Le Film du jour n°38 : Comment j'ai appris à aimer les femme
Titre original : Come imparai ad amore le donne
Un film franco-germano-italien de Luciano SALCE (1966) avec Michèle Mercier, Nadja Tiller, Elsa Martinelli, Anita Ekberg, Zarah Leander, Romina Power...
Qui aurait cru qu'aimer les femmes (ou les hommes) nécessitait de suivre des cours avec assiduité ?... Mais voilà, les cinéastes ont souvent des leçons à donner ou des explications à faire valoir. Il suffit de se plonger dans un dictionnaire de cinéma pour s'en rendre compte.
De fait, Comment j'ai appris à aimer les femmes n'est pas un cas isolé. Les titres de films vous expliquant comment faire ceci ou cela pullulent. Quelques exemples parmi bien d'autres : Comment claquer un million de dollars par jour (Hill, 1985), Comment épouser un millionnaire (Negulesco, 1953) avec Marilyn Monroe, Comment épouser un Premier ministre (Boisrond, 1964) avec Pascale Petit et Jean-Claude Brialy, Comment faire partie de l'orchestre (Carlsen, 1972), Comment j'ai gagné la guerre (Lester, 1967) avec John Lennon, Comment se débarrasser de son patron (Higgins, 1980) (ça, je suis sûr que ça intéresse beaucoup de monde...), Comment tuer votre femme (Quine, 1964) (ça aussi, ça doit susciter de la curiosité...) ou Comment réussir en amour sans se fatiguer (Mackendrick, 1967) avec Tony Curtis et Claudia Cardinale. Un petit dernier pour la route : Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer de Jacques Benoit, un film franco-québecois de 1989 avec l'acteur Isaach de Bankolé.
Quand le cinéma se veut didactique et veut nous apprendre... (image : www.lepost.fr)
Quoi qu'il en soit, le réalisateur italien Luciano Salce (1922-1989), lui, sa spécialité, c'est la comédie boulevardière avec adultères à la chaîne et bons mots en veux-tu en voilà. Peu de sommets donc dans sa filmographie, on l'aura deviné sans mal. Luciano Salce s'est notamment impliqué dans plusieurs films à sketches à l'époque où le genre était très à la mode en Italie. On retiendra surtout sa participation au long métrage Les ogresses (1967), cosigné avec Monicelli, Bolognini et Pietrangeli, film où Claudia Cardinale, Monica Vitti, Raquel Welch et Capucine font preuve de la pire cruauté qui soit pour faire souffrir la gent masculine. Mesdemoiselles et mesdames, la K7 ou le DVD du film devraient vous donner des idées !
L'affiche des Ogresses (1967), film coréalisé par Luciano Salce
Comment j'ai appris à aimer les femmes, l'histoire : Après avoir été chassé du lycée pour avoir séduit la femme du proviseur, un jeune homme continue de faire des ravages auprès du beau sexe. C'est l'occasion d'assister à un défilé des actrices européennes les plus sexy de l'époque. Les couleurs de la France sont ainsi portées par Michèle Mercier, l'inoubliable interprète de la série des Angélique. Une Michèle Mercier qui, on l'a un peu occulté, fit une assez belle carrière de l'autre côté des Alpes, les Italiens, grands connaisseurs de plastique féminine, l'appréciant beaucoup... Elle joua notamment pour Domenico Paolella (Le boucanier des îles, 1961 ; L'île aux filles perdues, 1961), Mario Bava (Les trois visages de la peur, 1962), Dino Risi (Les monstres, 1963 ; Les complexés, 1965), Franco Rossi (Haute infidélité, 1964) et Mario Monicelli (Casanova 70, 1965).
Nadja Tiller (avec Jean Gabin) dans Le désordre et la nuit (Grangier, 1958)
Dans Comment j'ai appris à aimer les femmes, les pays germaniques sont, quant à eux, représentés avec brio par l'Autrichienne Nadja Tiller (Miss Autriche 1949 quand même !), souvent distribuée dans les rôles de ravageuses sur le plan sexuel... On l'a vue notamment côtoyer Jean Gabin et Danielle Darrieux dans Le désordre et la nuit (1958), un bon Gilles Grangier. Elsa Martinelli et Anita Ekberg (quasiment déifiée par Fellini dans La dolce vita, 1960) interprètent, pour leur part, l'Italienne et la Suédoise de service.
Zarah Leander (image : www.toutlecine.com)
Deux petits mots encore sur Zarah Leander et Romina Power, également à l'affiche de Comment j'ai appris à aimer les femmes.
D'origine suédoise, la première, née en 1907 et décédée en 1981, devint la grande star du cinéma allemand entre les deux guerres, Marlène Dietrich ayant préféré s'exiler à Hollywood dès le début du parlant avec son mentor, Josef von Sternberg. Les deux plus grands titres de gloire de Zarah Leander restent Paramatta, bagne de femmes et La Habanera, deux films signés par le Danois Detlef Sierck en 1937.
Mais, alors que ce dernier quitta l'Allemagne hitlérienne et vint s'installer aux États-Unis à la fin des années 30 (il prit le nom de Douglas Sirk et signa de grands mélodrames "flamboyants"), l'actrice préféra rester chez Adolf et elle continua de tourner pendant la guerre dans des longs métrages à connotation fortement anti-alliés. Autant dire que sa carrière connut un sévère coup d'arrêt lors de la capitulation allemande... Après 1943, elle ne joua plus que dans six films, tous mineurs, le dernier étant Comment j'ai appris à aimer les femmes.
Romina Power
Romina Power n'a pas connu ce genre d'infortune. Et pour cause, elle n'est née qu'en 1951 ! D'une beauté incroyable, Romina est la fille de deux acteurs également très gâtés par la nature : Tyrone Power et Linda Christian. Après le divorce de ses parents en 1956, elle suit sa mère en Italie et apparaît dans quelques films entre 1965 et 1970 et, notamment, dans Les infortunes de la vertu (1968) du fameux Jesus Franco, film inspiré du Justine du Marquis de Sade.
Également chanteuse, Romina Power est toutefois passée à la postérité pour avoir participé par deux fois (en 1976 et en 1985) au concours Eurovision de la chanson... à l'époque où ce n'était pas encore un grand n'importe quoi. Elle y chantait en compagnie de son mari Al Bano et portait les couleurs de l'Italie. Ils finirent les deux fois à la septième place...