Le Film du jour n°215 : Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°215 : Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante
Titres anglais : The One-Armed Boxer II ; Master of The Flying Guillotine ; The One-Armed Boxer vs. the Master of the Flying Guillotine
Un film taïwanais/hongkongais de Jimmy WANG YU (1975) avec Jimmy Wang Yu, Kam Kang, Kar Wing Lau, Kun Yee Lung, Fei Lung...
La guillotine volante ? « V'là qu'le Film du jour nous sort encore une débilité sans nom », proclameront certains lecteurs du Film du jour, habitués aux jugements à l'emporte-pièce... Et pourtant, elle existe bel et bien, la guillotine volante ! Tout du moins dans ce film signé Jimmy Wang Yu, grande star du cinéma d'arts martiaux que l'arrivée de Bruce Lee relégua au rang des vieilles gloires du kung-fu.
Le Film du jour n°215 : Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante

Voici l'objet du délit !

La guillotine volante est en fait une sorte de frisbee évidé, parfois délicatement caché sous un chapeau en soie, expédié avec dextérité dans les airs, et relié au lanceur par une chaîne. Une fois la guillotine arrivée à bon port (c'est-à-dire autour du cou de l'ennemi), son propriétaire n’a plus qu'à tirer la chaîne vers lui : les lames affûtées garnissant l'intérieur du frisbee font alors leur job et cisaillent la tête de la plus charmante des manières. L'effet gore est garanti ! De quoi de vous donner des idées pour mettre un peu de fantaisie lors d'une prochaine soirée chez belle-maman !
Également connu sous le titre de Massacre à la guillotine, clin d'œil au quasi contemporain Massacre à la tronçonneuse (Hooper, 1974), Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante est la suite directe du Roi du kung-fu attaque, un autre film signé et joué par Jimmy Wang Yu, également connu sous le nom du Boxeur manchot (1971) (The One-Armed Boxer pour ceux qui causent l’anglais). Le premier volet était déjà délirant : notre ami Wang Yu, pas manchot malgré son bras en moins, y combattait à main nue (sans S forcément...) pratiquement tous les pratiquants d'arts martiaux possibles et imaginables : karaté, judo, boxe thaïe, taekwondo et même yoga agressif (si, si...).
Le Film du jour n°215 : Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante

Un film où les acteurs ont le bras long !

Le second volet du diptyque est encore plus dingue : on y trouve, outre la fameuse guillotine volante, des bâtons qui se transforment en épées par l'opération du Saint-Esprit (quoique je ne sache pas si ce dernier exerce aussi en Asie...), des cercueils truqués, un combattant à bras télescopiques, le tout mené sans aucun souci de vraisemblance. Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante est néanmoins devenu culte auprès des amateurs de cinéma bis. Quentin Tarantino, cinéphile bisseux s'il en est, adore le film et avoue même s'en être inspiré pour certaines séquences de son Kill Bill. Pour vous faire une idée de l'objet, visionnez quelques morceaux (bien) choisis :
Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante, l'histoire : Aveugle de surcroit (je me demande pourquoi il n'est pas encore passé au Plus grand cabaret du monde de Patrick Sébastien : le maître aveugle de la guillotine volante, ça sonne quand même mieux que le petit bonhomme en mousse...), le maître de la guillotine volante recherche Wang le boxeur manchot, un rebelle qui tua deux de ses disciples dans l'épisode précédent (Le roi du kung-fu attaque, si vous avez suivi jusqu'ici le maître du Film du jour...). Pour ce faire (et comme, apparemment, la guillotine volante ne suffit pas), il profite d'un tournoi international d'arts martiaux pour pactiser avec un Indien, un Thaïlandais et un Nippon afin de tendre un piège au boxeur et l'éliminer définitivement de la surface de la planète. Tous ces bras cassés ne le savent pas encore, mais le Jimmy Wang Yu, il a plus d'un tour dans son sac (il sait grimper au plafond notamment). Regardez le final dantesque du film :

Par rapport à ça, les combats de "Tigre et dragon" et de "Hero", c'est de la gnognotte, c'est moi qui vous le dis !

Né en 1944, Jimmy Wang Yu est donc à la fois le héros et le réalisateur du Bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante. Mais il faut dire qu'en 1975, l'heure de gloire de cet acteur, méga-star hongkongaise de la fin des années 60, était passée... Le rôle de sa vie, Jimmy Wang Yu l'avait décroché dès 1967 avec le rôle du sabreur manchot (déjà !) dans l'un des chefs-d’œuvre du réalisateur Chang Cheh : Un seul bras les tua tous. Les deux hommes s'étaient retrouvés dans la suite donnée à ce film - Le bras de la vengeance (1968) -, encore plus excessive dans la représentation de la violence à l'écran. Le troisième volet de la trilogie (La rage du tigre, 1971) se tournera toutefois sans Jimmy Wang Yu dont les exigences salariales lui ont fait quitter la Shaw Brothers pour le studio concurrent, la Golden Harvest. Un studio où l'étoile émergente, Bruce Lee, éclipsera rapidement notre ami.
Le Film du jour n°215 : Le bras armé de Wang Yu contre la guillotine volante

Jimmy Wang Yu

Avant de quitter la Shaw Brothers, Jimmy Wang Yu aura toutefois l'occasion de diriger son premier film en tant que réalisateur, le "fameux" Karaté à mort pour une poignée de soja (1970) (sorti en DVD sous le nom de La vengeance du tigre). Dans les années 70, l'acteur, qui voit sa notoriété décliner inexorablement, tourne la majorité de ses films à Taïwan et s’engage dans de vagues coproductions nippo-hongkongaises. Tournés à la chaîne et à la va-vite, certains de ces films n'en sortent pas moins sur les écrans des cinémas de quartier hexagonaux, à l'époque très friands de longs métrages d'arts martiaux et de champions musculeux de kung-fu (avant de céder aux sirènes autrement plus féminines du porno).
Évidemment, les titres français de ces œuvrettes sont tous plus croquignolets les uns que les autres. Entre La fureur du manchot (Sui Chang-hung & Kimiyoshi Yasuda, 1971) et Les quatre karatékas de l'apocalypse (Wang Yu, 1975), les spectateurs médusés purent se régaler à la vision de bandes improbables comme Wang Yu n'a pas de pitié pour les canards boiteux (Ting Shan-si, 1972), Wang Yu fait rougir le fleuve Jaune (Ting Shan-Si, 1972) ou Wang Yu et Miss Karaté se déchaînent (Ting Shan-Si, 1972). Jimmy Wang Yu a aussi tourné quelques films pour le célèbre metteur en scène hongkongais Lo Wei (Le bras vengeur de Wang Yu, La revanche de Wang Yu, tous deux de 1972). C'est à Lo Wei (rappelons-le aux amnésiques et à ceux qui n'en ont strictement rien à faire) que l'on doit deux films célèbres de Bruce Lee : Big Boss (1971) et La fureur de vaincre (1972).

Publié dans Titres abscons

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A
intéressant comme article ça fait revivre les moments forts du cinéma
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