Le Film du jour n°4 : Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle
Titre original : La figlia di Frankenstein
Un film italien de Mel WELLES (1971) avec Joseph Cotten, Sara Bay (pseudonyme de Rosalba Neri), Mickey Hargitay, Paul Müller...
Non, cette rubrique n'est pas devenue le catalogue des films X qu'il faut avoir vus pour briller en société. Car Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle n'est pas, comme la traduction française du titre original le laisserait abusivement supposer, une bande érotique en costumes plus ou moins échevelée (quoique...), mais un "petit" film d'épouvante gothique italien, caractéristique de la production transalpine en ce début des années 70.
L’œuvre est signée par un dénommé Mel Welles (1924-2005) qui n'a rien à voir avec Orson (on s'en serait douté...). Acteur américain de son vrai nom Ira Meltcher, le monsieur est surtout connu pour avoir joué le propriétaire de La Petite boutique des horreurs (1960) dans le film éponyme de Roger Corman. Mel Welles préféra passer les années 1960 sur notre bon Vieux Continent (on le comprend sans mal...) où il en profita, le bougre, pour passer à la réalisation. Outre Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle, on lui doit aussi Le Baron vampire (1965) avec Cameron Mitchell.
Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle, l'histoire : Le Dr Frankenstein, pour ne pas faillir à son nom, a conçu une créature à partir de cadavres, mais il commet l'erreur fatidique de lui mettre un cerveau de tueur...
Sur ces entrefaites, la fille du Dr Frankenstein, scientifique comme papa, plutôt gironde et légèrement nymphomane, arrive au château... La donzelle aimerait bien donner un coup de main à son papounet chéri mais, buté, ce dernier ne veut pas en entendre parler.
Les choses étant vachement bien faites, la "créature" tue le bon docteur et s'enfuit à toutes jambes du château. La place étant libre, la belle se met à son tour à rafistoler du morceau humain afin de créer sa propre créature, de préférence un grand brun musclé, capable à la fois de trucider le premier monstre et de satisfaire les besoins physiques bien compréhensibles de sa "maîtresse"...
Joseph Cotten
En tombant sur Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle, le spectateur cinéphile pourrait être surpris de croiser, en docteur fou, l'Américain Joseph Cotten (1905-1994). L'acteur a en effet débuté sa carrière sous l'égide d'un autre Welles, bien plus célèbre et bien plus doué que notre Mel du jour, je parle bien entendu d'Orson Welles.
Dans sa première prestation sur grand écran, Joseph Cotten tient ainsi le rôle de l'ami trop franc de Kane/Welles dans Citizen Kane (1941). Puis on le retrouve dans La Splendeur des Amberson (1942), toujours d'Orson Welles, et chez Alfred Hitchcock pour lequel il interprète le tonton tueur de veuves dans L'Ombre d'un doute (1943) et le mari jaloux d'Ingrid Bergman dans Les Amants du Capricorne (1949).
L'acteur recroisera encore Orson Welles dans Le Troisième homme (Reed, 1949) et se confrontera à des partenaires féminines prestigieuses comme Jennifer Jones (Le Portrait de Jennie, Dieterle, 1949), Bette Davis (La Garce, K. Vidor, 1950) et Marilyn Monroe (Niagara, 1953).
Période italienne pour Joseph Cotten dans Le Continent des hommes poissons (1978)
Dans les années 1960, la carrière cinématographique de Joseph Cotten marque un peu le pas, même s'il pointe encore aux génériques de deux bons films de Robert Aldrich : le western El Perdido (1961) et le film d'angoisse psychologique Chut ! Chut ! Chère Charlotte (1964) où, en compagnie d'une Olivia de Havilland légèrement grassouillette, il martyrise la pauvre Bette Davis qui n'a pas trop à se forcer pour apparaître complètement destroy. Une Bette Davis qu'il accompagnera d'ailleurs une dernière fois dans L'Argent de la vieille (1972) de Luigi Comencini.
Bette Davis, Silvana Mangano, Alberto Sordi et Joseph Cotten dans L'Argent de la vieille (1972)
Au cours des années 70, l'acteur vieillissant accepte de nombreuses propositions de réalisateurs de films de genre, tant sur le continent américain qu'en Europe. Parfois pour le meilleur (L'Abominable Docteur Phibes, Fuest, 1971 ; Soleil vert, Fleischer, 1973), quelquefois pour le passable (Lady Frankenstein ; Baron Blood, Bava, 1972 ; Le Continent des hommes-poissons, Martino, 1978), mais souvent pour le pire (SOS Concorde, Deodato, 1978 ; Guyana, la secte de l'enfer, Cardona Jr., 1979).
Au début des années 1980, Joseph Cotten, malade, préfère interrompre ses activités après deux petits rôles dans La Porte du paradis (Cimino, 1980) - c'est lui le doyen de l'université que l'on voit au tout début du film - et dans Le Survivant d'un monde parallèle (Hemmings, 1981).