Le Film du jour n°78 : Les temps sont durs pour Dracula

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Vampira

Un film britannique de Clive DONNER (1974) avec David Niven, Teresa Graves, Jennie Linden, Nicky Henson, Freddie Jones...

Au cours des années 70 et 80, les parodies de films avec Dracula se sont multipliées sur les écrans. Outre Les temps sont durs pour Dracula, film où notre ami buveur de sang est interprété par David Niven, Tendre Dracula (Grunstein, 1973), Dracula père et fils (Molinaro, 1976), Les Charlots contre Dracula (Desagnat, 1980) ou, plus récemment, Dracula, mort et heureux de l'être (M. Brooks, 1995) ont osé rire du personnage créé par Bram Stoker et inspiré d'un prince transylvanien du XVe siècle.

Dans Dracula père et fils, Christopher Lee, qui immortalisa pourtant le plus fameux des vampires dans les films du studio britannique Hammer dans les années 50 et 60, joue le papa d'un Bernard Menez peu doué pour le suçage de sang (puisqu'il se casse une canine sur un cadavre congelé à la morgue, le pauvret...). Ah, un instant... on me fait signe... excusez-moi, j'allais oublier, parmi les parodies, l'érotique Dracula, ce vieux cochon (W. Edwards, 1967). Avouez que vous avez failli passer à côté de quelque chose !

Un autre exemple de parodie filmique appliquée au personnage de Dracula !

Si l'on excepte le Nosferatu (1922) de Murnau, le comte Dracula apparut pour la première fois au cinéma sous les traits de Bela Lugosi dans le Dracula (1931) de Tod Browning. Un rôle qui devint une obsession pour l'acteur d'origine hongroise. Réalité ou légende, Lugosi couchait dans un cercueil à la fin de sa vie (comme le montre Ed Wood, le film de Tim Burton) et il fut enterré dans son costume de Dracula... Mais c'est à la fin des années 50 que le personnage déboula en force sur les écrans grâce au studio Hammer et à Christopher Lee.

L'acteur interpréta le vampire aux dents longues dans une longue série de films qui démarre avec Le cauchemar de Dracula (Fisher, 1958). Suivront notamment Dracula, prince des ténèbres (Fisher, 1965), Dracula et les femmes (Francis, 1968), Dracula 73 (Gibson, 1972) et Dracula vit toujours à Londres (1973).

L'inusable Jesus Franco s'intéressa aussi au personnage de Dracula et filma les exploits du comte assoiffé de sang dans Les nuits de Dracula (1970) avec, encore et toujours, Christopher Lee, puis un improbable Dracula, prisonnier de Frankenstein (1972)... Andy Warhol et Paul Morrissey, eux aussi, n'hésitèrent pas à se frotter au mythe avec le semi-parodique Du sang pour Dracula (1974). Dans ce film, Dracula est au bord de la déshydratation sanguine car il n'arrive plus à trouver de jeunes filles vierges pour satisfaire ses besoins... La faute à la libéralisation des mœurs ! A ce jour, les versions cinématographiques les plus fidèles au roman de Bram Stoker restent le Dracula (1979) de John Badham avec Frank Langella dans le rôle-titre, et le Dracula (1992) de Francis Coppola avec Gary Oldman.

Frank Langella dans le Dracula de 1979 signé par John Badham (image : www.toulecine.com)

Les temps sont durs pour Dracula, l'histoire : Bon sang, vous allez rire ! précisait une affiche française du film exploité aussi sous son titre original de Vampira. A mon humble avis, une accroche comme ça... c'est très mauvais signe et cela présage mal de la qualité de l’œuvre. Bref... Dracula profite de sa sinistre popularité pour attirer dans son château des touristes en goguette et organise régulièrement des concours de beauté. Cette louable entreprise cache toutefois un sombre dessein, car notre homme est plus intéressé par le groupe sanguin des finalistes que par leur joli minois ou leur plastique irréprochable. Son objectif : trouver le bon rhésus pour réveiller sa compagne, la comtesse Vampira, tombée cinquante ans plus tôt dans une léthargie complète après avoir sucé un paysan pas frais. Un jour, il déniche le sang qui va bien.

David Niven en Dracula

David Niven endossa le costume de Dracula à la fin d'une carrière cinématographique bien remplie mais sans rôles vraiment marquants.

Né en Écosse en 1910 et passé par l'école militaire de Sandhurst, il exerce différents métiers avant de tenter sa chance à Hollywood en 1935. D'abord confiné à de la figuration dans de petits westerns, il se fait rapidement repérer par sa distinction toute britannique et son élégance naturelle. Il enchaîne alors les rôles d'amis fidèles du héros, officiers intègres, bien élevés et finement moustachus, toujours prêts à se sacrifier et à s'effacer devant plus malin, plus flamboyant ou... plus sexy. On le voit ainsi dans La charge de la brigade légère (Curtiz, 1936) emmenée par Errol Flynn, Le prisonnier de Zenda (Cromwell, 1937) joué par Ronald Colman, La huitième femme de Barbe-Bleue (Lubitsch, 1938) interprété par Gary Cooper, ou Les Hauts de Hurlevent (Wyler, 1939) avec Laurence Olivier.

David Niven tout en élégance british (image : www.easyandelegantlife.com)

Après la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il s'est engagé dans les commandos de Sa Majesté, sa filmographie s'enfonce dans le banal jusqu'au milieu des années 50. De cette période surnage le film britannique Une question de vie ou de mort (Powell et Pressburger, 1946), chef-d'oeuvre de William Powell et Emeric Pressburger où David Niven interprète un aviateur navigant entre les mondes réel et imaginaire. L'acteur est également à l'affiche de la comédie scabreuse d'Otto Preminger, La lune était bleue (1953), où il joue un coureur de jupons plutôt mûr tombant sous le charme d'une nymphette. Le film lui vaut d'ailleurs le Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie.

David Niven joue le papa de Jean Seberg dans Bonjour tristesse (Preminger, 1957) (image : www.toutlecine.com)

Ce n'est qu'à la fin des années 50, rattrapé par la maturité, que David Niven va trouver ses meilleurs rôles : Phileas Fogg dans Le tour du monde en 80 jours (Anderson, 1956), oisif couvert de femmes dans Bonjour tristesse (1957) - adaptation du roman de Françoise Sagan signée Otto Preminger -, faux héros rattrapé par son passé d'obsédé sexuel dans Tables séparées (Delbert Mann, 1958) (un rôle qui lui permet de décrocher l'Oscar du meilleur acteur), chef de commando dans Les canons de Navarone (Lee Thompson, 1961), diplomate victorien dans Les 55 jours de Pékin (Ray, 1963), distingué voleur de bijoux dans La Panthère rose (Edwards, 1963). Dans ce dernier film, il se fait toutefois voler la vedette par Peter Sellers... David Niven se glisse également sans problème dans l'univers policé et guindé d'Agatha Christie en jouant dans Mort sur le Nil (Guillermin, 1978).

David Niven et Peter Ustinov dans Mort sur le Nil (Guillermin, 1978) (image : www.movieactors.com)

Décédé en 1983, David Niven a fait ses dernières apparitions à l'écran dans deux suites de La Panthère rose filmées par Blake Edwards en 1982 : A la recherche de la Panthère Rose et La malédiction de la Panthère rose. Côté cinéma français, on notera qu'il a côtoyé Bourvil et Belmondo dans Le cerveau (1969) de Gérard Oury.

Publié dans Titres rigolos

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