Le Film du jour n°72 : Ne prends pas les poulets pour des pigeons

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Jean ROLLIN (alias Michel GENTIL) (1985) avec Jean-Marie Vauclin, Jean-Claude Benhamou, Popeck, Michel Galabru, Gérard Landry...

Derrière le pseudonyme de Michel Gentil, le réalisateur de Ne prends pas les poulets pour des pigeons, se cache en réalité le cinéaste Jean Rollin, plus connu pour ses films qui mêlent, pour le plus grand bonheur de ses fans, vampirisme et érotisme. Bien que les œuvres de Jean Rollin (1938-2010) soient considérées d'une nullité crasse par certains critiques "officiels", l'homme est néanmoins adulé et hissé au rang de réalisateur culte par bon nombre d'aficionados nullement rebutés par les obsessions récurrentes du cinéaste, le rythme extrêmement lent de ses longs métrages et le jeu "particulier" d'une partie du casting.

Passionné dès sa plus tendre enfance par les serials américains et les séries B, l'homme (qui a utilisé divers pseudos comme Michel Gentil, Mike Gentle, J.A. Lazer, J.A. Lazar ou Robert Xavier durant sa carrière) se lance en 1967 dans le genre fantastique avec Le viol du vampire, un film qui fait scandale à l'époque. Il continue sur sa lancée avec La vampire nue (1969), Le frisson des vampires (1970), Vierges et vampires (1971), Requiem pour un vampire (1971), La rose de fer (1972), Les démoniaques (1973), métrage connu également sous le nom de Deux vierges pour Satan, puis Lèvres de sang (1974).

On l'aura donc compris, les films de Jean Rollin se caractérisent par leur unité thématique et esthétique : érotisme de l'innocence, jeunes filles en péril, mondes ésotériques parallèles (le réalisateur se déclare très influencé par le surréalisme), cimetières déserts, châteaux en ruine, horloges "habitées", éternelle plage de Pourville-lès-Dieppe, diction très particulière des acteurs (des mauvaises langues vont jusqu'à dire que, chez Jean Rollin, on parle "faux" comme chez Rohmer...). Mais les moyens financiers dont Jean Rollin dispose restent, malheureusement pour lui, très limités.

Les jumelles Cathy et Marie-Pierre Castel dans Lèvres de sang (Rollin, 1974) (image : www.toutlecine.com)

A partir de 1973, Jean Rollin change son fusil d'épaule et passe aux films pornos soft puis hard jusqu'en 1985. Son premier hit sur ce créneau ? Tout le monde, il en a deux ! (1973). Poésie quand tu nous tiens. Le réalisateur reviendra temporairement au cinéma traditionnel en enchaînant coup sur coup deux films avec notre Brigitte Lahaie nationale, elle aussi en rupture momentanée avec la filière X. Intitulés Les raisins de la mort (1978) et Fascination (1979), ces deux longs métrages restent à ce jour les plus gros succès de Jean Rollin au box-office.

On retrouvera également Brigitte Lahaie dans la plupart des bandes tournées ultérieurement par "l'Ed Wood français" (comme certains petits vilains n'hésitent pas à le surnommer) et notamment dans La nuit des traquées (1979), Les deux orphelines vampires (1995) et La fiancée de Dracula (1999) (quand je vous dis que cet homme a une idée fixe...). Ce dernier film est considéré par les "spécialistes" comme le meilleur de Jean Rollin, qui s'y affirme "comme l'un des rares vrais poètes du cinéma français" (dixit Laurent Aknin dans Cinéma bis : 50 ans de cinéma de quartier, paru aux éditions Nouveau Monde).

Brigitte Lahaie en faucheuse dans Fascination (Rollin, 1979) (image : www.toutlecine.com)

Sachez enfin que la plupart de films de Jean Rollin, décédé le 15 décembre 2010, passent régulièrement sur la chaîne câblée CinéFX qui diffuse aussi le dernier long métrage réalisé à ce jour par le cinéaste, La nuit des horloges (2007), film qui n'a pas eu la chance de connaître une sortie en salles. Avec le concours d'Ovidie, une actrice que les amateurs de films X connaissent bien, Jean Rollin signe là une sorte de testament cinématographique en revenant sur ses thématiques fétiches et en glissant de nombreux extraits de ses œuvres précédentes. Le réalisateur a aussi signé un très intéressant livre de souvenirs intitulé MoteurCoupez ! Mémoires d'un cinéaste singulier, ouvrage paru chez l'éditeur e/dite.

Ovidie dans La nuit des horloges (Rollin, 2007) (image : www.citizenpoulpe.com)

Ne prends pas les poulets pour des pigeons, l'histoire : Nul et affligeant à pleurer, Ne prends pas les poulets pour des pigeons est à ranger au rayon des nanars intersidéraux soi-disant comiques qui ont pullulé sur les écrans français dans les années 80. Disons, grosso modo, qu'il s'agit pour deux flics gaffeurs de démanteler un réseau de drogue qui prospère du côté de la Côte d'Azur. Les péripéties s'enchaînent sans aucun souci de cohérence, le scénario étant rongé aux mites !

Jean-Marie Vauclin (image : www.bide-et-musique.com)

Il faut dire un mot sur Jean-Marie Vauclin, acteur "principal" de Ne prends pas les poulets pour des pigeons. Entre 1978 et 1985, il a enchaîné sans mollir les rôles dans tout ce que le nanar à la française compte de chefs-d’œuvre sous-estimés. On l'aperçoit ainsi dans des bidasseries sinistres comme Les bidasses au pensionnat (Vocoret, 1978), Les surdoués de la 1re compagnie (Gérard, 1981) ou Les planqués du régiment (Caputo, 1983), et dans les débilités sans nom de Richard Balducci (N'oublie pas ton père au vestiaire, 1982 ; Salut la puce, 1983 ; On l'appelle Catastrophe, 1983 ; Y a pas le feu, 1984 ; Banana's Boulevard, 1984 ; Le facteur de Saint-Tropez, 1985).

Jean-Marie Vauclin, qui n'hésite pas à pousser aussi la chansonnette (allez faire un tour sur le site Bide et Musique pour un échantillon...), figure aussi dans les distributions distinguées de Salut j'arrive (Poteau, 1981), T'es folle ou quoi ! (Gérard, 1981), Ça va pas être triste (Sisser, 1982) et Comment draguer tous les mecs (Feuillebois, 1984).

Un autre exemple de nanar avec Jean-Marie Vauclin au générique (image : www.cinema-francais.com)

L'acteur a aussi fait dans le film un tantinet leste en jouant dans L'immorale (Mulot, 1980), Joy (Bergon, 1983) et Les Brésiliennes du bois de Boulogne (Robert Thomas, 1984). Précisons que Robert Thomas est mondialement connu pour son diptyque Mon curé chez les nudistes - avec Paul Préboist - et Mon curé chez les Thaïlandaises - avec Maurice Risch. Enfin, signalons la présence de Jean-Marie Vauclin dans un Max Pecas (ah, quand même !) (On n'est pas sorti de l'auberge, 1982) et dans cette tentative de comédie musicale franchouillarde qu'est Tous vedettes (1979) de Michel Lang avec... Leslie Caron. Malheureusement pour elle, on est à cent lieues d'Un Américain à Paris et de Gigi...

Ci-dessous, la première partie d'un documentaire sur Jean Rollin signé par Claude Girard et Jérôme Vincent :

Publié dans Titres à nanars

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I
il a aussi fait chanter dans chagrin d'amour !!!!!<br /> refrain !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! <br /> https://www.youtube.com/watch?v=gJkySLfjfdM
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