Le Film du jour n°21 : New-York appelle SuperDragon
Titre original : New York chiama SuperDrago
Un film franco-germano-italien de Calvin J. PADGET (1966) avec Ray Danton, Margaret Lee, Carlo d'Angelo, Jess Hahn, Marisa Mell...
Dans le sillage du succès phénoménal des James Bond a émergé à la fin des années cinquante toute une vague d'espions cinématographiques plus ou moins crédibles, plus ou moins risibles et plus ou moins comiques. Jamais en retard d'un barbouze (cf. l'affaire du Rainbow Warrior sous l'ère Fabius), la France a ainsi pu s'offrir à moindre frais les services d'un OSS 117, d'un Coplan, d'un Vicomte, d'un Gorille, d'un Tigre, voire d'un Monocle.
Parmi la tripotée de films avec espion au générique, on citera OSS 117 se déchaîne (1963), Banco à Bangkok pour OSS 117 (1964) et Furia à Bahia pour OSS 117 (1965), trois films d'André Hunebelle avec Kerwin Mathews, puis Frederick Stafford, dans le rôle-titre.
Coplan, un agent secret de service dans les années 60 dans le cinéma européen (image : www.encyclocine.com)
Ajoutons à cette liste Coplan agent secret FX18 (1964) de Maurice Cloche avec Ken Clark, Le Vicomte règle ses comptes (1967), toujours de Maurice Cloche mais avec Kerwin Mathews, ou La valse du Gorille (1959) de Bernard Borderie avec Roger Hanin - bien avant que ce dernier joue "Le Beau-frère du Président", son meilleur rôle. Et n'oublions pas Le Tigre aime la chair fraîche (1964), signé par Chabrol à l'époque où il avait certainement besoin d'argent... et bien entendu, la série des Monocle avec l'excellent Paul Meurisse : Le Monocle noir (1961), L’œil du Monocle (1962) et Le Monocle rit jaune (1963), trois films réalisés par Georges Lautner. L'Italie a, bien entendu, aligné son propre quota d'espions à la petite semaine et ce "SuperDragon" (pas terrible, le nom..., on dirait le méchant dans les Trois tortues ninjas...) en fait partie.
New-York appelle SuperDragon, l'histoire : Dans le port d’Amsterdam, il y a des marins qui chantent, certes. Mais, dans cette ville pour amateurs de lèche-vitrine, se fomentent en cachette de diaboliques complots internationaux. L’agent SuperDragon ne s’y laisse pas prendre et déjoue les conspirations avec une étonnante décontraction. Il faut dire qu'il a de la chance, SuperDragon, car ses adversaires ne courent pas vite et sont curieusement du dernier minable. Et puis les "SuperDragon Girls", Margaret Lee et Marisa Mell (déjà croisée dans La Zézette plaît aux marins), se chargent régulièrement de regonfler les accus de notre super héros.
Sous le pseudonyme de Calvin J. Padget (on le connaît aussi sous l'étiquette Jackson Padget) se cache Giorgio Ferroni (1908-1981), un vieux routier du cinéma italien très connu pour des péplums comme La guerre de Troie (1961), Hercule contre Moloch (1964), Hélène, reine de Troie (1964) ou La terreur des gladiateurs (1965). Lorsque le western-spaghetti débarqua sur la péninsule, notre homme prit un pseudo à consonance américaine, comme beaucoup de ses confrères de l'époque (Sergio Leone compris). Il réalisa Le dollar troué (1965), l'un des premiers du genre. Giorgio Ferroni a également signé en 1960 un bon film d'horreur, Le moulin des supplices, au programme particulièrement alléchant...
Margaret Lee (image : www.allposters.com)
Née en 1939 (ou en 1943, les avis divergent), l'anglaise Margaret Lee, SuperDragon Girl dans le Film du jour, a débuté comme doublure de Marilyn Monroe dans Le milliardaire (Cukor, 1960). Pas forcément un bon présage, car elle file rapidement en Italie pour paraître dans un Maciste contre les monstres (Malatesta, 1962) à la réputation exécrable. Puis elle enchaîne les comédies (avec le duo lourdingue Franco et Ciccio notamment) et les petits films d'espionnage comme Fureur sur le Bosphore (Grieco, 1965), Le Tigre se parfume à la dynamite (Chabrol, 1965), New York appelle Super Dragon et Coplan sauve sa peau (le premier film d'Yves Boisset en 1967). Margaret Lee figure également au brillant générique émoustillant des Insatisfaites poupées érotiques du Docteur Hitchcock (Di Leo, 1971). L'une de ses dernières apparitions sur grand écran date de 1982 (Les derniers monstres de Dino Risi).
Dans la vraie vie, la belle a connu des aventures amoureuses tumultueuses avec Kim Brown, le chanteur des Renegades. Klaus Kinski à qui elle donna la réplique à plusieurs reprises (Opération Marrakech, Sharp, 1966 ; Coplan sauve sa peau ; Le bâtard, Tessari, 1968 ; Cinq pour l'enfer, Kramer, 1968 ; Rendez-vous avec le déshonneur, Bolzoni, 1969 ; Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock) s'est aussi vanté d'avoir couché avec l'actrice, ce qu'elle a démenti. En 1975, selon certaines rumeurs, elle fut même emprisonnée cinq ans pour avoir zigouiller un fan trop assidu. A sa libération, Ciné-Revue aurait publié un dossier photo dans lequel elle s'offrait nue à deux hommes, dossier titré : "La prison l'a rendue plus fougueuse encore !" (une info lue dans le magazine Mad Movies). C'était le bon temps !