Le Film du jour n°85 : On se calme et on boit frais à Saint-Tropez

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Max PECAS (1986) avec Luq Hamet, Eric Reynaud-Fourton, Leila Frechet, Noëlle Noblecourt, Brigitte Lahaie...

Après 85 numéros du Film du jour, il est effectivement temps de se calmer et de se rafraîchir. On se calme et on boit frais à Saint-Tropez est le dernier film réalisé par le fameux Max Pecas (1925-2003), acculé à la quasi-faillite après l'échec public (et critique, il va sans dire) de ce nanar intersidéral qui constitue le troisième volet de son triptyque consacré à la station tropézienne. Ce cycle des plus navrants avait démarré en 1983 avec Les branchés à Saint-Tropez et continué en 1985 avec le poétique Deux enfoirés à Saint-Tropez.

Avec son titre aussi improbable que débile, On se calme et on boit frais à Saint-Tropez est considéré par beaucoup comme "le pire film du cinéma français" et même Max Pecas ira jusqu'à avouer qu'il aurait pu se passer de le tourner... Toujours est-il que le grand Tim Burton lui-même aurait entendu parler de Max Pécas ! "Max Pécas est au cinéma comique ce qu'Ed Wood est au cinéma de science-fiction", aurait été jusqu'à affirmer le réalisateur d'Edward aux mains d'argent. Si l'anecdote est véridique (ce dont on peut quand même fortement douter), voilà une sorte de consécration définitive !

La pulpeuse Elke Sommer joue les filles délurées et libérées dans Douce violence (1961), l'un des premiers film de Max Pecas (image : www.renechateauvideo.com)

Parvenu à la célébrité grâce à ses comédies estivales vaguement érotiques comme Belles, blondes et bronzées (1981) et ses films comiques pour grands dépressifs du type Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu (1980), Max Pecas vaut pourtant mieux que cela. Il avait en effet démarré sa carrière en signant des drames de mœurs et des films policiers osés qui méritent le détour (il a d'ailleurs collaboré dans les années 60 avec Jean-Patrick Manchette).

Après son premier film (Le cercle vicieux, 1959), il avait signé en 1961 deux longs métrages (De quoi tu te mêles, Daniela ? et Douce violence, récemment édités en DVD chez René Chateau Vidéo) avec l'affriolante Elke Sommer, "appétissante blondinette teutonne au visage enfantin et à la poitrine opulente", selon le connaisseur Jean Tulard. Elke Sommer que l'on retrouva ultérieurement chez l'Américain Blake Edwards, le Britannique Ralph Thomas et l'Italien Mario Bava (voir Mon petit oiseau s'appelle Percy, il va beaucoup mieux merci).

Il fait chaud dans Cinq filles en furie (1963) de Max Pécas

Puis, inexorablement, l'érotisme devient de plus en plus explicite chez Max Pecas. Les titres des films en font foi : Cinq filles en furie (1963), La baie du désir (1963), Une femme aux abois (1966), La nuit la plus chaude (1967), etc. Au même titre qu'un José Bénazéraf, le réalisateur contribue alors à la libéralisation de la censure française avec des œuvres comme Je suis une nymphomane (1971), Je suis frigide... pourquoi ? (1972) ou Comment le désir vient aux filles (1973), avant de tourner quelques films hard au mitan des années 70.

Après plusieurs œuvrettes tournées avec l'acteur Sylvain Green, alias Sylvain Chamarande, alias Cri-Cri (pour plus de détails, se reporter à Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu), Max Pecas embraye sur ses comédies tropéziennes... mais sans Cri-cri (Sylvain Chamarande tient toutefois un petit rôle - moustachu - dans On se calme...). Dans la dernière partie de sa carrière, Max Pécas livrera aussi un film d'une franchouillardise atroce (On n'est pas sorti de l'auberge, 1982, avec Jean Lefebvre et Bernadette Lafont) et un film policier à peu près regardable, Brigade des mœurs (1984) avec, notamment, Ticky Holgado et la pulpeuse Brigitte Lahaie.

Bernadette Lafont et Jean Lefebvre dans On n'est pas sorti de l'auberge (1982), nanar de Max Pécas (image : www.toutlecine.com)

On se calme et on boit frais à Saint-Tropez, l'histoire : Une jeune étudiante décide de laisser de côté la préparation de ses examens et part en vacances à Saint-Tropez rejoindre son petit ami, pas vraiment fidèle. Mais voilà qu'elle croise son père au bras de sa secrétaire ! Quand la mère arrive à son tour à Saint-Tropez, la jeune étudiante et son copain vont tout faire pour réconcilier les parents. On dirait du Lelouch, c'est louche, ou du Vadim, sans déprime ! Malheureusement, on est chez Pecas, hélas !

Brigitte Lahaie dans On se calme et on boit frais à Saint-Tropez (image : www.premiere.fr)

Inutile de chercher la méga-star des écrans dans On se calme et on boit frais à Saint-Tropez, à l'exception de Brigitte Lahaie, légèrement plus habillée que d'habitude. Une Brigitte Lahaie décidément peu gâtée au cinéma lorsqu'elle se risque dans les années 70 et 80 hors des sentiers battus du X et loin de ses copains Jesus Franco et Jean Rollin (lire Deux espionnes avec un petit slip à fleurs, Te marre pas, c'est pour rire et Ne prends pas les poulets pour des pigeons). Luq Hamet, quant à lui, est un acteur spécialisé dans le doublage : c'est lui la voix française de Mozart dans Amadeus de Milos Forman et c'est lui aussi la doublure vocale hexagonale de Michael J. Fox (notamment dans le trilogie Retour vers le futur).

Noëlle Noblecourt

Noëlle Noblecourt, pour sa part, a marqué de son empreinte l'histoire de la télévision française. Présentatrice en 1964 de Télé-Dimanche (elle avait alors 22 ans), elle s'est fait virer comme une malpropre du jour au lendemain, pour avoir porté une jupe qui laissait voir ses... genoux ! Ah, c'était le bon temps.

Maintenant on voit des zigounettes en prime time et personne n'y trouve rien à redire ! Décoratrice de formation puis mannequin photo, Noëlle Noblecourt avait démarré une (petite) carrière d'actrice à la fin des années 50 et au début des années 60. Vedette face au couple Poiret-Serrault dans Le petit monstre (Sassy, 1964), on l'a notamment aperçue dans Une fille pour l'été (Molinaro, 1959), Le roi des montagnes (Rozier, 1962), Angélique, marquise des anges (Borderie, 1964) et La malédiction de Belphégor (Combret, 1966).

Précisons que quelques acteurs ou animateurs connus ont effectué des prestations remarquées devant la caméra de Max Pecas dans les années 80... mais il faut les torturer pour qu'ils avouent ce passé "honteux" ! C'est le cas de Xavier Delluc (Xavier Lepetit à l'époque) dans Belles, blondes et bronzées et dans Les branchés à Saint-Tropez, de Victoria Abril dans Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu et de Philippe Caroit et Caroline Tresca dans Deux enfoirés à Saint-Tropez... Allez, souriez, on vous en veut pas !

Publié dans Titres à nanars

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article