Le Film du jour n°52 : Karaté à mort pour une poignée de soja
Titre anglais : The Chinese Boxer
Un film hongkongais de Jimmy WANG YU (1970) avec Jimmy Wang Yu, Chiu Hung, Wong Ping, Lo Lieh...
Difficile de dater précisément l'arrivée en masse des films d'arts martiaux (sabre et kung-fu principalement) dans le cinéma de Hong-Kong. Des années 20 à la fin des années 50, ce cinéma était plutôt spécialisé dans la comédie musicale traditionnelle et le drame romanesque en costumes.
Mais, au tout début des années soixante, les succès fracassants que remportèrent dans la colonie britannique certains films de sabre japonais comme Yojimbo (Kurosawa, 1961) et le premier Zatoïchi (Misumi, 1962) mirent la puce à l'oreille des grandes compagnies de production cinématographique hongkongaises. Ce fut notamment le cas de la Shaw Brothers. Fondé en 1958 par Run Run Shaw, ce studio produisit jusqu'au milieu des années 80 plus de 250 films d'arts martiaux, dont certains, comme The Chinese Boxer (honteusement rebaptisé Karaté à mort pour une poignée de soja pour sa sortie française), sont de vrais réussites et connurent une exploitation dans l'Hexagone.
Bruce Lee dans Big Boss (Lo Wei, 1971), premier gros succès du Petit Dragon (image : www.toutlecine.com)
La popularité des films de kung-fu dans les cinémas hexagonaux de quartier atteignit son apogée en 1971, 1972 et 1973 avec, bien évidemment, les bandes interprétées par Bruce Lee et produites par une compagnie concurrente de la Shaw Brothers, la Golden Harvest, créée au début des années 70. Big Boss (Lo Wei, 1971), La fureur de vaincre (Lo Wei, 1972), La fureur du dragon (Bruce Lee, 1972) et Opération Dragon (Clouse, 1973) sont dans les mémoires de tous les amateurs du Petit Dragon.
Karaté à mort pour une poignée de soja, l'histoire : L'école de Maître Li est attaquée par un certain Tsiao Er, vil personnage revenu venger son honneur perdu. Battu par Maître Li, notre homme décide de recruter des mercenaires japonais pour porter un coup fatal à son ennemi. Une bataille entre Chinois et Japonais s'engage. Karaté contre kung-fu, la lutte est sans merci entre ces deux arts du combat. Défaits par les Nippons, les survivants chinois, abattus par la mort de Maître Li, sont obligés de quitter la région. Est-ce la fin ? Non, car parmi eux se trouve Ming, un jeune homme bien décidé à se venger à son tour. Mais, pour être à la hauteur, il lui faudra s'entraîner dur... et sa vengeance sera terrible.
La vengeance du tigre, titre français sous lequel est désormais connu Karaté à mort pour une poignée de soja (image : www.notrecinema.com)7
Il est à noter que les distributeurs français des films de kung-fu affublèrent ces longs métrages de titres profondément débiles, parfois condescendants et, pour certains, à la limite du racisme. Le fait que ce cinéma soit apprécié d'un public populaire et perce dans les salles de quartier y est certainement pour quelque chose. The Chinese Boxer fut ainsi rebaptisé Karaté à mort pour une poignée de soja (mais il est ressorti en DVD chez Wild Side Vidéo sous le nom de La vengeance du tigre).
A l'époque, on pouvait aussi trouver à l'affiche Miss Judoka règle ses comptes au karaté (Wu Ma, 1970), Au karaté, t'as qu'à réattaquer (Chang Cheh, 1971), J'irai verser du nuoc-mâm sur tes tripes (Zhu Mu, 1971), Il faut battre le Chinois pendant qu'il est chaud (Chang Cheh, 1971), La natte qui tue (Yeo Ban-yee, 1972), Nous y'en a riz le bol (Li Kuan-chang, 1972), Ça branle dans les bambous (Cheung Sum, 1972), Quand les Jaunes voient rouge (Hou Zheng, 1973), Bruce Lee fait la java à Bornéo (Kwan Chin-liang, 1976) ou bien encore Autant en emporte mon nunchaku - quoiqu’il s'agisse là d'un film japonais - (Shigehiro Ozawa, 1975). Rigolo... mais navrant ! (et réciproquement...).