Le Film du jour n°75 : Accroche-toi, y a du vent !
Titre italien : Il segugio
Un film franco-italien de BERNARD-ROLAND (1961) avec Henri Salvador, Francis Blanche, Valeria Fabrizi, Mommo Larotenuto, Nino Taranto...
Le réalisateur du Film du jour, de son vrai nom Bernard-Roland Bourriquet (1910-1987), est aujourd'hui complètement oublié. Sans doute à tort. Certes, Accroche-toi, y a du vent ! ne mérite pas que l'on se relève la nuit pour le visionner, loin de là. Mais, selon Les oubliés du cinéma français de Claude Beylie et Philippe d'Hugues (ouvrage paru aux éditions Cerf), sa filmographie compte quelques perles injustement disparues de la mémoire des cinéphiles. Parmi celles-ci, un excellent film intitulé Portrait d'un assassin (1949) - récemment diffusé sur Ciné Cinéma Classic - et situé dans les milieux du cirque. Eric von Stroheim, Arletty, Pierre Brasseur et la bomba latina (pour l'époque !!!) Maria Montez y sont remarquables. A noter que le vilain canard de l'histoire s'appelle... Fabius (sans commentaires).
Bernard-Roland aurait par ailleurs signé, avec Le dernier combat (1942) - rien à voir avec le premier long métrage de Luc Besson -, un "agréable film sur la boxe", et, avec Le soleil de minuit (1943), une "épopée rocambolesque ayant pour cadre les dessous de la révolution bolchevique". L'étonnant Saturnin Fabre y fait, paraît-il (mais c'est son habitude), une prestation inoubliable.
La Collection Ménard (1944), le meilleur film de Bernard-Roland (image : www.thyssens.com)
Selon Beylie et d'Hugues, La Collection Ménard (1944) apparaît comme le chef-d'oeuvre de Bernard-Roland. Pochade farfelue, ce film raconte les mésaventures d'une orpheline indochinoise qui vient à Paris pour y dénicher son père. Elle ne connaît toutefois que son nom de famille - Ménard donc (y en a qui suivent ?) - et se voit obligée de rendre visite à des Ménard tous plus chtarbés les uns que les autres. La palme du délire revient à Jean Brochard en "guide désœuvré d'un musée dédié à la géométrie non euclidienne". Bernard-Roland a également signé Le couple idéal (1945), une parodie "au rythme endiablé" des serials qui pullulaient sur les écrans de cinéma dans les années 10 et 20 (comme le Fantomas de Louis Feuillade), ainsi qu'un polar très noir et morbide avec Philippe Clay et Sami Frey (La nuit des traqués, 1959). A partir des années 50, il s'est essentiellement consacré à la production.
Accroche-toi, y'a du vent ! l'histoire : Le film décrit les différentes péripéties de deux gangs rivaux qui tentent de retrouver le cadavre d'un quidam dont la jambe artificielle recèle un important stock de drogue... Les détails scabreux abondent. On croise même un employé de pompes funèbres nécrophile !
Henri Salvador dans Accroche-toi, y a du vent
Vedette de Accroche-toi, y a du vent, Henri Salvador, né en 1917 à Cayenne et décédé le 13 février 2008, a peu emprunté les voies du cinéma.
Jouissant d'une très grande popularité au Brésil pendant la Seconde Guerre mondiale, popularité gagnée lors d'une tournée avec l'orchestre de Ray Ventura qui l'avait embauché quelques années auparavant, Henri Salvador tourna son premier film en 1945 au pays des Cariocas (Le moulin des Andes/Le fruit mordu de Jacques Rémy).
De retour en France, on l'aperçoit dans les bandes que Jean Boyer (voir Les croulants se portent bien) met en boîte avec Ray Ventura et son orchestre (Mademoiselle s'amuse, 1947 ; Nous irons à Paris, 1949).
Ses rôles au cinéma se comptent par la suite sur les doigts des deux mains. On citera Bonjour sourire (Sautet, 1955), Candide ou l'optimisme au XXe siècle (Carbonnaux, 1959), Un clair de lune à Maubeuge (Chérasse, 1962), Tartarin de Tarascon (signé par Francis Blanche himself, 1962), Les malabars sont au parfum (Lefranc, 1965), Et qu'ça saute ! (Lefranc, 1969).
Henri Salvador et Annie Cordy (en mauvaise posture) dans Bonjour sourire (Sautet, 1955) (image: www.linternaute.com)
Si Henri Salvador a marqué de son empreinte indélébile la chanson française, il n'a pas laissé de grande trace dans l'histoire du cinéma... A noter que c'est lui qui a composé la musique de Accroche-toi, y a du vent ! Tout le monde s'en fout, mais je le dis quand même !
Ci-dessous, un extrait de Nous irons à Paris (Boyer, 1949) avec Henri Salvador et l'orchestre de Ray Ventura :