Le Film du jour n°82 : Du mou dans la gâchette

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Louis GROSPIERRE (1966) avec Bernard Blier, Jean Lefebvre, Francis Blanche, Corinne Marchand, Michel Serrault...

Qui se souvient de Louis Grospierre aujourd'hui ? Pas grand monde, je suppose. C'est l'une des raisons qui ont poussé la Cinémathèque française à mettre ce réalisateur à l'honneur en 2003 à l'occasion d'un cycle intitulé "15 cinéastes français des années 60 à redécouvrir".

Louis Grospierre y tint le haut de l'affiche aux côtés de Jean Aurel, Pierre Kast, Jacques Baratier, Jean Valère, Jacques Poitrenaud (voir Du grabuge chez les veuves), Henri Colpi, Jacques Doniol-Valcroze et Serge Bourguignon. Les spectateurs purent y admirer l'un de ses courts-métrages, Les femmes de Stermetz, portrait de sept femmes survivantes d'un massacre qui eut lieu pendant la Seconde Guerre mondiale dans un village slovène. Le film obtint en 1958 le Prix Jean-Vigo du meilleur court métrage. Etait également programmé Le travail, c'est la liberté (1959), son premier long métrage. Inspiré du roman éponyme de Françoise Mallet-Joris, on y suit les aventures de trois prisonniers (Raymond Devos, Gérard Séty et Sami Frey) chargés exceptionnellement de remplacer au pied levé des éboueurs en grève. Ils en profiteront pour se faire la belle.

Roger Hanin dans Bruno, l'enfant du dimanche (1968) de Louis Grospierre (image : www.toutlecine.com)

La Cinémathèque française projeta aussi Bruno, l'enfant du dimanche (1968), film qui raconte l'histoire d'un père divorcé visitant Paris, le temps d'un weekend, avec son fils de treize ans. A l'affiche : Roger Hanin, enfin sorti de ses rôles d'espion à la petite semaine et pas encore entré dans ses emplois de pied-noir truculent.

Outre la comédie Du mou dans la gâchette, on doit par ailleurs à Louis Grospierre, qui a beaucoup officié pour la télévision à partir des années 70, un Decameron 69, coréalisé avec Bernard Clarens, Jean Herman et Serge Korber, ainsi qu'une adaptation cinématographique de la légende médiévale de Tristan et Iseult baptisée Connemara (1990) avec Charley Boorman, le fils du grand cinéaste anglais John Boorman (Le point de non-retour, Leo the Last, Délivrance, Excalibur, Le général, etc.). Charley Boorman avait déjà été mis en vedette par son père, quelques années auparavant, dans La forêt d'émeraude (1985), où il interprète un jeune homme enlevé, encore enfant, par des Indiens d'Amazonie et élevé dans la jungle. Un film superbe et une réflexion pertinente sur la civilisation !

Du mou dans la gâchette, l'histoire : Nicolas Pappas (Bernard Blier) et Léon Dubois (Jean Lefebvre), deux tueurs particulièrement calamiteux, arrivent à Paris où un chef de gang en mal de personnel les engage pour couvrir la fuite des auteurs d'un hold-up. Ils s'en tirent tant bien que mal (plutôt mal que bien d'ailleurs) et se voient par la suite confier la tâche de liquider un certain Raoul Bertrand, dit "La Prudence" (Francis Blanche). Tombant de Charybde en Scylla, ils échappent de peu à un règlement de comptes en se déguisant en moines. Lorsqu'ils font de l'auto-stop pour rentrer sur Paris, le premier véhicule qui s'arrête, c'est... un car de police.

Corinne Marchand (image : www.dvdtoile.com)

Dans Du mou dans la gâchette, le principal personnage féminin est interprété par Corinne Marchand, l'inoubliable héroïne de Cléo de 5 à 7 (1962), le chef-d’œuvre d'Agnès Varda, un film qu'il faut impérativement avoir vu ! Tourné en temps réel (entre 17 heures et 18 heures 30, lors d'une journée dans la vie d'une jeune chanteuse), ce long métrage démontre avec une sensibilité à fleur de peau qu'il faut s'intéresser aux autres pour s'ouvrir à la vie. Sublime !

Corinne Marchand (à droite) dans Lola (1962) de Jacques Demy (image : www.culturopoing.com)

Née en 1931, Corinne Marchand fut d'abord chanteuse et meneuse de revue avant d'aborder le cinéma par un petit rôle dans Cadet-Rousselle (Hunebelle, 1954) avec François Périer dans le rôle-titre. On l'entraperçoit aussi dans Gigi (1958), la comédie musicale de Vincente Minnelli avec Leslie Caron, Louis Jourdan et Maurice Chevalier. Mais elle éclate vraiment sur grand écran dans Lola (1961) de Jacques Demy, où elle joue l'amie du personnage principal interprété par Anouk Aimée. Elle tourne à nouveau avec Demy (l'époux d'Agnès Varda, faut-il le rappeler...) dans le sketch La luxure des Sept péchés capitaux (1962) (de Broca, Chabrol, Dhomme, Godard, Molinaro et Vadim s'attaquant, eux, respectivement à la gourmandise, l'avarice, la colère, la paresse, l'envie et l'orgueil).

Corinne Marchand, inoubliable dans Cléo de 5 à 7 (Varda, 1962) (image : www.toutlecine.com)

Malgré l'énorme succès de Cléo de 5 à 7, Corinne Marchand va limiter par la suite ses contributions au cinéma français à un film par an en moyenne jusqu'en 1975. Parmi ceux-ci, figurent notamment L'heure de la vérité (Calef, 1964), Les sultans (Delannoy, 1967), Le canard en fer-blanc (Poitrenaud, 1967), Borsalino (Deray, 1970), et Le passager de la pluie (Clément, 1970). On la croise aussi en Espagne dans Une femme est passée (Bardem, 1963) et en Italie dans le western-spaghetti Arizona Colt (Lupo, 1968) et dans Liza (1972) de Marco Ferreri (entre Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni). Elle a également tourné sous la direction de l'Américain George Cukor (Voyages avec ma tante, 1972).

Innocence (Hadzihalilovic, 2004), dernière apparition (fugitive) de Corinne Marchand au cinéma

Depuis 1975, les prestations cinématographiques de Corinne Marchand sont devenus, hélas, rarissimes : Coup de tête (Annaud, 1978), Nestor Burma, détective de choc (Miesch, 1981), le catastrophique Louisiane (de Broca, 1984), Attention bandits (Lelouch, 1987), Le parfum d'Yvonne (Leconte, 1993), Les palmes de Monsieur Schutz (1996). A ce jour, sa dernière apparition sur grand écran, elle l'a réservée à Innocence (2004), le magnifique film, malheureusement passé quelque peu inaperçu, de Lucile Hadzihalilovic, la compagne de Gaspar Noé, le réalisateur des controversés, mais excellents, Seul contre tous (1997) et Irréversible (2002). Elle y joue le rôle fugitif de la directrice d'une étrange pension pour très jeunes filles, confiées aux bons soins de deux institutrices (Marion Cotillard et Hélène de Fougerolles) qui leur enseignent uniquement deux matières, la danse et... les sciences naturelles...

Amateurs de mystère et de poésie, courez séance tenante vous procurer Innocence (le film est sorti en DVD chez Wild Side Vidéo), ce film est un petit bijou qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte !!!

Publié dans Titres rigolos

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