Le Film du jour n°204 : Faut pas jouer avec les vierges

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°204 : Faut pas jouer avec les vierges
Titre original : Zenabel
Un film italo-franco-américain de Ruggero DEODATO (1969) avec John Ireland, Lionel Stander, Mauro Parenti, Lucretia Love, Elisa Mainardi, Christine Davray...
Faut pas jouer avec les vierges appartient à la période dite "légère" du réalisateur italien Ruggero Deodato, passé à la postérité pour ses films de cannibalisme outrancier.
Né en 1939, Deodato fait ses premières armes au cinéma en tant qu'assistant réalisateur de Roberto Rossellini (qui, lui, n'en croqua que pour Ingrid Bergman). Il travaille aux côtés du maître sur Le général Della Rovere (1959), Les évadés de la nuit (1960) et Âme noire (1962). Ruggero Deodato collabore également avec Antonio Margheriti, en particulier sur La vierge de Nuremberg (1963), Danse macabre (1963), La terreur des Kirghiz (1964) - que Deodato coréalise sans être crédité au générique - et Marchands d'esclaves (1964).
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Sous le pseudo de Roger Rockfeller, Ruggero Deodato sacrifia en 1968 au film du jungle (légèrement) dénudé

Le jeune homme est également l'assistant de Ricardo Freda (Roméo et Juliette, 1964) et de Sergio Corbucci, notamment sur les westerns-spaghettis Django (1965) et Ringo au pistolet d'or (1966). C'est en 1968 que Ruggero Deodato passe officiellement à la mise en scène en bouclant coup sur coup un film de super-héros un peu mou du genou, Fénoménal et le trésor de Toutankhamon, et un film d'aventures exotiques, La panthère nue, signés sous le pseudonyme de... Roger Rockfeller (ça mange pas de pain et ça fait riche...).
Après ces premiers essais, Deodato verse dans la comédie en livrant plusieurs films (malheureusement ?) inédits en France, dont plusieurs œuvrettes avec en vedette Silvia Dionisio, son épouse de l'époque (voir Une jeune fille nommée Julien). Il réalise également un polar (d'assez bonne facture paraît-il et lui aussi inédit dans l'Hexagone) intitulé Uomine si nace poliziotti si muore (1976) avec Marc Porel et Ray Lovelock en beaux gosses de services, membres d'un corps d'élite de la police romaine.
Avec Faut pas jouer avec les vierges, réalisé en 1969, Deodato trempe aussi, c'est l'époque qui veut ça, dans l'érotisme de bon aloi mâtiné de film en costumes (quoique les costumes n'aient pas dû coûter bien cher, puisque ces dames s'y trimbalent souvent les nichons à l'air et la croupe au vent, cf. l'affiche du film).
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Lucretia Love dans Faut pas jouer avec les vierges de Ruggero Deodato (image : www.ivid.it)

Faut pas jouer avec les vierges, l'histoire : La belle Zenabel (Lucretia Love), une jeune, blonde et jolie paysanne, apprend qu'elle est l'héritière d'un duché actuellement sous les ordres de Don Imolne (John Ireland), un usurpateur doublé d'une ordure finie qui, de plus, a zigouillé ses parents et les laissés, elle et son frère jumeau inconnu, comme qui dirait... orphelins. Forte de principes féministes avant-gardistes pour l'époque, notre Zenabel forme une armée de femmes prêtes à infiltrer les orgies du faux duc pour le châtier de sa témérité. C'est alors que cette petite armée de demoiselles, encore vierges pour la plupart, croise la troupe d'un bandit charmeur... J'en ai déjà les poils qui se hérissent...
En 1977, Ruggero Deodato frappe un grand coup avec Le dernier monde cannibale, œuvre phare de l'anthropophagie sur grand écran. Dans ce film, Deodato joue la carte du réalisme pur et dur, l'histoire étant, paraît-il, tiré d'un fait réel : un avion avec quatre passagers s'écrase dans la jungle et les rescapés sont agressés par des cannibales qui leur font subir les pires atrocités.
"Je n'ai pas tourné un film d'horreur mais un film néo-réaliste, un film de vérité, un film à thèse, insiste néanmoins le réalisateur dans un entretien sur le site www.nanarland.com. Ça m'a catalogué comme cinéaste d'horreur mais je n'aime pas ça... J'aime la réalité, les films vrais, je n'aime pas la science-fiction, le fantastique." Dans Le dernier monde cannibale, le réalisateur fait d'ailleurs appel à de véritables aborigènes en les dirigeant par grognements interposés (dixit la légende).
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La zigounette du monsieur risque de passer un sale quart d'heure... dans Le dernier monde cannibale (Deodato, 1977) (image : www.toutlecine.com)

Deux ans après ce coup d'essai (ou cette mise en bouche si l'on préfère), Ruggero Deodato signe le "chef-d’œuvre" du cannibalisme à l'écran... Cannibal Holocaust (1980). Ici, l'armée découvre la caméra de quatre explorateurs disparus dans la jungle amazonienne. En développant la pellicule et en donnant la vision de son contenu aux spectateurs, contenu présenté comme véridique (un principe qui sera repris quelques années plus tard par les petits malins du Projet Blair Witch), on découvre les horribles exactions commises par les Européens sur les indigènes et la vengeance de ces derniers. Rien ne nous est épargné ! Viols, sacrifices rituels, mises à mort d'animaux (véridiques malheureusement...), indigènes empalé(e)s, éviscérations, éventrements, etc. il y en a pour tous les goûts... Les gourmets, qui risquent toutefois d'être un peu déçus, trouveront la bande-annonce ci-dessous :
Le film vaut à Ruggero Deodato quelques démêlés avec la justice. Il doit notamment prouver devant une cour de justice que Cannibal Holocaust n'est pas un "snuff movie", c'est-à-dire un film avec de vrais meurtres dedans. Chose qui est faite en présentant les acteurs devant ces messieurs les juges... Par la suite, le réalisateur remettra le couvert avec les cannibales en signant Amazonia, la jungle blanche (1985) mais, toutefois, avec nettement moins de succès.
On doit aussi à Deodato La maison au fond du parc (1976), qui raconte la nuit d'enfer que font vivre deux détraqués à une bande de jeunes. Dans la veine de La dernière maison sur la gauche (1972) de Wes Craven, viols, tortures et meurtres en tout genre sont, une fois de plus, au programme ! Autant dire que le film est, lui aussi, très controversé à sa sortie !
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On "rase" gratis dans La maison au fond du parc (Deodato, 1976)

Ruggero Deodato se calme quelque peu par la suite en signant des nanardises particulièrement goûteuses comme Les prédateurs du futur/Atlantis Interceptors (1983), un film d'action à la sauce post-apocalyptique, ou encore Les Barbarians (1986), un sous-Conan le barbare avec un couple de jumeaux culturistes incroyables, David et Peter Paul (qui prêtèrent ultérieurement l'une de leurs perruques à Christophe Lambert pour son rôle de Vercingétorix).
A mettre également au compte de Ruggero Deodato un "slasher" lorgnant du côté de Vendredi 13 (Bodycount/Le camping de la terreur, 1987), un giallo (très) tardif avec Edwige Fenech (Le tueur de la pleine lune, 1988) et, une fois n'est pas coutume, une comédie toute gentillette avec tout plein d'enfants mignons comme tout (Les petites canailles, 1992). Dans la foulée du très mauvais Airport 80 : Concorde (Lowell Rich, 1979) avec Alain Delon, Ruggero Deodato livrera aussi le bien meilleur SOS Concorde (1979) avec James Franciscus et Mimsy Farmer.
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Deux sous-Conan pour le prix d'un dans Les barbarians (Deodato, 1986)

Depuis, pas mal de télé pour le réalisateur qui serait actuellement en train de travailler sur la préproduction d'une suite de La maison au fond du parc. A noter que Ruggero Deodato fait une apparition en forme de clin d’œil dans Hostel II (2007) d'Eli Roth qui rend ainsi une sorte d'hommage au réalisateur. Deodato y joue le rôle du... cannibale italien ! Et le spectateur de s'esclaffer devant tant de bon goût... entre deux scènes de torture plus ou moins raffinées. Eli Roth a réalisé en 2014 un remake plus ou moins officiel de Cannibal Holocaust avec Green Inferno.
Ruggero Deodato dans "Hostel II" (2007) d'Eli Roth

Ruggero Deodato dans "Hostel II" (2007) d'Eli Roth

Publié dans Titres rigolos

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