Le Film du jour n°34 : Le gorille a mordu l'archevêque

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Maurice LABRO (1962) avec Roger Hanin, Roger Dumas, Jean Le Poulain, Pierre Dac...

"Artisan de la mise en scène courante", selon l'historien du cinéma Charles Ford, Maurice Labro (1910-1987) a beaucoup fait dans le film d'espionnage poussif. C'est donc lui qui, avec Le gorille a mordu l'archevêque, a signé le troisième volet des aventures du Gorille, de son vrai nom Géo Paquet (c'est sûr, c'est moins sexy que James Bond ou Hubert Bonnisseur de la Bath...). Le Gorille vous salue bien (1957), le meilleur de la série avec Lino Ventura, puis La valse du Gorille (1959) avec, déjà, Roger Hanin, avaient été réalisés par Bernard Borderie.

Avec Coplan prend des risques (1964), Maurice Labro s'attaqua par la suite à un autre espion, Coplan, interprété par Dominique Paturel. Le réalisateur fit également reprendre du service à Roger Hanin dans Corrida pour un espion (1965). On y voit le beau-frère de François Mitterrand, psalmodier, l'air hébété après avoir subi un lavage de cerveau administré par les Soviétiques : "Je suis arrivé seul à la vérité socialiste... il n'y a que la vérité socialiste !". Prémonitoire, non ?

Le fauve est lâché (1959), un bon Ventura signé Maurice Labro

On doit aussi à Maurice Labro Le fauve est lâché (1959) avec Lino Ventura, Estella Blain et Paul Frankeur, où un ancien truand assagi reprend du service dans la DST pour démasquer son meilleur ami, gangster notoire. Il a également réalisé plusieurs comédies sans prétention avec Fernandel, dont L'héroïque Monsieur Boniface (1949), Boniface somnambule (1950) et Blague dans le coin (1963). Comme le dit Jean Tulard, Maurice Labro n'est décidément pas "le cinéaste des inquiétudes métaphysiques et des revendications sociales" !

Le gorille a mordu l'archevêque, l'histoire : Géo Paquet, dit le Gorille, fait échouer un complot que mène le président d'un trust surnommé "l'archevêque", bien décidé à faire échec à la construction d'un chemin de fer transafricain qui menace ses intérêts.

Roger Hanin

De son vrai nom Roger Lévy, Roger Hanin, né en 1925 et décédé en 2015, tient tout d'abord dans le polar français des rôles de truands, généralement destinés à être flingués au cours de la première demi-heure du film. Après des apparitions dans A bout de souffle (1959) de Godard et dans Rocco et ses frères (1959) de Visconti, c'est la montée en grade et l'acteur commence à jouer les premiers rôles dans des films d'espionnage. Il endosse ainsi les costumes du Gorille et ceux du Tigre : Le tigre aime la chair fraîche (1964) et Le tigre se parfume à la dynamite (1965) de Chabrol, puis... Le tigre sort sans sa mère (1966) de Maffei (ça, ça doit être une aventure follement excitante...). On le voit aussi dans Le hibou chasse la nuit (Klinger, 1965), Le canard en fer-blanc (Poitrenaud, 1966) et Le chacal traque les filles (Rankovitch, 1967) (un vrai zoo à lui tout seul, le Roger !).

Au tournant des années 80, devenu beau-frère du président de la République française (sa femme, la productrice Christine Gouze-Rénal, était la sœur de Danièle Mitterrand), Roger Hanin se spécialise dans les rôles de pieds-noirs truculents, en particulier dans les films d'Alexandre Arcady (Le grand pardon, 1981 ; Le grand carnaval, 1983 ; Dernier été à Tanger, 1987 ; Le grand pardon II, 1992). Le rôle de sa vie, c'est en fait à la télé qu'il le trouve avec... Navarro (commencer par jouer les truands à la petite semaine et finir... commissaire de quartier lymphatique, voilà un parcours exemplaire !).

Roger Hanin en Navarro

Ajoutons que Roger Hanin a réalisé cinq films pour le cinéma, dont Le protecteur (1973), Train d'enfer (1984), inspiré d'un tragique fait divers, et Soleil (1997) avec quand même Sophia Loren au générique de ce dernier. Mais ses détracteurs ne purent s'empêcher d'insinuer qu'il avait oublié, lors du tournage de ces cinq longs métrages, de mettre... "un Tigre dans sa caméra" ! Qu'ils sont taquins !

Publié dans Titres débiles

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