Le Film du jour n°198 : Le caïd de Champignol
Un film français de Jean BASTIA (1965) avec Jean Richard, Michel Serrault, Martine Sarcey, Alfred Adam, Denise Benoit, Béatrice Altariba...
Connu également sous les titres Deux cracks à Champignol et Champignol dans le désordre, Le caïd de Champignol est le troisième (et dernier) film d'une série consacrée au village de Champignol et à Claudius Binoche, personnage ahuri et haut en couleurs joué par un Jean Richard au sommet (?). A noter que la localité de Champignol existe bien. Située dans le département de l'Aube, elle fait partie de la communauté de communes de Bar-sur-Aube, mais bizarrement (!!!), le site Web de ce village de quelque 300 habitants ne se vante pas d'avoir inspiré trois films pour le cinéma...
Le caïd de Champignol fait suite à Nous autres à Champignol (1957), centré sur la rivalité footballistique de premier ordre opposant Champignol et Fouzy-les-Rondelles, et au Gendarme de Champignol (1959), dont la popularité a été réduite à néant par Le gendarme de Saint-Tropez. Le scénario des deux premiers films de la série est dû à Roger-Pierre (sans Jean-Marc Thibault). Les trois longs métrages "champignolesques" furent d'énormes succès à leur époque. Et pourquoi pas ? En 2008, le grand public a bien porté aux nues Bienvenue chez les ch'tis !
Martine Sarcey et Jean Richard dans Le caïd de Champignol
La série des Champignol (j'ai bizarrement l'impression de me répéter...) est à mettre au compte (débit ou crédit ?) du réalisateur Jean Bastia, né en 1919 et décédé en 2005. D'abord assistant metteur en scène de Jean Boyer (Nous irons à Paris, Le rosier de Madame Husson, Nous irons à Monte-Carlo, Le trou normand, J'avais sept filles, Le couturier de ces dames), Jean Bastia passe à la réalisation en 1956 avec, justement, Nous autres à Champignol (je vous le disais bien que je me répétais...).
On lui doit aussi Les aventuriers du Mékong (1957) avec l'affriolante Dominique Wilms, Certains l'aiment froide (1959) avec Louis de Funès, Les tortillards (1960) avec Jean Richard, le western parodique Dynamite Jack (1960) avec Fernandel, et Réseau secret (1966), long métrage qui se passe sous l'Occupation. Sous le titre hautement suggestif des Heures brûlantes du plaisir (1975), ce dernier film fut repris sur les écrans une dizaine d'années plus tard, truffé de scènes pornographiques supplémentaires. Histoire de relever la sauce ?
Ce film réalisé par Jean Bastia en 1966 ressortit sur les écran dix ans plus tard truffé de scènes X
Après 1970, Jean Bastia réalisa le film érotique ...Et mourir de désir (1973) à l'époque où cette occupation (réaliser des films érotiques..., pas mourir de désir...) était très à la mode parmi les cinéastes français. Cette même année 1973, Jacques Baratier tournait ainsi Vous intéressez-vous à la chose ?, Christian Gion Les couples du Bois de Boulogne, Just Jaeckin Emmanuelle, Max Pécas Club privé, Claude Pierson Donnez-nous notre amour quotidien, Alain Robbe-Grillet Glissements progressifs du plaisir, François Jouffa La bonzesse, Serge Roullet La fille à l'envers, Guy Perol Le commando des chauds lapins, Jacques Lemoine Le plumard en folie et Jean-François Davy Prenez la queue comme tout le monde... Que du lourd !
Le caïd de Champignol, l'histoire : Brave employé de ferme, Claudius (Jean Richard) trouve un poulain égaré. Pris d'affection pour l'animal qu'il surnomme Champignol (ben tiens !), notre homme le ramène à la ferme. Claudius ne vit alors plus que pour son cheval qu'il engage dans une course régionale. Et Champignol gagne la course ! Oui mais voilà, le poulain avait été volé par la bande de Monsieur Patrice (Michel Barbey), bien décidé à récupérer l'as des hippodromes. S'ensuit tout un tas d'aventures et de mésaventures pour le pauvre Claudius. Mais tout finira bien : la patronne et la fiancée de Claudius, désormais riches grâce au tiercé, deviendront les propriétaires du crack Champignol. Bon, c'est vrai que ça a pas l'air excitant comme ça, mais sachez que le disque de la BO du film s'est récemment vendu à près de 25 euros sur eBay... Eh oui, Madame, ne vous en déplaise, Champignol continue à faire des heureux !
Le Film du jour a déjà évoqué la carrière de Jean Richard (voir Certains l'aiment froide). Nous nous intéresserons donc aujourd'hui à une certaine Béatrice Altariba, présente (dans un petit rôle) au casting féminin du Caïd de Champignol. Née à Marseille en 1939, Béatrice Altariba est la petite-nièce du poète Paul Fort (1872-1960). Elle est devenue instantanément célèbre à la fin des années 50 grâce à Darry Cowl qui en était devenue éperdument amoureux et qui en fit la délicieuse Popeline du fameux Triporteur (J. Pinoteau, 1957). Faut dire que Béatrice Altariba avait quelques arguments à faire valoir...
Béatrice Altariba
Le triporteur ne fut pas, loin s'en faut, le seul film où les deux tourtereaux filèrent le parfait amour. Darry Cowl et Béatrice Altariba se retrouvèrent en effet aux génériques de L'ami de la famille (J. Pinoteau, 1957), Le temps des œufs durs (Carbonnaux, 1957), Sois belle et tais-toi (M. Allégret, 1957), Le petit prof (Carlo-Rim, 1958), Robinson et le triporteur (J. Pinoteau, 1959), Les pique-assiette (Girault, 1960) et Les gorilles (Girault, 1964). Mais c'était Robert Hossein qui avait fait faire à la jeune actrice ses premiers pas au cinéma et ce, dans Pardonnez nos offenses (Hossein, 1956) aux côtés de Pierre Vaneck, Gianni Esposito et Marina Vlady (l'épouse de Robert Hossein à l'époque).
Darry Cowl et Béatrice Altariba dans Le temps des œufs durs (Carbonnaux, 1957) (image : www.toutlecine.com)
Béatrice Altariba joue également Cosette adulte auprès de Jean Gabin dans Les misérables (Le Chanois, 1957) et une victime de Pierre Brasseur dans Les yeux sans visage (Franju, 1959). Dans les années 60, ses rôles deviennent de moindre importance. Mais on la voit quand même aux côtés de Jean-Paul Belmondo et Christine Kaufmann dans Un nommé La Rocca (Jean Becker, 1961) !
Darry Cowl et Béatrice Altariba dans Robinson et le triporteur (J. Pinoteau, 1959) (image : www.toutlecine.com)