Le Film du jour n°86 : Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ?

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Mio Dio, come sono caduta in basso ?

Un film italien de Luigi COMENCINI (1974) avec Laura Antonelli, Michele Placido, Karin Schubert, Jean Rochefort, Alberto Lionello...

Voilà peut-être la question que se posent les lectrices accros au Film du jour... C'est aussi la triste conclusion de la carrière de la belle Laura Antonelli, l'héroïne du film. Le Monde du 8 juin 2010 nous apprend que l'actrice, retirée du monde du cinéma depuis le début des années 90, vit aujourd'hui dans la misère à une quarantaine de kilomètres de Rome. Suite à une lettre de l'acteur Lino Banfi adressée au ministre de la Culture italien, ce dernier a décidé d'attribuer à Laura Antonelli une indemnité mensuelle au nom d'une loi pour les indigents du monde de l'art et du spectacle. "Je remercie tous ceux qui se sont occupés de moi. Cela me plairait de vivre d'une façon plus digne et plus sereine, même si la vie terrestre ne m'intéresse plus. Je voudrais seulement qu'on m'oublie", a commenté l'actrice. (Laura Antonelli est décédée le 22 juin 2015.)

Laura Antonelli au temps de la gloire dans Malicia (Samperi, 1973)

Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? l'histoire : Au moment où, juste sortie du couvent, la ravissante Eugenia de Maquida épouse par amour le plébéien (c'est moche...) et riche (ça aide...) Raimondo Corrao, elle reçoit de son papounet chéri une missive qui lui apprend qu'elle n'est point sa fille et que son nouvel époux est... son frère (c'est pas cool, Papa !). Heureusement, l'honneur est sauf, puisqu'ils n'avaient pas encore consommé ! Mais une séparation ne saurait être envisagée dans cette Sicile du début du XXe siècle sans susciter des médisances. Mais alors, que faire ? La situation est cornélienne. D'un commun accord, les nouveaux mariés décident de garder le secret et de vivre dans la chasteté pour le restant de leurs jours... Eugénia cède néanmoins aux avances du chauffeur (eh oui, le chauffeur, c'est Michele Placido, alors y a de quoi faire tomber les résistances les plus farouches...). Mais voilà qu'encouragé par la lecture des œuvres de Gabriele d'Annunzio, le mari, Raimondo, se met à envisager sérieusement l'inceste. Gasp !

Laura Antonelli (image : www.istrianet.org)

Dans Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? la ravissante Eugenia n'est autre que la superbe actrice Laura Antonelli, sexe-symbole italien des années 70 et compagne de Jean-Paul Belmondo à la même époque.

Avant le cinéma, Laura Antonelli, née Laura Antonaz en 1941, aurait enseigné la gymnastique et les mathématiques. On imagine les ravages dans les lycées parmi les adolescents boutonneux ! Révélée par une émission de télévision, elle démarre sa carrière cinématographique en 1966 en jouant notamment dans L'espion qui venait du surgelé, long métrage de Mario Bava avec Vincent Price, grand spécialiste des films fantastiques. Pendant plusieurs années, Laura Antonelli, malgré son bagage intellectuel, doit toutefois se contenter de seconds rôles sexy dans des films où le port du soutien-gorge n'est pas obligatoire (Révolution sexuelle, Ghione, 1968 ; La Vénus en fourrure, Dallamano, 1969 ; Obsédé malgré lui, Fulci, 1970 ; Ma femme est un violon, Festa Campanile, 1971).

Laura Antonelli et Jean-Paul Belmondo dans Docteur Popaul (Chabrol, 1972)

C'est dans notre beau pays qu'elle commence à trouver des rôles plus intéressants. Elle côtoie ainsi Jean-Paul Belmondo dans Les mariés de l'an II (Rappeneau, 1971) et dans Docteur Popaul (Chabrol, 1972), puis Jean-Louis Trintignant et Jean-Pierre Marielle dans Sans mobile apparent (P. Labro, 1972).

Mademoiselle Antonelli devient véritablement une star en Italie grâce à Malicia de Salvatore Samperi (1973), une comédie légèrement salace où elle joue le rôle d'une jeune fille à porte-jarretelles, embauchée comme bonne dans un foyer où la mère vient de mourir et où elle attire les convoitises simultanées du père et du fils, interprété par Alessandro Momo. Antonelli et Momo remettront le couvert l'année suivante, toujours sous la direction de Samperi, dans Péché véniel (1974).

Le film qui fit accéder Laura Antonelli (et ses porte-jarretelles) au rang de méga-star (image : www.encyclocine.com)

Les plus grands réalisateurs de la péninsule italienne font alors appel à Laura Antonelli : Luigi Comencini (Comment suis-je tombée aussi bas ? sans doute l'une de ses meilleures interprétations ; Le mariage de Catherine, 1982), Dino Risi (Sexe fou, 1973 ; Les derniers monstres, 1982), Luchino Visconti (L'innocent, 1976), Mauro Bolognini (Gran Bollito, 1977 ; La Vénitienne, 1987), Ettore Scola (Passion d'amour, 1980, avec Bernard Giraudeau), etc.

Sa carrière néanmoins marque le pas à partir de la fin des années 80 et son inculpation en 1991 dans une sombre affaire de drogue, pour laquelle elle sera blanchie en appel, met un terme définitif à sa destinée cinématographique. D'autant qu'une opération de chirurgie esthétique, réalisée à la veille du tournage d'une suite de Malicia, la défigure salement... La vie est moche, parfois.

Publié dans Titres étranges

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