Le Film du jour n°53 : Certains l'aiment... froide !

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Jean BASTIA (1959) avec Louis de Funès, Mathilde Casadesus, Pierre Dudan, Francis Blanche, Jean Richard, Robert Manuel, Noël Roquevert...

Le titre du Film du jour, connu également sous le titre Les râleurs font leur beurre, évoque inévitablement Certains l'aiment chaud. Le chef-d’œuvre de Billy Wilder sorti cette même année 1959 avec, dans les rôles principaux, Jack Lemmon, Tony Curtis et, bien sûr, Marilyn Monroe (accompagnée de son inoubliable ukulélé). Comédie au rythme trépidant et hymne à la tolérance (Billy Wilder et ses deux acteurs masculins jonglent avec le travestissement et l'ambiguïté sexuelle), Certains l'aiment chaud est désormais considéré comme un film mythique. Et sa dernière réplique ("Personne n'est parfait") est devenue légendaire.

Nous autres à Champignol (1956), le premier film réalisé par Jean Bastia (image : www.cinema-francais.fr)

Sans atteindre ces sommets (ça se saurait...), Certains l'aiment froide s'avère néanmoins un bon film d'humour noir, emmené par un excellent Louis de Funès. Né en 1919 et décédé en 2005, son réalisateur, Jean Bastia, était un spécialiste de la comédie à la française. D'abord assistant-réalisateur sur de nombreux longs métrages de Jean Boyer, il signa la série des Champignol (Nous autres à Champignol, 1956, Le gendarme de Champignol, 1959, Le caïd de Champignol, 1965), trois films qui suivent les aventures d'un paysan ahuri, d'après un personnage créé par Jean Richard au cabaret.

On doit également à Jean Bastia un film d'aventures exotiques qui se laisse regarder (Les aventuriers du Mékong, 1957, avec la capiteuse Dominique Wilms) et un "western" plutôt médiocre avec Fernandel (Dynamite Jack, 1961). Après 1970, Jean Bastia réalisa le film érotique ...Et mourir de désir (1973) à l'époque où cette occupation (réaliser des films érotiques..., pas mourir de désir...) était très à la mode en France (voir Certaines chattes n'aiment pas le mou). Puis le bonhomme vira carrément dans le porno en signant à 56 ans Les heures brûlantes du plaisir (1975), connu également sous le titre Les espionnes du diable... Depuis, plus rien...

Sur la fin de sa carrière de réalisateur, Jean Bastia céda à la vague érotique...

Certains l'aiment froide, l'histoire : Le 4 juillet 1759, un riche vieillard passe l'arme à gauche. Pour se venger de ses héritiers qui, estime-t-il, l'ont négligé alors qu'il était malade, il lègue sa fortune à leur descendance : son testament ne sera donc ouvert que dans deux cents ans ! Et que dit ce testament ? Qu'il lègue une fortune fabuleuse à celui qui sera... atteint d'une maladie incurable ! Le jour dit (le 4 juillet 1959, si vous avez suivi...), les héritiers Vilmorin sont tous présents à la lecture du document. Une course folle s'engage : c'est à celui qui se dénichera des maux réels ou... simulés. Mais rien n'y fait. Le notaire s'apprête donc à s'attribuer le magot... lorsque paraît le dernier héritier. Surprise : il est atteint d'un tic nerveux, donc... incurable !

Jean Richard (image : www.allocine.fr)

L'un des descendants est interprété par Jean Richard, né en 1921 et décédé en 2001. L'acteur est déjà très populaire au théâtre (où il est associé à Roger-Pierre et Jean-Marc Thibault dans des revues populaires) quand il apparaît pour la première fois au cinéma en 1946 dans Six heures à perdre d'Alex Joffé. A partir de 1949, les films s'enchaînent et Jean Richard marque de sa présence la série des Champignol où il joue le "héros", flanqué de Roger-Pierre, Jean-Marc Thibault, Noël Roquevert et la tonitruante Milly Mathis (non, rien à voir avec Mimi...).

Des metteurs en scène réputés font aussi appel à lui, à l'instar de Jean Renoir (Elena et les hommes, 1956), Yves Robert (La famille Fenouillard, 1960, La guerre des boutons, 1961, Bébert et l'omnibus, 1963) et René Clair (Les fêtes galantes, 1965). Jean Richard joue également le rôle titre de Chéri-Bibi (Pagliero, 1954) et endosse la défroque de Bérurier aux côtés de Gérard Barray dans deux San Antonio : Sale temps pour les mouches (1966) et Béru et ces dames (1968), deux films de Guy Lefranc. L'acteur a fait ses adieux au grand écran dans Signé Furax (1981) de Marc Simenon, le fils du créateur de Maigret, personnage que Jean Richard immortalisa sur le petit écran.

Jean Richard inoubliable dans le personnage du commissaire Maigret (image : www.allocine.fr)

Amoureux du cirque (il avait créé le cirque Jean Richard en 1957 et racheté le cirque Pinder en 1971), Jean Richard est passé à la postérité pour son interprétation du commissaire Maigret à la télévision à partir de 1967. Une interprétation qui, il faut le souligner, ne plaisait guère à Georges Simenon.

"Les trois meilleurs Maigret français ont été tout d'abord Pierre Renoir, Michel Simon et, naturellement, Jean Gabin, expliquait l'écrivain. Jean Richard est peut-être le Maigret le plus populaire des séries télévisées, mais il est franchement le pire. Il est très mauvais. Il joue Maigret comme s'il avait vu trop de films américains, plein de gangsters et de gigolos. On le voit arriver chez une vieille dame ou ailleurs avec son chapeau sur la tête, qu'il n'enlève pas. Il ne dit pas "bonjour" mais "commissaire Maigret". Il continue de fumer et garde son chapeau tout le temps. Ça me choque. Un commissaire divisionnaire a tout de même une certaine éducation. Il sait qu'on ne rend pas visite aux gens le chapeau sur la tête en fumant la pipe". Prends ça dans les dents, Jeannot !

Publié dans Titres rigolos

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