Le Film du jour n°197 : Sexy Super Interdit
Titre original : Sexy proibitissimo
Un film "documentaire" italien de Marcello MARTINELLI (1964) avec Paul Steffen et son ballet, les Cirano's, Brian Jones, les Copacabana Girls, Corinne Fontaine, Joanna Negulesco...
Le Film du jour a déjà évoqué le "mondo-movie", un genre cinématographique qui fit florès en Italie dans les années 60. Le mondo est un documentaire (présenté comme tel, en tout cas) qui enchaîne des scènes filmées un peu partout dans le monde, avec une préférence marquée pour l'exotisme, le sensationnalisme, le crapoteux, voire le malsain (voir Ce monde si merveilleux et si dégueulasse).
Mais il faut en fait remonter dans les années 50 pour en distinguer les prémices, à l'époque où les distributeurs malins s'interrogeaient sur la façon d'en montrer "plus" (des nichons et des fesses, pour parler clairement) sans choquer et sans s'attirer les foudres des organismes de censure. C'est ainsi qu'est né, avant la révolution sexuelle de la fin des années 60, le "film de nudistes" (surtout aux États-Unis, lire Supernichons contre mafia) et le "film de cabaret", une spécialité essentiellement européenne. Avec ce type de long métrage, il était enfin possible, sous le prétexte fallacieux de montrer la "réalité", de dévoiler des "choses" que l'on cachait jusque là derrière un soutif ou au fond d'un slibard. Bonjour l'hypocrisie !
Le long métrage fondateur des films dits "de cabaret"
De fait, le principe du film de cabaret (comme Sexy Super Interdit, vous l'avez compris !) est très simple. Il s'agit de "reportages" sur les cabarets du monde avec force strip-teases et autres numéros de charme, entrecoupés de chansons, d'acrobaties, de tours de magie, de blagounettes d'humoristes... le tout pour faire vrai !
Le long métrage fondateur de cette mode, qui s'étendit grosso modo de 1959 à 1964 et dont les Italiens se firent les champions (mais les Français en produisirent aussi quelques-uns), est le fameux Nuits d'Europe (Alessandro Blasetti, 1959) où figurent notamment la sémillante Carmen Sevilla, les Platters, Henri Salvador, Mac Ronay, le magicien Channing "Judex" Pollock, Coccinelle, célèbre transsexuelle de l'époque, et les affriolantes Dolly Bell et Lilli Niagara (du Crazy Horse).
Miss Dodo (rien à voir avec Dodo la Saumure) s'effeuille dans ce film de 1960
En l'espace de quelques années vont alors se succéder à une vitesse proprement ahurissante les films de cabaret, signés par d'obscurs tâcherons à la solde de distributeurs aux yeux rivés sur le tiroir-caisse. Les titres en sont d'ailleurs parfaitement interchangeables. Dans la foulée de Nuits d'Europe, les spectateurs purent ainsi se régaler les mirettes avec Les nuits du monde (Luigi Vanzi, 1960) où s'effeuille une certaine Miss Dodo, Les nuits frénétiques (Renzo Russo, 1962), Nuits chaudes du monde (connu également sous le titre Filles sexy de nuit... ça ne change pas grand-chose, me direz-vous...) (Renzo Russo, 1962), L'univers de nuit (Alessandro Jacovoni, 1962), Nuits chaudes d'Orient (Roberto Bianchi-Montero, 1962) - avec une certaine... Dodo d'Hambourg - et Monde de nuit n°3 (Gianni Proia, 1963), où l’œil averti distinguera, entre deux nibards en goguette, Michel Simon et Jacques Chazot...
Sexy Super Interdit, l'histoire : Il n'y a pas d'histoire dans Sexy Super Interdit, film qui se présente comme une étape supplémentaire dans la suren"chair" après Sexy Interdit (Osvaldo Civirani, 1963), long métrage lui-même précédé par Sexy (Renzo Russo, 1962) où s'ébattaient notamment les effeuilleuses Rita Himalaya (un sommet du genre, on suppose, avec un nom comme ça) et Lady Chinchilla... Dans Sexy Super Interdit, tout le monde vient, à tour de rôle, faire son petit numéro. Le vague fil conducteur du long métrage est le striptease à travers les âges. Le spectateur, qui est là pour apprendre que le striptease est à la base même de l'idée de civilisation, a donc droit à un enchaînement de saynètes déshabillées censées se dérouler à diverses périodes de l'humanité (Préhistoire, Égypte antique, Grèce ancienne, Palestine à l'époque de Jean-Baptiste, Révolution française, etc.). On a aussi droit à un vampire, à la créature de Frankenstein, à des extraterrestres émoustillés par une cosmonaute stripteaseuse, et à la scène incontournable du Crazy Horse Saloon.
L'a-mateur aura bien du mal à faire la différence entre Monde de nuit et Les nuits du monde...
Pour être tout à fait complet sur le film de cabaret à production transalpine, citons également les autres œuvrettes où apparaît le mot "sexy", mot particulièrement moteur dans la production d'idées libidineuses chez la gent masculine en ce début des années 60 : Sexy Girls (Mino Loy, 1963), Sexy haute tension (Pasquale Vincenzo Oscar de Fina, 1963) - avec une dénommée Betty Von Zeppelin (tout un programme !) -, Sexy Show (Elio Baletti, 1963) ou bien encore Sexy mondial (Roberto Bianchi Montero, 1964).
Et n'oublions pas Tous les plaisirs du monde (Gianni Proia & Mario Russo, 1961) avec la célèbre Rita Renoir, Toujours plus nu (Renzo Russo, 1963) avec les affolantes Betty Caviar et Cherry Liberty, Voluptés diaboliques (Osvaldo Civirani, 1963) avec Dolly Bell (déjà citée), Univers interdit (Roberto Bianchi-Montero, 1963) avec les Elysées Glamour Girls (avec les dénommées... Clara Bruni, Valérie Trierweiler et Julie Gayet... non, je rigole !) et Les danseuses du désir (Renzo Russo, 1964) avec la sulfureuse Loulou Santiago.
En voilà une affiche qui sait appâter le client... Mamma mia, quelle époque !