Le Film du jour n°69 : Les 69 Dalmatiennes
Titres originaux : Blutjung und liebeshungrig ou Die liebestollen Apothekerstöchter
Un film allemand de Franz ANTEL (1972) avec Sybil Danning, Rinaldo Talamonti, Eva Garden, Sascha Hehn...
"69, année érotique", nous susurraient déjà Jane Birkin et Serge Gainsbourg. Pour le numéro 69 du Film du jour, c'eût été trop ballot de passer à côté de ce nombre... disons... évocateur. Voici donc les fameuses 69 Dalmatiennes, une sorte de pendant féminin aux célèbres toutous mouchetés trottant gaiement dans Les 101 dalmatiens (1961) de Walt Disney.
En fait, Les 69 Dalmatiennes n'est pas le titre original de ce film érotico-soft signé par le réalisateur autrichien Franz Antel et intitulé à sa sortie en 1972 Les folles filles du pharmacien. Ce n'est en effet qu'en 1981, après insertion de scènes X (tournées par des actrices "spécialisées" ne figurant pas au générique du film original), que le long métrage prendra ce titre incongru... Y a plus de respect pour rien, ma pauvre dame...
Avant de se lancer dans le film érotique, le réalisateur Franz Antel était spécialisé dans la sucrerie viennoise... (image : www.encyclocine.com)
Né en 1913 et décédé le 11 août 2007 après une carrière bien remplie, Franz Antel a enchaîné dans les années 50 et 60 des comédies et des opérettes à audience purement germanophile du type Le congrès s'amuse (1956), remake d'un célèbre film de 1931 tourné par le grand studio allemand UFA, ou Le chant du bonheur (1957), précurseur de la quasi insupportable Mélodie du bonheur (Wise, 1965).
Toutefois, dès la fin des années 60, notre réalisateur viennois s'était engagé à fond dans le film érotique à tendances comiques ; il en avait d'ailleurs profité pour signer certains de ses méfaits sous le pseudonyme nettement plus glamour de... François Legrand. On lui doit ainsi Mieux vaut faire l'amour (1968) - où batifolent son actrice fétiche Teri Tordai (ou Terry Torday, comme on veut), Mike Marshall (le fils de Michèle Morgan) et Pascale Petit - ou bien encore Oui à l'amour, non à la guerre (1969), avec l'américain Jeffrey Hunter (partenaire quand même de John Wayne et de Natalie Wood dans La prisonnière du désert de John Ford en 1956), Pascale Petit (à nouveau...) et l'inévitable sexy girl Edwige Fenech, déjà évoquée ici (voir Tais-toi quand tu parles).
Réalisé par Franz Antel en 1969, ce film a pour titre français Oui à l'amour, non à la guerre. Le Film du jour ne peut que souscrire !
Pour le fun, citons encore, et toujours avec Teri Tordai, Les petites chattes se mettent au vert (1969), La tour de Nesle (1969) (avec un Jean Piat en vacance de la série TV Les rois maudits...) et L'auberge des plaisirs (1969) (il en a mis un rayon le père Legrand en 1969...). Dans ce dernier film passent également Edwige Fenech, jamais en reste pour faire admirer sa formidable poitrine, et la tout aussi savoureuse Margaret Lee, déjà évoquée dans New York appelle Super Dragon et membre émérite du club des Insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock. Quelque temps après Les 69 Dalmatiennes, Franz Antel commettra Treize femmes pour Casanova, avec, jugez plutôt du casting, Tony Curtis, Jean Lefebvre, Marisa Berenson, Andréa Ferréol et... Gérard Jugnot. Autant dire un must pour le "nanarophile" hargneux !
Les 69 Dalmatiennes, l'histoire : que du classique, du vrai, du grand ! Deux des filles d'un pharmacien, fort portées sur les choses de l'amour, veulent faire connaître à leur aînée les bonheurs de la bagatelle...
Sybil Danning (image : www.hollywoodcultmovies.com)
Héroïne de ce chef-d’œuvre impérissable que sont Les 69 Dalmatiennes, Sybil Danning est née Sybille Danninger en 1949 au pays de Sissi. Fille d'une Autrichienne et d'un soldat américain en garnison, elle passe sa tendre jeunesse entre sa terre natale et les États-Unis. "Blonde altière à la forte poitrine", elle est remarquée par des photographes de mode et profite de l'aubaine pour passer devant la caméra.
Elle débute dans le délicat Viens, mon petit oiseau (1968) de Rolf Thiele, éclate dans Les fantaisies érotiques de Siegfried (Friedman & Hoven, 1971) et s'impose dans des productions germaniques polissonnes à connotation "sociologique". Les titres sont un régal à eux tout seuls : Rapport sur la vie sexuelle de la ménagère (Schroeder, 1971), J'ai avorté, Monsieur le procureur (Houwer & Schroeder, 1971), Les jeux olympiques du sexe (R. Thiele, 1972), Les amours clandestines d'une aristochatte (Billian, 1972), etc. Sa carrière est lancée.
Après une incursion dans le giallo transalpin (L'oeil du labyrinthe, Caiano, 1972), Sybil Danning va se retrouver dans des superproductions à vocation internationale comme Barbe-Bleue (Dmytryk, 1972) aux côtés de Richard Burton, Raquel Welch et... Jean Lefebvre, ou comme Les trois mousquetaires (Lester, 1973), version du roman d'Alexandre Dumas avec, notamment, Oliver Reed, Michael York, Faye Dunaway, Raquel Welch, Charlon Heston et le regretté Jean-Pierre Cassel.
Elle fait aussi un petit détour par la France avec des apparitions dans Opération Lady Marlène (1975) de Robert Lamoureux, Folies bourgeoises (1976) de Claude Chabrol et SAS à San Salvador (1982) de Raoul Coutard. Autant dire que cette parenthèse francophone n'ajoute rien à la gloire de la miss. Sybil Danning joue aussi aux côtés de Sean Connery et de Natalie Wood dans le miteux Meteor (Neame, 1979) et côtoie notre Delon national et l'emmanuelle Sylvia Kristel dans Airport 80: Concorde (Rich, 1979).
Sybil Danning dans Hurlements 2 (Mora, 1985) (image : www.austintownhall.com)
La série B à petit budget reste toutefois son terrain de prédilection. Sybil Danning se distingue ainsi dans des sous-Conan le barbare comme Hercule (Cozzi, 1980) ou Les sept gladiateurs (Mattei & Fragasso, 1983), tous deux avec le culturiste "génial dans l'inexpressivité" Lou Ferrigno (le Hulk de la série TV).
On retiendra aussi ses prestations dans l'ultrafauché Les mercenaires de l'espace (Mirakami, 1980) (avec un Robert Vaughn complètement hagard), dans le film de prisons de femmes Les anges du mal (Nicholas, 1983) (où elle fiche la correction de sa vie à Linda Blair, l'ex-gamine de L'exorciste pourtant habituée aux mauvais traitements...) ainsi que dans le mémorable Hurlements 2 (Mora, 1985), où sa poitrine est dévoilée une quinzaine de fois pendant le générique de fin !!!
Sybil Danning en 2006, toujours en forme(s) ! (image : www.wikimedia.org)
Retirée des écrans à la fin des années 80 et désormais productrice, elle file aujourd'hui le parfait amour avec un milliardaire allemand. Fans des héroïnes de séries B, Quentin Tarantino et Robert Rodriguez lui ont confié en 2006 un petit rôle dans les (fausses) bandes-annonces qui accompagnèrent la sortie américaine de leur diptyque Boulevard de la mort / Planète terreur, hommage au cinéma d’exploitation des années 70 et 80. Le spécialiste des films d'horreur à tendance trash Rob Zombie (La maison des 1000 morts, 2002 ; The Devil's Rejects, 2005) a fait également appel à Sybil Danning pour son remake de Halloween (elle y joue l'infirmière trucidée par le jeune Michael Myers si mes souvenirs sont bons).