Le Film du jour n°27 : Les grands sentiments font les bons gueuletons
Un film français de Michel BERNY (1971) avec Michel Bouquet, Jean Carmet, Michael Lonsdale, Anouk Ferjac, Anicée Alvina...
Premier des deux seuls films réalisés par Michel Berny pour le cinéma, Les grands sentiments font les bons gueuletons est une comédie douce-amère où se côtoient des personnages englués dans des vies médiocres. Si le titre fleure légèrement le navet, les amateurs de nanars auraient tort de s'y laisser prendre. "Michel Berny a l'élégance de nous faire rire de nos propres misères, car son film possède de nombreux gags et réussit des portraits bien croqués", précise le Guide des films de Jean Tulard.
Le second et dernier film de Michel Berny, décédé le 18 décembre 2006 à l'âge de 59 ans, n'est pas tout à fait du même tonneau. Sorti en 1981, Pourquoi pas nous ? conte l'histoire d'amour improbable entre deux individus peu gâtés par la nature : un catcheur timide velu comme un singe et une femme célibataire d'âge mûr affligée d'un strabisme prononcé mais périodique (car n'apparaissant qu'en cas de colère subite !). Surnommé Cromagnon, le catcheur est joué par Aldo Maccione, sa partenaire est interprétée par Dominique Lavanant.
Dominique Lavanant et Aldo Maccione, couple improbable dans Pourquoi pas nous ? (Berny, 1981) (image : www.toutlecine.com)
Les grands sentiments font les bons gueuletons, l'histoire : Deux cadres supérieurs habitent sur le même palier d'un immeuble moderne. Georges a réuni sa famille pour les funérailles de sa mère, Claude célèbre le mariage de sa fille. Mais les invités de la noce sont bloqués sur l'autoroute, ce qui rend le repas sinistre. Chez les voisins, la tante Yvette distille ses mots perfides (c'est drôle, ça me rappelle quelqu'un...). Georges et Claude, descendus à la cave pour y chercher du vin, s'y rencontrent et font le constat de l'échec de leur vie (ça va ? vous avez encore le moral après ça ?).
Anicée Alvina (image : www.payvand.com)
Revenons à des choses plus souriantes avec Anicée Alvina, qui interprète la fille de Michel Bouquet dans Les grands sentiments font les bons gueuletons.
Icône érotique des années 70 (mais il faut sans doute être né avant 1960 pour en garder un souvenir ému), Anicée Alvina, née Shahmanesh en 1953 (son père étant d'origine perse), fit sa première apparition au cinéma dans Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause de Michel Audiard (1969). Après un rôle en vedette dans Deux enfants qui s'aiment (1970), film de Lewis Gilbert sur la fugue de deux "grands" enfants, on la retrouve en 1972 dans Le rempart des béguines de Guy Casaril, adaptation cinématographique du roman de Françoise Mallet-Joris. Elle y joue le rôle de l'adolescente émotionnellement troublée par la belle et perverse maîtresse de son père (interprétée par Nicole Courcel).
La rencontre choc de Nicole Courcel et d'Anicée Alvina... à ne manquer sous aucun prétexte (c'est l'affiche qui le dit...) (image : www.cinema-francais.fr)
C'est en fait Alain Robbe-Grillet qui va dévoiler tout le potentiel érotique de l'anatomie de notre chère Alvina dans deux films aux titres évocateurs mais aux scénarios relativement ésotériques. Dans Glissements progressifs du plaisir (1974), elle partage l'affiche avec Olga Georges-Picot, autre sublime créature. Dans Le jeu avec le feu (1975), elle côtoie Agostina Belli et Sylvia Kristel (que l'on ne présente plus !). On verra également Anicée Alvina dans Une femme fatale (Doniol-Valcroze, 1974), Isabelle devant le désir (Berckmans, 1975) et Le trouble-fesses (Foulon, 1976).
Anicée Alvina et Olga Georges-Picot dans Glissements progressifs du plaisir (Robbe-Grillet, 1974) (image : www.toutlecine.com)
Malheureusement, la plastique d'Anicée Alvina est telle qu'elle détourne les réalisateurs de son potentiel de comédienne. Sa carrière au cinéma fait donc un peu long feu... Même si la jeune femme connaît un certain succès avec la série télévisée Les quatre cent coups de Virginie à la fin des années 70, elle s'éloigne peu à peu des écrans et se consacre à la chanson. A partir du début des années 80, Anicée Alvina limite quasiment ses incursions cinématographiques aux seuls films de l'acteur-réalisateur Gérard Blain (Un second souffle en 1978, Jusqu'au bout de la nuit en 1995, Ainsi soit-il en 1999). Anicée Alvina est décédée d'un cancer le 11 novembre 2006.