Le Film du jour n°41 : Te marre pas, c'est pour rire !
Un film français de Jacques BESNARD (1981) avec Aldo Maccione, Michel Galabru, Marthe Mercadier, Jacques Marin, Jean-Pierre Darras...
Avec Jacques Besnard, ce qui est bien, c'est qu'on n'a jamais mal à la tête. Pas de questionnements métaphysiques, de réflexions ésotériques ou de digressions intellectuelles dans les films de ce réalisateur français né en 1929 et décédé le 9 novembre 2013. Que de la franche rigolade, de la grosse marrade et de la poilade à gogo... si on n'est pas d'une exigence folle.
Le grand restaurant (1966) de Jacques Besnard, un Louis de Funès très regardable (image : www.cinemovies.fr)
Au début de sa carrière de réalisateur, Jacques Besnard signe coup sur coup un petit film d'espionnage avec Jean Seberg et Frederick Stafford, acteur qui avait enfilé ailleurs le costume d'OSS 117 (Estouffade à la Caraïbe, 1966), et un Louis de Funès assez marrant (Le grand restaurant, 1966). Puis il enrôle Jean Lefebvre, Bernard Blier et Michel Serrault pour Le fou du labo IV (1967), un film également tout à fait regardable. Il fera d'ailleurs confiance au même trio en 1975 pour jouer dans ce qui reste sans doute son "chef-d’œuvre", C'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule.
On y voit nos trois amis préparer le hold-up d'un coffre-fort d'une banque à partir des... WC publics de la gare SNCF attenante. Afin de se relayer dans la percée du mur mitoyen tout en trompant la vigilance de la revêche dame pipi (interprétée par une Tsilla Chelton qui se reposait sans doute les méninges après avoir joué du Ionesco au théâtre), les trois compères endossent une quantité invraisemblable de costumes différents, tous plus improbables les uns que les autres (pêcheur du dimanche avec attirail complet, Écossais, Bavarois, pilote de ligne, peintre en bâtiment, etc.). Un grand moment, d'autant que Clavier et Jugnot, qui passaient par là, font de brèves apparitions assez désopilantes dans le film ! Jacques Besnard et Jean Lefebvre se retrouveront dans La situation est grave... mais pas désespérée (1975) ainsi que dans Le jour de gloire (1978). Te marre pas, c'est pour rire ! est le dernier film réalisé par Jacques Besnard.
La situation est grave mais... pas désespérée ! (1975), un Jean Lefebvre signé Jacques Besnard
Te marre pas, c'est pour rire ! l'histoire : Le scénario est du même tonneau que ceux de titres aussi "hilarants" que Par où t'es rentré, on t'a pas vu sortir, Tais-toi quand tu parles ou Si t'as besoin de rien, fais-moi signe, trois "œuvres" de Philippe Clair, un cinéaste qui a beaucoup fait tourner Aldo Maccione, l'interprète principal justement de Te marre pas, c'est pour rire !
Passionné d'astrologie, Bruno (Aldo Maccione donc) prend la succession de son oncle, le PDG des Cycles Puccini, décédé brusquement en faisant du vélo (les risques du métier !). Agissant uniquement en fonction des conjonctions astrales, l'apprenti meneur d'hommes ne va pas tarder à se mettre à dos le délégué du personnel (Michel Galabru), excédé par les excentricités de son patron. Aldo Maccione et Michel Galabru face à face, le ton est donné ! La distanciation brechtienne n'est pas de mise... Amateurs du minimalisme à la Robert Bresson, passez votre chemin !
Aldo Maccione, la "classe" ! (image : parlezdemoi.blogspirit.com)
Né en 1935, Aldo Maccione nous vient du music-hall. Dans les années 60, il est membre d'un groupe comique baptisé finement Los Brutos, un groupe qui inspira - ils ne s'en sont pas cachés - nos Charlots nationaux. Les Brutos font leur première incursion au cinéma dans Les terreurs de l'Ouest (Girolami, 1964), un film où figure également Darry Cowl. Lelouch repère alors notre homme et l'embauche pour jouer dans Le voyou (1970) et surtout dans L'aventure c'est l'aventure (1971), où Aldo "la classe", aux côtés de Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner et Charles Gérard, popularise sa fameuse démarche de play-boy de bas étage qui en fait... trop !
Aldo Maccione et Jean Lefebvre dans Mais où est donc passée la 7e compagnie ? (Lamoureux, 1973)
L'acteur italien est ensuite enrôlé dans la 7e compagnie de Robert Lamoureux (pour les deux premiers volets en 1973 et 1975), puis il séduit Pierre Richard qui fait appel à lui pour jouer à ses côtés dans C'est pas moi, c'est lui (1976) et dans Je suis timide mais je me soigne (1978).
A partir de 1981, Aldo Maccione devient le comédien attitré de Philippe Clair, l'un des rois de la comédie franchouillarde, et le niveau baisse d'un cran, même si le succès est toujours là. Les titres parlent d'eux-mêmes : Tais-toi quand tu parles (1981), Plus beau que moi, tu meurs (1982), Si tu vas à Rio, tu meurs (1987) (ça commençait visiblement à fatiguer au niveau de l'originalité des titres !) et, enfin, L'aventure extraordinaire d'un papa peu ordinaire (1989).
C'est à cette époque qu'Aldo Maccione part se mettre au vert. On ne le reverra plus que très rarement au cinéma. Ces dernières années, il est apparu dans Travaux (2005) de Brigitte Roüan, où, fidèle à lui-même en maçon italien roublard, il donne la réplique à Carole Bouquet. On notera aussi en 2010 son passage éclair dans l'émission de téléréalité intellectuelle de TF1 La ferme célébrités en Afrique...
Aldo Maccione est passé quatre fois devant la caméra du "célèbre" Philippe Clair
Te marre pas, c'est pour rire ! marque aussi les quasi premiers pas de Smaïn devant une caméra et accueille au générique Brigitte Lahaie (Brigitte van Meerhaege pour l'état civil), transfuge d'un cinéma, disons, plus... dévêtu. Fatiguée des Touchez pas au zizi, des Jouissances suprêmes et autres Cuisses infernales, l'actrice, née en 1955, se tournait de plus en plus vers le cinéma traditionnel en ce début des années 80.
Trente ans plus tard, ce n'est pas faire injure à Brigitte Lahaie de constater que le résultat n'a sans doute pas été à la hauteur des espérances de la demoiselle, ballottée entre Max Pecas (Brigade des mœurs, 1984 ; On se calme et on boit frais à Saint-Tropez, 1986), Michel Caputo (Si ma gueule vous plaît, 1981 ; L'exécutrice, 1985), Claude Mulot (on ne rigole pas !) (Le couteau sous la gorge, 1986), Richard Balducci (N'oublie pas ton père au vestiaire, 1982) ou Jean Rollin (Fascination, 1979 ; La nuit des traquées, 1980 ; Les deux orphelines vampires, 1995 ; La fiancée de Dracula, 2000).
Brigitte Lahaie dans L'exécutrice (Caputo, 1985) (image : www.allocine.fr)
Plus récemment, Brigitte Lahaie a interprété une gérante d'hospice pour vieillards dans Calvaire (2004), le film d'horreur choc - mais hautement recommandable, si on n'est pas trop impressionnable - du Belge Fabrice du Welz. Elle y fait une tentative ratée de séduction auprès de Laurent Lucas, chanteur miteux itinérant, avant que celui-ci ne connaisse l'enfer dans les bras d'un Jackie Berroyer dérangé...