Le Film du jour n°7 : Quand les femmes avaient une queue
Titre original: Quando le donne avevano la coda
Un film italien de Pasquale FESTA CAMPANILE (1970) avec Giuliano Gemma, Senta Berger, Lando Buzzanca, Frank Wolff, Paola Borboni...
Une fois n'est pas coutume, à la différence des longs métrages transalpins déjà chroniqués ici (Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle, La Zézette plaît aux marins), Quand les femmes avaient une queue est bien la traduction exacte du titre italien. Le côté salace du titre français ne résulte donc pas d'un nouveau méfait de distributeurs hexagonaux en mal d'imagination, bonshommes toujours prompts à utiliser les moyens les plus vils pour attirer dans les salles le cinéphile un tantinet libidineux.
Décédé en 1986 à l'âge de 59 ans, le réalisateur du film, Pasquale Festa Campanile, était de fait un spécialiste des sujets égrillards et ses œuvres frôlent souvent le scabreux voire le sacrilège. "Mes films, disait-il, sont des comédies paradoxales qui ne sont pas le miroir des mœurs, mais leur dépassement." Également scénariste (il obtint en 1958 le Prix du scénario au festival de Cannes pour Les Jeunes maris de Mauro Bolognoni), il passe à la mise en scène en signant coup sur coup deux films avec des vedettes françaises : Amour sans lendemain (1963) avec Jean-Marc Bory et Françoise Prévost, puis Avec amour et avec rage (1964) avec Sami Frey et Catherine Deneuve.
Mon curé va en boîte (1980), une autre perle dans la filmographie de Pasquale Festa Campanile
Dans la filmographie bien garnie de Pasquale Festa Campanile, on notera quelques titres assez imagés comme Le Sexe des anges (1964) avec Anouk Aimée à l'affiche, L'Amour à cheval (1968) avec Jean-Louis Trintignant et Catherine Spaak, Ma femme est un violon (1971) avec Laura Antonelli, En 2000, il conviendra de bien faire l'amour (1975) avec Agostina Belli ou Mon curé va en boîte (1980) avec Adriano Celentano.
esta Campanile a également donné une suite à Quand les femmes avaient une queue, intitulée Quando le donne persero la coda. Je ne suis pas très doué en italien, mais ça doit vouloir dire quelque chose comme "Quand les femmes ont perdu leur queue". Sans commentaires.
Quand les femmes avaient une queue, l'histoire : A l'époque de la préhistoire, sept frères grandissent sur une petite île sans même se douter (les pauvres...) qu'il existe d'autres êtres humains. Un jour, ils font la rencontre d'une femme... Le choc est inévitable.
Giuliano Gemma et Senta Berger dans Quand les femmes avaient une queue. La préhistoire avait du bon (image : www.ivid.it)
L'héroïne de Quand les femmes avaient une queue n'est autre que la sublime actrice d'origine autrichienne Senta Berger. Née en 1941, la jeune femme débute sur grand écran dès le milieu des années 50 et enchaîne rapidement les petites rôles dans des films autrichiens et allemands.
En 1961, on remarque déjà sa beauté fulgurante dans Le Dernier passage de Phil Karlson, production américaine tournée au pays de Sissi. Dès le début des années 1960, Senta Berger se hisse au rang de vedette du cinéma allemand en enchaînant comme une stakhanoviste les comédies (Ma femme est une call-girl, Schündler, 1961 ; Ramona, Martin, 1961) et les polars, souvent adaptés des romans d'Edgar Wallace ou de Conan Doyle, comme Le Secret des valises noires (Klingler, 1961) ou Sherlock Holmes et le collier de la mort (Fisher, 1962) (avec Christopher Lee dans le rôle du célèbre détective). En 1963, elle est également la star féminine du diptyque exotique de Mario Camerini, Kali Yug, déesse de la vengeance et Le mystère du temple hindou.
Senta Berger encore et toujours... on ne s'en lasse pas (image : digilander.libero.it)
Cette même année 1963, Senta Berger accède au vedettariat international en côtoyant un aréopage d'actrices de tous horizons dans Les Vainqueurs de Carl Foreman, film où Melina Mercouri, Jeanne Moreau, Rosanna Schiaffino, Romy Schneider et Elke Sommer pointent aussi au générique. En 1964, elle rallie Hollywood et rencontre un certain succès dans des rôles sans réelle épaisseur auprès de stars masculines comme Charlton Heston (Major Dundee, Peckinpah, 1964) ou Kirk Douglas (L'Ombre d'un géant, Shavelson, 1966).
Après 1967, la carrière cinématographique de Senta Berger devient, il faut bien le dire, assez erratique et oscille entre films d'action américains plus ou moins parodiques (Matt Helm traqué, Levin, 1967, avec Dean Martin), coproductions européennes aujourd'hui bien oubliées (Peau d'espion, 1966, Molinaro ; Opération San Gennaro, Risi, 1966) et polissonneries plus ou moins teutonnes (Le Divin marquis de Sade, Endfield, 1969).
On croise aussi l'actrice chez Julien Duvivier (Diaboliquement vôtre, 1967, où elle fait face à Alain Delon), chez Comencini (Casanova, un adolescent à Venise, 1969) ainsi que dans un drame d'Yves Boisset (Le Saut de l'ange, 1971).
Senta Berger et Alain Delon dans Diaboliquement vôtre (1967), le dernier film réalisé par Julien Duvivier
Dans les années 1970, Senta Berger tourne certes pour Wim Wenders (La Lettre écarlate, 1972), mais se cantonne de plus en plus au cinéma italien en touchant un peu à tous les genres : critique du monde médical (Bistouri, la mafia blanche, Zampa, 1972), thriller psychologique (La Trancheuse infernale, Tessari, 1974), film à sketchs (Mesdames et messieurs, bonsoir, Scola/Monicelli/Comencini/Magni), évocation olé-olé de l'Italie fasciste (Mœurs cachées de la bourgeoisie, Cervi, 1976), etc.
Depuis le début des années 1980, Senta Berger travaille toujours beaucoup mais... essentiellement pour les télévisions germanophones, hélas pour nous !