Le Film du jour n°211 : Prends ton passe-montagne, on va à la plage !
Un film français de Eddy MATALON (1982) avec Florence Giorgetti, Daniel Prévost, Artus de Penguern, Pierre-Olivier Scotto, Sabine Paturel, Laurence Badie...
Prends ton passe-montagne, on va à la plage !... Pourquoi pas Prends ton Tamiflu, on va au Mexique ! ou Prends ta pilule, on va chez DSK ! pendant qu'on y est... Faut être un sacré as du ciboulot pour trouver un titre de film aussi marrant et aussi prometteur de francs moments de rigolade. Surtout lorsqu'on s'aperçoit in fine que tout ça rime avec la plus désolante ringardise. Bref. C'est à Eddy Matalon que l'on doit ce petit monument cinématographique de l'humour français à ras du gazon...
Ce deuxième long métrage de Eddy Matalon est adapté d'un roman de James Hadley Chase
Né en 1937, Eddy Matalon avait démarré sa carrière en signant Le chien fou (1966), un petit polar bien troussé avec Claude Brasseur et la pulpeuse Dany Carrel (voir Du grabuge chez les veuves). Il avait enchaîné avec Trop petit mon ami (1969), assez bonne adaptation d'un roman de James Hadley Chase avec la délicieuse Jane Birkin et l'acteur nain Michael Dunn, immortalisé par son rôle de l'odieux, que dis-je, l'infâme docteur Loveless dans la série TV Les mystères de l'Ouest...
Après avoir fait tourner Adamo dans L'île aux coquelicots (1970), coréalisé avec le chanteur, Eddy Matalon tournera casaque et prendra, comme certains de ses collègues, la voie de l'érotisme et du porno. Parfois sous le pseudonyme de Jack Angel, il enchaîne alors des films aux titres évocateurs comme Les garces (1973), La pension du libre amour (1973), Et avec les oreilles qu'est-ce que vous faîtes ? (1974), La chatte sans pudeur (1974), La bête à plaisir (1974) ou Filles insatiables (1975).
Ce n'est qu'en 1977 qu'Eddy Matalon reviendra dans le circuit classique (et le droit chemin) avec deux films réalisés dans le cadre de coproductions franco-canadiennes. Le thriller New York Blackout (a.k.a. Et la terreur commence) s’inspire de la véritable panne d’électricité géante que connut New York en juillet 1977 et est notamment interprété par Jim Mitchum, le fils aîné de Robert Mitchum, et Robert Carradine, l'un des frères de David Carradine. Signé sous le pseudo d'Eddy Greenwood, Une si gentille petite fille se veut, quant à lui, un film d'épouvante dans la lignée de L'exorciste.
On doit également à Eddy Matalon La secte de Marrakech (1979), un film adapté de la série des romans de gare "Bridage mondaine". La musique y est signée... Cerrone (toute une époque...). Ici, au rayon "corps de rêve", c'est une dénommée Carole Chauvet qui s'y colle. Aperçue auparavant dans Le sexe à la barre (Cachoux, 1975), Le grand fanfaron (Clair, 1975) et Caresses bourgeoises (Visconti... mais pas le bon, puisque celui-ci se prénomme Eriprando et qu'il n’est que le neveu de Luchino, 1978), la miss Chauvet mettra un terme définitif à sa courte carrière cinématographique avec Brigade mondaine : La secte de Marrakech... La jeune femme a su jeter l'éponge quand il en était encore temps...
Carole Chauvet dans Brigade mondaine : la secte de Marrakech (1979) d'Eddy Matalon (image : www.cinema.de)
Quant à Eddy Matalon, il signera encore deux comédies foireuses - T'inquiètes pas, ça se soigne (1980) et Prends ton passe-montagne, on va à la plage - puis, sur le tard, un dernier thriller passé inaperçu (Deux doigts de meurtre, 1993) avec Anthony Higgins (le jardinier de Meurtre dans un jardin anglais, 1982, de Peter Greenaway) et F. Murray Abraham (le Salieri d'Amadeus, 1984, de Milos Forman). Autant dire que le film n'a rien ajouté à leur célébrité, ni à l'un ni à l'autre.
Prends ton passe-montagne, on va à la plage, l'histoire : Julien, Sophie, Gaspard, Caroline et Victor ont décidé de passer leurs vacances d'été à escalader les hauteurs tibétaines, histoire d'aller taquiner le Dalaï-lama. Mais une telle expédition ne s'improvise pas ; ils s'entraînent donc sous l'œil exercé de leur camarade Sébastien, étudiant en médecine. Malheureusement, ce dernier, qui avait trouvé pour l'été une place de moniteur de thalassothérapie au Touquet, se casse la jambe. Victor se propose alors de le remplacer et ils ne sont plus que quatre (si vous avez suivi jusque-là...) à partir au Tibet. Mais, arrivés à Bruxelles, nos quatre amis apprennent que leur charter pour Lhassa est annulé. Il ne leur reste plus qu'à rejoindre Victor au Touquet (d'où le titre du film...) où les attendent de palpitantes aventures... pendant que le spectateur baille à s'en décrocher la mâchoire et s'endort du sommeil du juste...
Sabine Paturel et Pierre-Olivier Scotto dans Prends ton passe-montagne, on va à la plage ! (image : www.premiere.fr © PRODUCTION)
Sous les traits de Sophie, le spectateur aura l’impression de reconnaître la chanteuse légèrement tête à claques des années 80 Sabine Paturel (vous savez, celle qui susurrait en 1986 "je fais rien que des bêtises... des bêtises... quand t'es pas là"). L'impression première est effectivement la bonne puisque c'est bien elle qui est à l'affiche du film !
Née en 1965, la demoiselle, dix-huit ans à peine, n'en était déjà plus à un navet près au cinéma... On l'avait déjà vue à l'œuvre dans Les chômeurs en folie (Cachoux, 1982) et ce, aux côtés de Didier Bourdon (le premier film au cinéma de l'ex-Inconnu) et d'un dénommé Tchee (plus connu dans son rôle du Chinois dans les épisodes du "Commissaire Moulin"). On avait également aperçu Sabine Paturel dans N'oublie pas ton père au vestiaire (Balducci, 1982), un "must" absolu pour les fans de Jean Lefebvre.
Sabine Paturel (à gauche) dans N'oublie pas ton père au vestiaire (Balducci, 1982) (image : www.toutlecine.com)