Le Film du jour n°210 : Happy Birthday - Souhaitez de ne jamais être invité
Titre original : Happy Birthday To Me
Un film canadien de Jack LEE-THOMPSON (1981) avec Glenn Ford, Melissa-Sue Anderson, Lawrence Dane, Sharon Acker, Frances Hyland, Jack Blum...
Happy Birthday - Souhaitez de ne jamais être invité ou l'art de faire des brochettes à moindre coût en embrochant (en tout bien tout honneur...) vos invité(e)s. En ces temps de crise, c'est une recette à ne pas forcément rejeter... La viande est si chère...
Happy Birthday… est l'un des derniers rejetons (et pas le meilleur, loin s'en faut) de la vague du "slasher" qui gagna le cinéma américain dans les années 70. Mais, un slasher, qu'est-ce que c'est, me direz-vous ? Prenant ses sources dans le giallo italien du début des années 70, le slasher est un sous-genre du cinéma d'horreur dans lequel un tueur psychopathe (comme vous et moi) prend la décision mûrement réfléchie (tout du moins on l'espère...) de décimer la quasi-intégralité du casting avant que les mots THE END s'affichent à l'écran.
L'étymologie du mot slasher vient du verbe "to slash" (taillader), allusion au fait que l'assassin a l'extrême délicatesse d'utiliser des objets tranchants pour tailler dans le vif (en un mot, faut que ça saigne !). On s'accorde à penser que le premier slasher de l'histoire du cinéma américain est le mythique Black Christmas (1974) du réalisateur canadien Bob Clark avec les très belles Olivia Hussey et Margot Kidder. Visionnez la bande-annonce ci-dessous :
Bien évidemment, le film phare du genre reste Halloween (1978) de l'excellent John Carpenter, film qui révéla Jamie Lee Curtis, la fille dans la vraie vie de Tony Curtis et de Janet Leigh. Tous les codes du genre y sont : une bande d'adolescents traqués par un tueur obsédé et passablement perturbé par un passé déstabilisant (le portrait craché de l'auteur de ces lignes...), un assassin - masqué de préférence - sans morale ni pitié, le recours (presque) systématique à la caméra subjective (le spectateur voit ce que le meurtrier voit), une héroïne sauvée in extremis grâce à sa sagesse... et à son inactivité sexuelle.
Dans le slasher, la règle est simple : vous couchez... vous mourez et plus vous couchez, plus vos souffrances sont terribles avant de passer de vie à trépas. Point final. Pas de discussion. En 1980, Vendredi 13, réalisé par Sean Cunningham, prouva qu'un slasher bouclé avec de petits moyens pouvait se transformer en succès au box-office. Ce qui généra par là-même une multiplication de films souvent médiocres et la fin d'un genre.
Glenn Ford dans Happy Birthday : souhaitez de ne jamais être invité
Happy Birthday : souhaitez de ne jamais être invité, l'histoire : Virginia Wainwright ne se sent plus de joie. La jeune fille a réussi à se faire admettre parmi l'élite de son école, les "Crawford 10", des élèves aux conditions financières aisées qui aiment bien faire la fête et braver les interdits (fumer un chichon, boire de la bière et palper les attributs du sexe opposé, autrement dit). Virginia va bientôt arroser ses dix-huit ans, mais, à l'approche de la date fatidique, les meurtres sauvages et les disparitions louches se multiplient parmi les "Crawford 10". Or, Virginia, la pauvrette, a été victime d'un accident de voiture deux ans auparavant, accident qui a provoqué la mort de sa maman chérie et qui a entraîné une lourde opération du cerveau chez notre héroïne. Du coup, elle a souvent des "absences" et des lacunes au niveau de la mémoire immédiate. Les meurtres seraient-ils liés au passé de Virginia ? Ben tiens, tu m'en diras tant...
Melissa-Sue Anderson dans Happy Birthday...
Virginia est jouée par la fameuse Melissa-Sue Anderson... enfin... fameuse si on est un fan indécrottable de La petite maison dans la prairie. Car Mary Ingalls Kendall, c'est elle ! Née en 1962, l'actrice se produit surtout à la télévision et, des quelques films qu'elle a tournés pour le cinéma, seul Happy Birthday est parvenu jusqu'à nos salles françaises. Mère de deux enfants, Melissa-Sue Anderson est mariée depuis 1990 au scénariste et producteur TV Michael Sloan.
Glenn Ford
Dans Happy Birthday, il y a aussi un médecin pour veiller sur la pauvre Virginia et c'est le vétéran hollywoodien Glenn Ford qui s'y colle au terme d'une carrière cinématographique marquée par quelques grands rôles. L'acteur fut en effet le partenaire de Rita Hayworth dans le mythique Gilda (C. Vidor, 1946). C'est lui aussi le prof qui a maille à partir avec de jeunes délinquants dans Graine de violence (R. Brooks, 1955) et c'est encore lui l'acteur de bon nombre de westerns très réussis comme Trois heures dix pour Yuma (Daves, 1957), Cowboy (Daves, 1958), La vallée de la poudre (Marshall, 1958) ou La ruée vers l'Ouest (Mann, 1960).
Glenn Ford et Rita Hayworth dans Gilda (C. Vidor, 1946) (image : www.toutlecine.com)
Né en 1916 au Canada, Glenn Ford, de son vrai nom Gwyllyn Samuel Newton Ford, avait démarré sa carrière au cinéma en 1940, carrière qui fut rapidement interrompue par la guerre où il servit dans les Marines. L'acteur ne devint véritablement célèbre qu'en 1946 avec Gilda, film rendu immortel par la scène de strip-tease aux longs gants noirs de la belle Rita... Les rôles vont ensuite rapidement s'enchaîner pour Glenn Ford, même si son physique l'apparente plus à un "Monsieur tout-le-monde" qu'à un véritable jeune premier.
Il est à nouveau partenaire de Miss Hayworth dans Les amours de Carmen (C. Vidor, 1948) et L'affaire de Trinidad (V. Sherman, 1952) (les deux acteurs se retrouveront une dernière fois bien des années plus tard, en 1965, sur le tournage de Piège au grisbi de Burt Kennedy). Si Glenn Ford enquille pas mal de films sans grand intérêt, notamment devant la caméra d'un réalisateur routinier comme Henry Levin, le comédien assure néanmoins quelques prestations réussies pour de grands metteurs en scène comme Budd Boetticher (Le déserteur de Fort Alamo, 1953), Fritz Lang (les films noirs Règlements de comptes, 1953, et Désirs humains, 1954), Jacques Tourneur (Les révoltés de la Claire-Louise, 1953), Richard Brooks (Graine de violence) ou Delmer Daves (les westerns cités plus haut).
Glenn Ford et Van Heflin (au premier plan) dans 3h10 pour Yuma (Daves, 1957) (image : www.toutlecine.com)
Glenn Ford se pique aussi de jouer dans des comédies... mais là, le résultat est assez décevant, en particulier dans la série de films qu'il tourne sous la direction du vétéran George Marshall (voir Quel numéro, ce faux numéro ! pour plus de détails sur ce réalisateur) comme Le général casse-cou (1958), Tout commença par un baiser (1959), Un mort récalcitrant (1959), Opérations Geisha (1961) ou Le bataillon des lâches (1964). Dans la carrière que l'acteur mène au début des années 60, on sauvera quand même les deux films réalisés par Vincente Minnelli (Les quatre cavaliers de l'apocalypse, 1962 ; Il faut marier papa, 1963) et le dernier long métrage de Frank Capra (Milliardaire d'un jour, 1961).
Bette Davis et Glenn Ford dans Milliardaire d'un jour (1961), le dernier film réalisé par Frank Capra (image : www.toutlecine.com)
Après 1965, Glenn Ford apparaît dans Paris brûle-t-il ? (R. Clément, 1966) et enfourche encore quelques canassons dans des westerns crépusculaires, au moment où le genre est déclinant outre-Atlantique : Le pistolero de la rivière rouge (R. Thorpe, 1967), La poursuite des tuniques bleues (Karlson, 1968), Le jour des Apaches (J. Thorpe, 1968), Au paradis à coups de revolver (Katzlin, 1969), etc.
Travaillant beaucoup pour la télévision dans les années 70, Glenn Ford délaisse alors le cinéma. On le revoit quand même aux côtés d'autres vétérans hollywoodiens (Charlton Heston, Henry Fonda, James Coburn, Robert Mitchum) dans le film de guerre à grand spectacle La bataille de Midway (Smight, 1975). Il est aussi au casting du film-catastrophe Virus (Fukasaku, 1979). En 1978, Glenn Ford joue également le père adoptif du petit Clark Kent tout juste expulsé de la planète Krypton dans le Superman de Richard Donner.
Phyllis Thaxter et Glenn Ford, heureux parents adoptifs d'un petit Superman en 1978 (image : www.toutlecine.com)