Le Film du jour n°8 : Le bourgeois gentil mec

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Raoul ANDRE (1969) avec Annie Cordy, Jean Lefebvre, Darry Cowl, Francis Blanche, Georges Géret, Bella Darvi...

Pour bon nombre de "spécialistes" de l'histoire du cinéma, Raoul André (1916-1992), c'est un peu le bas de gamme des films comiques "à la française" des années 1960. "Ce n'est pas le cinéaste de l'angoisse existentielle, et le débat sur le hasard et la nécessité le laisse indifférent", se moque ainsi Jean Tulard dans son Dictionnaire du cinéma.

Assistant-réalisateur avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, Raoul André signe son premier long métrage en 1946 avec Le Village de la colère. En tête d'affiche, l'actrice Louise Carletti... qui deviendra sa femme. Son troisième film, L'Assassin est à l'écoute (1948), rencontre un franc succès et marque les vrais débuts de la carrière cinématographique de Francis Blanche qui en a écrit le scénario et les dialogues. L'amitié qui lie Raoul André et l'acteur ne se démentira pas puisque Francis Blanche jouera par huit fois devant la caméra du réalisateur. En 1950, c'est d'ailleurs le comédien qui signe encore le scénario d'Une fille à croquer, habile transposition moderne du célèbre Petit chaperon rouge.

Connu aussi sous le titre Une fille à croquer, Le Petit chaperon rouge (André, 1950) est scénarisé par Francis Blanche

Dans les années 1950, Raoul André se fait une spécialité des films policiers à l'érotisme (timide quand même) de bon aloi. On lui doit ainsi Marchandes d'illusions (1954), beau succès de l'époque sur le monde de la prostitution et film qui marque la rencontre de Giselle Pascal et de Raymond Pellegrin (les deux tourtereaux se passèrent la bague au doigt en 1955).

Au rayon pépées, la filmographie de Raoul André accueille aussi des titres évocateurs comme Les Clandestines (1954) (avec la charmante et sexy Dominique Wilms), Les Pépées font la loi (1954), Cherchez la femme (1955), Une fille épatante (1955), Les Indiscrètes (1955) (avec la capiteuse Dany Carrel), Les Pépées au service secret (1955), etc. Mais Raoul André ne fait pas que dans la pépée plus ou moins pétillante. En 1957, il se voit confier la réalisation de Clara et les méchants (1957), un film censé mettre en valeur Minou Drouet, poétesse et pianiste miniature (l'enfant avait alors dix ans) dont les talents suscitèrent à l'époque la polémique.

Première apparition d'Eddie Constantine dans un film de Raoul André. Ce ne sera pas la dernière... (image : www.fnac.com)

Raoul André fait également tourner plusieurs fois Eddie Constantine. L'acteur est ainsi à l'affiche (avec sa propre fille Tania) dans L'Homme et l'enfant (1956), joue les vedettes dans Les Femmes d'abord (1962), Des frissons partout (1963) et Ces dames s'en mêlent (1964), puis fait une apparition en forme de clin d’œil à la fin de Ces messieurs de la famille (1967).

Au cours des années 1960, Raoul André se spécialise quelque peu dans la parodie comme ce Bourgeois gentil mec... inspiré de Molière. On lui doit aussi un décalque du Dernier tango à Paris intitulé sobrement... La Dernière bourrée à Paris (1973) (sans commentaires). Selon Laurent Aknin dans Les Classiques du cinéma bis, La dernière bourrée à Paris "reste impressionnant par sa débilité avouée et revendiquée, tant et si bien que ce film peut se voir comme une forme de manifestation de contre-culture radicale, une insulte permanente au bon goût le plus élémentaire".

Jean Lefebvre (au centre) dans Le bourgeois gentil mec... (image : www.toutlecine.com)

Le Bourgeois gentil mec, l'histoire : Timide et complexé, M. Genty (Jean Lefebvre) possède une grosse usine de parfums dirigée par mademoiselle Marthe (Annie Cordy). Notre homme cherche à séduire la belle Cléo, qui se fait passer pour une hôtesse d'agence de voyages alors qu'elle dirige un réseau de call-girls. Comme M. Genty rêve d'être un truand, un vrai, Cléo va s'arranger pour lui faire rencontrer le chef d'un gang... Celui-ci va mettre M. Genty au parfum tout en tentant de le plumer. Mais Mademoiselle Marthe, amoureuse transie de son patron, veille au grain !

Annie Cordy (image : www.linternaute.com)

Née en 1928 (et décédée en 2020), Annie Cordy (plus de 60 ans de carrière, 600 chansons au répertoire quand même), n'a tourné qu'une quarantaine de films pour le cinéma. C'est en 1953 dans Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry qu'elle apparaît pour la première fois dans un long métrage. Peu après, Annie Cordy retrouve sur grand écran deux acteurs/chanteurs qu'elle a déjà côtoyés à la scène : Bourvil dans Poisson d'avril (Grangier, 1954), puis Luis Mariano (et Bourvil encore) dans Le Chanteur de Mexico (Pottier, 1956). En tête d'affiche de Cigarettes, whisky et p'tites pépées (Régamey, 1958) et de Tête folle (Vernay, 1959), la comédienne semble alors se spécialiser au cinéma dans le comique... disons... facile. D'autant qu'elle joue par quatre fois sous la houlette de Raoul André (Ces dames s'en mêlent, Ces messieurs de la famille, Ces messieurs de la gâchette, 1969, et La Dernière bourrée à Paris).

Annie Cordy dans Le chanteur de Mexico (Pottier, 1956) (image : www.toutlecine.com)

Mais sa prestation poignante et tout en nuances dans Le Passager de la pluie de René Clément en 1969 la fait changer de catégorie. Annie Cordy se voit alors confier des rôles loin d'être rigolos par Claude Chabrol (La Rupture, 1970), Pierre Granier-Deferre (Le Chat, 1970) - avec Jean Gabin et Simone Signoret -, Sergio Gobbi (Les Galets d’Étretat, 1971), Claude Bernard-Aubert (Les Portes de feu, 1971) ou Serge Leroy (Le Mataf, 1973). Dans Rue haute (Ernotte, 1976), en femme hantée par le passé et sombrant peu à peu dans la folie, Annie Cordy est bouleversante.

Jean Gabin et Annie Cordy dans Le chat (Granier-Deferre, 1970) (image : www.toutlecine.com)

Depuis le début des années 80, la comédienne a un peu délaissé le cinéma. En 2006, Annie Cordy n'en est pas moins encore étonnante dans Le Dernier des fous de Laurent Achard (Prix Jean-Vigo 2006), où elle interprète une grand-mère dure à la tête d'une famille où règnent les non-dits et les névroses. Depuis, on l'a vue en mère de Franck Dubosc dans Disco (Onteniente, 2007), en tante belge de Catherine Frot dans Le Crime est notre affaire (P. Thomas, 2008) et en voisine curieuse dans Les Herbes folles (Resnais, 2008). Plus récemment, Annie Cordy a joué une vieille dame riche passant de vie à trépas dans Le Dernier diamant (2013) d'Eric Barbier.

Publié dans Titres à nanars

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