Le Film du jour n°49 : Un pigeon qui pige
Titre original : Public Pigeon Number One
Un film américain de Norman Z. McLEOD (1957) avec Red Skelton, Janet Blair, Vivian Blaine, Jay C. Flippen...
Bien qu'il ait fait partie de l'écurie des grands studios hollywoodiens du début des années 30 à la fin des années 50 (à la Fox, chez MGM et à la Paramount notamment), le réalisateur Norman Z. McLeod (1898-1964) a sombré dans l'oubli... Un oubli qui paraît fort mérité. C'est "l'un de ces réalisateurs si anonymes qu'on a toutes les peines du monde à trouver quelque chose à en dire, mais qu'il faut néanmoins inclure dans un ouvrage d'histoire du cinéma parce qu'ils ont signé un certain nombre de films connus", écrivent Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier dans 50 ans de cinéma américain.
De fait, devant la caméra de Norman Z. McLeod (un Z qui veut dire Zenos...) ont défilé plusieurs grand comiques comme les Marx Brothers (Monnaie de singe, 1930 ; Plumes de cheval, 1932), W.C. Fields (Si j'avais un million, 1932 ; Alice au pays des merveilles, 1933 ; Une riche affaire, 1935) ou Danny Kaye (Le laitier de Brooklyn, 1946 ; La vie secrète de Walter Mitty, 1947). Il a également mis en scène Cary Grant et Constance Bennett dans Le couple invisible (1937), film où les deux acteurs interprètent un duo de fantômes assez amusant. Le long métrage remporta d'ailleurs un tel succès que plusieurs suites virent le jour.
Norman Z. McLeod filma de grands comiques américains à l'instar des Marx Bothers ou Danny Kaye
A partir de 1947, Norman Z. McLeod travailla essentiellement avec Bob Hope, acteur que l'on peut ranger dans la catégorie des comiques américains "grimaçants" (très en-dessous toutefois de Jerry Lewis, à notre humble avis). Il fit ainsi jouer Bob Hope dans plusieurs films en costumes bourrés d'anachronismes (une spécialité hollywoodienne de l'époque), comme Le visage pâle (1948), La grande nuit de Casanova (1954) ou Ne tirez pas sur le bandit (1959).
Un pigeon qui pige, l'histoire : Qualifié de "nul" par Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, Un pigeon qui pige narre les aventures d'un naïf pris à tort pour un caïd de la pègre, aventures qui lui permettront de décrocher les faveurs de la fameuse "pépée du gangster".
Dans le genre, en beaucoup mieux, il faut avoir vu L'ennemi public numéro un (Henri Verneuil, 1953). Dans ce Fernandel tout à fait honorable, la pépée est jouée par l'inénarrable Zsa Zsa Gabor, une ancienne Miss Hongrie qui débarqua à Hollywood avec ses sœurs au début des années cinquante (sa sœur Eva Gabor est surtout connue pour avoir figuré au générique de la série TV délirante Les arpents verts). Dans le film de Verneuil, Fernandel convertit avec succès Zsa Zsa en brave éleveuse de poulets (dans la vraie vie, la miss éleva plutôt les maris aux portefeuilles bien garnis...).
Red Skelton (image : wikimedia.org)
Le "pigeon" du titre du Film du jour est interprété par Red Skelton (1913-1997), de son vrai nom Richard Skelton. Rouquin (d'où le "Red"), il fut embauché par la MGM pour concurrencer Bob Hope qui enchaînait succès sur succès pour la Paramount. Ancien clown professionnel, Red Skelton joua, tout comme Hope, dans diverses bouffonneries pseudo-historiques comme La Du Barry était une dame (Del Ruth, 1943). A partir de 1943, il entama une collaboration étroite avec Buster Keaton, rangé dans un placard depuis le début du parlant et alors engagé par la MGM comme gagman (triste destinée pour "l'homme qui ne rit jamais"). De Mademoiselle ma femme (Minnelli, 1943) jusqu'à Mon héros (Sedgwick, 1948), Buster Keaton écrivit ainsi toutes les répliques de Red Skelton.
On se souvient aussi du rouquin rigolo dans Le bal des sirènes (Sidney, 1944) et La fille de Neptune (Buzzell, 1949), donnant la réplique à la championne de natation Esther Williams (ah ! Esther, son bonnet, son pince-nez et son maillot de bain ! Lorsqu'elle disparut des écrans, il ne nous restait plus que les nageuses d'Allemagne de l'Est - et leur soupçon de moustache - pour rêver... Dur, dur !). Red Skelton apparut pour la dernière fois au cinéma dans Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines (Annakin, 1965).
Ci-dessous, Red Skelton (et Esther Williams) dans la bande-annonce du Bal des sirènes (1944) de Charles Walters :