Le Film du jour n°89 : Un crack qui craque

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Sorrowful Jones

Un film américain de Sidney LANFIELD (1949) avec Bob Hope, Lucille Ball, William Demarest, Bruce Cabot, Thomas Gomez...

Avec Un crack qui craque, également connu sous le titre Bonne d'enfant malgré lui, nous voilà dans le même registre qu'Un pigeon qui pige. Mais, ici, ce n'est pas Red Skelton qui joue le rôle du comique américain de service. Celui qui s'y colle, c'est Bob Hope, mort centenaire (1903-2003) et seule personnalité du spectacle à avoir joué au golf avec onze présidents américains différents. La classe ultime !

Un crack qui craque, l'histoire : Un bookmaker accepte les paris d'un homme tellement accro au tiercé qu'il n'hésite pas à laisser en gage sa propre fillette. Mais voilà que le père indigne est assassiné par un gangster. La petiote restant à la charge de notre "héros" qui n'en demandait pas tant, il la confie à l'amie de son patron qui, charmée par la gamine, la gâte au point de lui offrir un cheval de course. Bientôt, l'assassin du père revient et enlève la fillette...

Un crack qui craque est un remake de Petite Miss (Hall, 1934), un film des années 30 avec Shirley Temple, la gamine qui faisait craquer Hollywood et les spectateurs de l'époque. "Née en 1940, j'ai eu faim, j'ai eu froid, mais quand je pouvais voir Shirley Temple sur les écrans, c'était un rayon de soleil", écrit une blogueuse. On se demande encore pourquoi le général de Gaulle n'a pas nationalisé Shirley Temple à la Libération !

Bob Hope

Né en Angleterre, mais arrivé à l'âge de quatre ans au pays de l'Oncle Sam, Bob Hope, l'acteur principal d'Un crack qui craque, démarre sa carrière de comique à la radio avant de s'imposer à Broadway. Des planches de New York aux plateaux de Hollywood, il n'y a alors qu'un pas et il promène sa bouille aux traits d'une mobilité surprenante sur les écrans de cinéma dès la fin des années 1930.

En 1939, Bob Hope signe un premier succès d'importance avec Le mystère de la maison Norman d'Elliott Nugent, remake burlesque d'un classique du film d'horreur des années 20. C'est toutefois la série des En route vers... qui va lui apporter une énorme notoriété. Il y partage l'affiche avec Bing Crosby, le crooner bien connu, et l'exotique Dorothy Lamour. Chantant, blaguant et improvisant un chouia, le "plus joyeux trio d'Amérique" (dixit la pub de l'époque) fait ses premières armes dans En route vers Singapour (Schertzinger, 1940). Ce coup d'essai sera suivi par En route vers Zanzibar (Schertzinger, 1941), En route vers le Maroc (Butler, 1942), En route vers l'Alaska (Walker, 1945) et En route vers Rio (McLeod, 1947).

Bob Hope, Dorothy Lamour et Bing Cosby dans En route vers Zanzibar (Schertzinger, 1941)

Les trois compères remettront ça plus tard, mais avec nettement moins de bonheur, dans Bal à Bali (Walker, 1952) puis dans Astronautes malgré eux (Panama, 1962). Dans l'intervalle, Bob Hope s'était engagé dans une autre série à succès avec créatures de rêve à la clé. Dans La blonde de mes rêves (Lanfield, 1942), il croise Madeleine Carroll. Dans La brune de mes rêves (Nugent, 1945), il fraie avec Dorothy Lamour et, dans Espionne de mon coeur (Garnett, 1951), il sympathise avec la fabuleuse Hedy Lamarr (actrice détentrice, il faut le signaler, de brevets sur la technique de modulation radio dite "à étalement de spectre" mise en œuvre dans le Wi-Fi... Quel talent !)

La divine Hedy Lamarr et Bob Hope dans Espionne de mon coeur (Garnett, 1951) (image : www.toutlecine.com)

Apparue au milieu des années 1940, la mode du film historique bourré d'anachronismes donne aussi à Bob Hope l'occasion de se distinguer dans un genre où émargent aussi Red Skelton et Danny Kaye, autres comiques estampillés US. Le comique gesticule et grimace dans La princesse et le pirate (Butler, 1944), Le joyeux barbier (Marshall, 1947), Visage pâle (McLeod, 1948), Le fils de Visage pâle (Tashlin, 1952) - suite du précédent, on l'aura compris - ou La grande nuit de Casanova (McLeod, 1954).

Bref, si l'on rit encore un peu à ses films, difficile de dénicher un chef-d'oeuvre dans la carrière de Bob Hope, entre A vos ordres ma générale (Lanfield, 1947), Si j'épousais ma femme (Panama, 1955), Whisky, vodka et jupon de fer (Thomas, 1956) et autres Quel numéro, ce faux numéro ! (Marshall, 1966).

Le comédien fera l'une de ses dernières apparitions au cinéma, dont il s'éloigne à partir de 1970, dans Les Muppets, ça c'est du cinéma ! (Frawley, 1980). L'histoire ne dit pas s'il interprétait l'un des deux vieux débris du premier balcon...

Inutile d'ajouter (mais je le fais quand même...) que la tronche grimaçante de Bob Hope est largement éclipsée par celle de Jerry Lewis dans le cœur des Français.

Publié dans Titres rigolos

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