Le Film du jour n°30 : Les mémoires de la vache Yolande

Publié le par lefilmdujour

Un film français de Ernst NEUBACH (1951) avec Rellys, Suzy Carrier, Félix Oudart, Lily Mounet, Alfred Pasquali...

Bien que l'animal en lui-même mérite tout notre respect, la présence du mot "vache" dans un titre de film peut apparaître comme un signe précurseur de navet ou, au mieux, de film médiocre. Je vous rassure tout de suite, avec Les mémoires de la vache Yolande, on est bien dans ce cas de figure ! Tendrement vache de Serge Pénard (1979) (qui fera l'objet d'un prochain Film du jour, n'en doutons pas...), Ma femme, ma vache et moi de Jean Devaivre (1951) ou La Vie, l'amour, les vaches de Ron Underwood (1991) ne sont pas, eux non plus, à ranger au rayon des chefs-d’œuvre, loin s'en faut.

Rellys et Yolande dans Les mémoires de la vache Yolande (image : www.toutlecine.com)

Mais, avec Fernandel et Marguerite en vedettes, La vache et le prisonnier (Verneuil, 1959) (tout le monde y avait déjà pensé...), très populaire en son temps, n'est pas un mauvais film. Et, parmi les réussites incontestables, on peut citer Ma vache et moi (1925) de Buster Keaton - Go West en est quand même le titre original ! -, Peaux de vaches (1988) de Patricia Mazuy (avec Sandrine Bonnaire et Jean-François Stévenin), Adieu, plancher des vaches (1999) de Otar Iosseliani et La vache (Dariush Merhjui, 1969), un film qui marqua à son époque la naissance d'un "nouveau" cinéma iranien... Comme quoi, il ne faut jamais généraliser !

Du côté du réalisateur du Film du jour, il n'y a pas grand-chose à dire. D'origine autrichienne, Ernst Neubach (1900-1968) fut avant tout un scénariste. Il a signé trois longs métrages en France, dont le meilleur s'intitule Le signal rouge (1948), film d'angoisse où Erich von Stroheim en médecin à l'esprit fragile fait, comme à son habitude, une composition impressionnante.

Le signal rouge (1948), le meilleur des trois films réalisés par le viennois Ernst Neubach en France (image : www.notrecinema.com)

Les mémoires de la vache Yolande, l'histoire : Hercule (ça commence mal...) est un professeur d'art dramatique qui, un beau jour, est amené à faire de la figuration au cinéma. Mai son rôle est de pure composition : il doit traire une vache ! (marrant non ? Vous souriez déjà, j'en suis sûr). Suite à un quiproquo, il est obligé de ramener le ruminant chez lui (ça, ça é...meuh ! Oui je sais, c'est nul...). La police, la SPA et même le gouvernement (faut pas lésiner sur les moyens, sinon ce ne serait pas un film comique) vont s'en mêler. Tout finira bien... sauf pour la vache, qui finira à l'abattoir comme tout bon ruminant qui se respecte, triste destin !

Rellys (image: cineclap.free.fr)

Les amateurs des films de Marcel Pagnol connaissent bien le Marseillais Rellys (1905-1991). C'est lui qui joue le rôle d'Ugolin aux côtés de Jacqueline Pagnol dans Manon des Sources (1952). L'écrivain lui avait aussi confié de petits rôles dans Merlusse (1934) et César (1936). Mais, au début de sa carrière, Rellys s'était surtout illustré dans le film comique troupier et connut un véritable triomphe dans Narcisse (Ayres d'Aiguiar, 1939). Par la suite, il endossera la défroque de Croquignol dans Les aventures des Pieds Nickelés (1947) et Le trésor des Pieds Nickelés (1949), deux films de Marcel Aboulker (Ribouldingue y est joué par Maurice Baquet, tandis que Filochard est interprété par Robert Dhéry, puis par Jean Parédès).

Rellys est Croquignol dans Les aventures des Pieds Nickelés (Aboulker, 1947) d'après les BD de Forton (image : www.cinema-francais.fr)

Mais Rellys a, comme bien d'autres, figuré au générique de quelques navets des familles comme Le cantinier de la coloniale (Wulschleger, 1937), L'atomique Monsieur Placido (Hennion, 1949), Le tampon du capiston (M. Labro, 1950), Le chômeur de Clochemerle (Boyer, 1957) ou La honte de la famille (Balducci, 1969). Dans la dernière partie de sa vie, on l'a vu donner la réplique à Fernandel dans Heureux qui comme Ulysse (1970), le bon film aux accents nostalgiques de Henri Colpi. Il est apparu pour la dernière fois au cinéma dans L'ange gardien (Fournier, 1978), long métrage franco-québecois où la vedette n'était autre que... Margaret Trudeau, l'épouse fantasque du 15e Premier ministre canadien Pierre Trudeau et la mère de l'actuel et 23e Premier ministre canadien Justin Trudeau

Suzy Carrier (image : http://artistes1940.free.fr/)

Quant à Suzy Carrier (1922-1999), "un physique de blonde romantique qu'on n'oublie pas" selon Jean Tulard (mais qui se souvient de cette actrice, aujourd'hui ?), elle connut son heure de gloire sous l'Occupation en jouant dans Pontcarral, colonel d'Empire (1942) de Jean Delannoy, considéré comme un film "résistant", et dans Secrets (1942), signé par l'acteur Pierre Blanchar. Après la guerre, Suzy Carrier donna la réplique à Bourvil dans Pas si bête (1946) d'André Berthomieu, le premier film où le comédien tient la tête d'affiche.

Puis l'actrice n'apparut guère que dans des petits polars du samedi soir et des films de "boulevard", comme on dit lorsqu'on veut rester poli. Suzy Carrier mit un terme à sa carrière en 1955 avec un petit rôle dans un autre long métrage de Jean Delannoy, Marie-Antoinette (avec Michèle Morgan dans le rôle-titre). Elle réapparaîtra très brièvement dans Na ! (1972) de Jacques Martin (oui, oui, c'est bien celui que vous regardiez à longueur de dimanche, vautrés dans vos canapés) et dans Seul le vent connaît la réponse (Vohrer, 1974), aux côtés de Maurice Ronet et de Marthe Keller.

Ci-dessous, un extrait du Père de Mademoiselle (1953) de Jean Boyer avec Suzy Carrier, Arletty et André Luguet :

Publié dans Titres à nanars

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