleurs quasiment le seul intérêt du long métrage. De fait, les critiques sont peu amènes, le Time allant jusqu'à comparer le jeu de Presley à celui d'une saucisse agitée... On a connu des compliments mieux tournés. Quoi qu'il en soit, Le cavalier du crépuscule rapporte plus de deux millions de dollars en quelques semaines. La carrière cinématographique d'Elvis est lancée, sous la houlette de son producteur tyran, le colonel Tom Parker.
Elvis Presley va enquiller une trentaine de films en moins de quatorze ans. Mais, là où on aurait pu attendre des sujets quelque peu provocateurs (au vu de ses prestations scéniques légèrement lascives et parfois hystériques), la frileuse Hollywood transforme notre rocker en gentil monsieur charmant, bien coiffé, au sourire un peu niais et fredonnant des chansons d'une sentimentalité sirupeuse de bon aloi (tendance croisière transatlantique pour troisième âge).
On cherchera donc en vain un chef-d'oeuvre dans la carrière à l'écran d'Elvis Presley. Tout juste peut-on sauver, grâce au savoir-faire des metteurs en scène appelés à la rescousse, Le rock du bagne (Thorpe, 1958), Bagarres au King Créole (Curtiz, 1958), Les rôdeurs de la plaine (Siegel, 1959) et L'amour en quatrième vitesse (Sidney, 1964), avec, dans ce dernier film, une magnifique Ann-Margret.
Elvis Presley au cinéma, c'est l'amour, toujours l'amour... et les filles ! (image : www.mitchell-city.com)
Le reste ne vaut pas tripette et se résume en deux mots : "des chansons et des filles". Dames, Filles et Amour reviennent d'ailleurs régulièrement dans les titres : Amour frénétique (Kanter, 1957), Amour sauvage (Dunne, 1961), Le shérif de ces dames (G. Douglas, 1962), Des filles, encore des filles, Blondes, brunes, rousses (Taurog, 1963), Le tombeur de ces dames (Taurog, 1966), etc.
Le sommet (ou le fond...) de la médiocrité est atteinte avec Sous le ciel bleu d’Hawaï (Taurog, 1961), Salut les cousins (G. Nelson, 1964), L'homme à tout faire (Rich, 1964), La stripteaseuse effarouchée (B. Sagal, 1965), Chatouille-moi (Taurog, 1965), C'est la fête au harem (G. Nelson, 1965), Croisière surprise (Taurog, 1967), ou Micmac au Montana (Tewksbury, 1968). Les lecteurs attentifs - ce que vous êtes, j'en suis sûr, sinon vous ne seriez pas fans du Film du jour -, les lecteurs attentifs donc, auront remarqué que le réalisateur Norman Taurog a beaucoup œuvré pour asseoir la réputation du King au cinéma... Il faut dire que Monsieur Taurog (1899-1981), déjà au turbin au temps du muet, était déjà pratiquement aveugle dans les années 60 !!! Ceci explique peut-être cela...
Stella Stevens
L'un des deux rôles féminins principaux de Des filles, encore des filles ! est interprété par Stella Stevens. Née en 1936, cette actrice fut lancée au début de sa carrière comme une énième nouvelle Marilyn Monroe. Comme son illustre aînée, elle n'hésita pas à poser nue, notamment pour le magazine Playboy en 1960.
Après quelques apparitions cinématographiques, elle est remarquée dans La ballade des sans-espoir (1961) de John Cassavetes, puis atteint une sorte de consécration grâce à Des filles, encore des filles ! et Docteur Jerry et Mister Love (1963), de et avec Jerry Lewis. Alors qu'elle continue à poser pour les photographes, mais sans jamais vraiment marquer l'histoire du cinéma, on la repère ensuite dans des films comme Matt Helm, agent très spécial (Karlson, 1966) aux côtés de Dean Martin, ou Un nommé Cable Hogue (Peckinpah, 1970) auprès de Jason Robards. Elle fait également partie du casting du film-catastrophe L'aventure du Poséidon (Neame, 1972). Elle y joue l'épouse ex-prostituée d'Ernest Borgnine, mais n'arrive malheureusement pas à survivre jusqu'à la fin du film (ça, c'est le signe que vous êtes trop cher pour la production ou que vous êtes complètement has been...).
Toujours bon pied bon œil, Stella Stevens continue encore aujourd'hui à jouer dans des séries TV US et des petits films d'horreur. Pour en savoir plus, visitez son site Web en cliquant ici. A plus de 70 ans, elle y pose encore en soutif et en guêpière ! Dépaysement garanti.