Le Film du jour n°68 : La course à la mort de l'an 2000

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Death race 2000

Un film américain de Paul BARTEL (1975) avec David Carradine, Sylvester Stallone, Mary Woronov, Martin Kove, Simone Griffith, Roberta Collins...

Petit bijou d'humour noir, La course à la mort de l'an 2000 est un film typique des productions de Roger Corman, qui fut un metteur en scène de films à petit budget "vite faits bien faits" durant les années 50 et 60. Devenu producteur à l'orée des années 60, c'est lui qui fera débuter les réalisateurs Francis Coppola, Monte Hellman, Curtis Harrington, Peter Bogdanovitch, John Milius, Martin Scorsese et Joe Dante. Rien que ça !

Pour tous ses protégés, les règles étaient les mêmes : budget serré (pour ne pas dire dérisoire), violence outrancière, filles dénudables à merci et durée filmique réduite... Tous ces ingrédients se retrouvent dans La course à la mort de l'an 2000, un film politiquement incorrect qui s'attache à décrire les péripéties d'une course automobile transcontinentale américaine quelque peu originale...

L'un des bolides lancés dans La course à la mort de l'an 2000 (on distingue David Carradine à gauche) (image : www.toutlecine.com)

La course à la mort de l'an 2000 est signé par l'acteur-réalisateur Paul Bartel (1938-2000), vu notamment dans Piranhas (Dante, 1978), Dressé pour tuer (Fuller, 1982), Gremlins 2, la nouvelle génération (Dante, 1990), Usual Suspects (Singer, 1995) et Los Angeles 2013 (Carpenter, 1996). Comme metteur en scène, on doit également à Paul Bartel Cannonball ! (1976), film où l'on retrouve David Carradine et qui joue aussi la carte du road movie fonçant à 200 à l'heure (mais dans une mouture très affadie par rapport à son long métrage précédent).

Cannonball (1976) - à ne pas confondre avec L'équipée du Cannonball (Needham, 1981) - est un autre film de bolides signé Paul Bartel (image : www.nanarland.com)

Interprète fétiche de John Waters (Pink Flamingos, 1972, avec la fameuse crotte de chien fumante gobée avec délectation...), le travesti Divine fera des infidélités à son mentor en jouant dans le tout aussi poétique Lust in the dust (1985) de Paul Bartel. Ce film narre les déboires d'un aventurier du Far West chargé de reconstituer une carte au trésor... Oui, mais voilà, les morceaux du puzzle sont des tatouages imprimés sur les aimables postérieurs d'une patronne de saloon mafflue et de sa chanteuse favorite. On imagine sans peine l'appétissant tableau !

Divine (à droite) à l'affiche de Lust in the Dust (1985) de Paul Bartel

La course à la mort de l'an 2000, l'histoire : Nous sommes en l'an 2000. Les États-Unis ont sombré dans la barbarie. Chaque année est organisée une course de voitures transcontinentale où l'objectif est non seulement d'arriver le premier mais également d'engranger le maximum de points. Des points gagnés en écrabouillant tout ce qui bouge, et plus les humains écrasés sont sans défense (vieillards, enfants, malades, handicapés, etc.), plus on marque !

Parmi les participants à cette fameuse course, on retrouve Joe Viterbo dit Mitraillette (alias Sylvester Stallone, un an avant d'accéder à la gloire internationale avec Rocky) et le dénommé Frankenstein, plusieurs fois accidenté et tout recousu (David Carradine). Mais il y a aussi le méchant Néron et deux femmes, aussi teigneuses que les mâles, surnommées Calamity Jane et Matilda la nazie (tout à fait charmants, vos petits noms, les filles !). Un groupuscule révolutionnaire écologiste tente toutefois de faire capoter la compétition... et l'un des concurrents s'avérera un sympathisant ! Mais qui donc, me direz-vous ? Ah, ben, faudra voir le film...

Petit exemple d'humour noir distillé par La course à la mort de l'an 2000 : les infirmières d'un hôpital alignent des malades sur la chaussée afin d'attribuer des points faciles à leur copain Frankenstein, lequel, lorsqu'il passera au volant de son bolide, en profitera pour faucher aussi les assistantes médicales ! Y a pas de petits profits ! Ajoutons que le raté Course à la mort (P. Anderson, 2007) avec Jason Statham est un remake avoué du film de Paul Bartel.

David Carradine (image : leblogcine.fr)

Né le 8 décembre 1936 et décédé le 4 juin 2009, l'acteur américain David Carradine est le fils du grand acteur fordien John Carradine (La chevauchée fantastique, Les raisins de la colère, L'homme qui tua Liberty Valance, Les Cheyennes) et le frère du comédien Keith Carradine (Nashville, Altman, 1975 ; Les duellistes, R. Scott, 1977 ; La petite, Malle, 1978 ; Maria's Lovers, Konchalovsky, 1984). Il avait débuté à la télévision dans des séries qui lui valurent une très grande popularité (comme, bien évidemment, Kung Fu).

David Carradine, inoubliable en Petit Scarabée dans la série TV Kung-Fu

La carrière cinématographique de David Carradine avait démarré en 1964 mais avait véritablement pris de l'ampleur au début des années 70. Il joue un syndicaliste anarchiste chez Scorsese (Boxcar Bertha, 1972), film dans lequel l'acteur croise la jolie Barbara Hershey avec qui il vécut trois ans et eut un fils (voir aussi Il y a un homme dans le lit de maman).

"Petit Scarabée" fit également partie de la distribution de Mean Streets (Scorsese, 1973), travailla pour Robert Altman (Le privé, 1973), interpréta le chanteur folk Woody Guthrie dans En route pour la gloire (Ashby, 1976) et tourna même avec le grand Ingmar Bergman dans L’œuf du serpent (1977) (il y est un Juif américain confronté à la montée du nazisme dans l'Allemagne du début des années 30). Par la suite, drogue, alcool et conquêtes féminines multiples aidant, David Carradine se perdit quelque peu dans les films d'aventures, d'horreur ou de science-fiction de série B, voire Z.

David Carradine dans L’œuf du serpent (1977) d'Ingmar Bergman (image : www.toutlecine.com)

Parmi une filmographie pléthorique (et quasi inconnue en France) à partir de la fin des années 70, on peut citer Les gladiateurs de l'an 3000 (Suso & Arkush, 1977), Épouvante sur New York (Cohen, 1982), Œil pour œil (Carver, 1983) - où il affronte l'excellent Chuck Norris -, Dans les bras de l'enfer (Amir, 1986), Armés pour répondre (en voilà un titre qu'il est bô...) (Olen Ray, 1986), etc. Alors qu'il était quasiment oublié, Quentin Tarantino, grand amateur du cinéma de genre, fit revenir David Carradine au premier plan dans les deux volets (et le rôle-titre) de Kill Bill (2003 et 2004).

David Carradine, qui avait dirigé lui-même trois longs métrages, fit un petit clin d’œil au cinéma français en apparaissant subrepticement en... professeur d'arts martiaux (on ne se refait pas) dans Je te tiens, tu me tiens la barbichette (1979) de Jean Yanne. Au moment de sa mort, l'acteur terminait le tournage d'un film produit par MK2 et dirigé par le réalisateur français Charles de Meaux. Avec également les très bons Nicolas Duvauchelle et Nicolas Cazalé à l'affiche, Stretch est sorti sur les écrans français début 2011.

Publié dans Titres abscons

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