Le Film du jour n°25 : Voir Venise et crever
Un film français de André VERSINI (1966) avec Sean Flynn, Madeleine Robinson, Karin Bal, Pierre Mondy, Ettore Manni...
Avec Voir Venise et... crever, les choses sont claires d'emblée. Il n'y aura pas de place pour la poésie, les promenades en gondole en amoureux, les grandes déclarations sous le pont des Soupirs et les couchers de soleil sur la lagune. Mais il y aura des hommes, des vrais, des méchants aux faciès patibulaires (mais presque...), des bourre-pifs à gogo, des coups de savate mal placés (ou bien placés, ça dépend de quel côté du pied on se trouve...) et des cadavres en veux-tu en voilà.
On n'est effectivement pas déçu de ce côté-là, même si le film est parfois mou du genou. Voir Venise et... crever est la deuxième et dernière réalisation de l'acteur André Versini (1923-1966). Quatre ans auparavant, il avait signé Horace 62 avec Charles Aznavour et Jean-Louis Trintignant, une curieuse transposition en thriller de la tragédie de Corneille où s'affrontent, dans le cadre d'une vendetta, deux familles corses de Paris. Remplacer les Horace et les Curiace par les Fabiani et les Colonna, pourquoi pas ?
Voir Venise et... crever, l'histoire : Michel Nemours (Sean Flynn), fils d'un Français décédé et d'une Américaine, vit dans une riche oisiveté (le veinard..., moi, je suis obligé d'écrire "Le Film du jour" pour subsister... et chichement, encore !). Il reçoit un jour la visite de madame Trégard, l'épouse d'un ami de son père, dont le mari, agent des services de Renseignements, a disparu à Venise. Justement, Michel se préparait à partir à Venise où il possède un palais (la vie est vachement bien faite, tout de même !). Le jeune homme se lance donc à la recherche de M. Trégard. Les ennuis ne font que commencer.
Sean Flynn
A l'inverse de sa situation de famille dans le film, Sean Flynn est le fils d'un Américain et d'une Française. Et non des moindres ! Son père n'est autre que l'acteur Erroll Flynn (1909-1959), dont les frasques ont souvent fait la une des tabloïds américains mais qui n'en a pas moins participé à plusieurs chefs-d’œuvre du cinéma mondial (Les aventures de Robin des Bois, Curtiz, 1938 ; Gentleman Jim, Walsh, 1942 ; Aventures en Birmanie, Walsh, 1945). Si Errol Flynn est mort d'une crise cardiaque dans les bras, dit-on, d'une nymphette, son fils, né en 1941, n'a pas eu cette "chance". Correspondant de guerre au Vietnam, il a disparu dans des conditions mystérieuses en 1970 et son sort exact n'a jamais vraiment été élucidé, malgré tous les efforts entrepris par sa mère pour le retrouver.
Sa mère était l'actrice d'origine française Lili Damita (1901-1994). D'abord danseuse de revue (elle a succédé à Mistinguett comme meneuse de revue au Casino de Paris), elle mena à l'époque du cinéma muet une carrière en France, en Autriche, en Angleterre et en Allemagne. Elle quitta l'Hexagone en 1928 pour filer à Hollywood où elle tourna notamment pour Raoul Walsh et Ernst Lubitsch. Erroll Flynn était son deuxième mari. Elle avait épousé en premières noces le réalisateur d'origine hongroise Michael Curtiz.