Le Film du jour n°196 : Blanches colombes et vilains messieurs

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°196 : Blanches colombes et vilains messieurs
Titre original : Guys and Dolls
Un film américain de Joseph L. MANKIEWICZ (1955) avec Marlon Brando, Frank Sinatra, Jean Simmons, Vivian Blaine...
Difficile d'imaginer Marlon Brando dans une comédie musicale, habitués que nous sommes à le voir dans des rôles plutôt tragiques où la rigolade, les minauderies et les entrechats ne sont pas vraiment de mise (Sur les quais, Un tramway nommé Désir, Jules César, Le bal des maudits, La poursuite impitoyable, Reflets dans un œil d'or, Le parrain, Le dernier tango à Paris, Apocalypse Now, pour ne citer que les plus connus de ses films).
D'autant que lorsque l'acteur joue dans une vraie comédie, il n'est en général pas très bon (La comtesse de Hong-Kong de Charlie Chaplin en 1965). Pourtant Marlon Brando est tout à fait crédible dans Blanches colombes et vilains messieurs, une comédie musicale adaptée d'un succès de Broadway (je suis sûr que vous commenciez déjà à vous imaginer des choses indécentes avec un tel titre... faut dire que le Film du jour vous gâte souvent avec du croustillant...). Certes, Brando n'y est pas génial mais il y est crédible ! Écoutez-le donc chanter dans l'extrait suivant :
Bon, faut dire que le réalisateur Joseph L. Mankiewicz (1909-1993) est à la barre et que ce monsieur a quand même à son actif une filmographie particulièrement impressionnante avec plusieurs chefs-d’œuvre à la clé. Parmi ceux-ci, on citera L'aventure de Madame Muir (1947), histoire d'un amour entre une jeune veuve et un fantôme avec Rex Harrison et Gene Tierney, Eve (1950) - Oscar du meilleur réalisateur - avec une Bette Davis absolument géniale, L'affaire Cicéron (1952), film d'espionnage avec Danielle Darrieux et James Mason, Jules César (1953), adaptation de l’œuvre de Shakespeare avec Marlon Brando, La comtesse aux pieds nus (1954), long métrage qui hissa Ava Gardner au rang de mythe, et Soudain l'été dernier (1959), film psychanalytique tiré d'une pièce de Tennessee Williams où Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn et Montgomery Clift sont prodigieux. Ah, le maillot de bain blanc de Liz Taylor lorsqu'elle sort de la mer ! Il vaut à lui seul le détour...
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Liz Taylor sur le tournage de Soudain l'été dernier (Mankiewicz, 1959) (photo attribuée à Ken Danvers)

D'abord scénariste (à la Paramount et à la MGM) puis producteur, Joseph L. Mankiewicz réalise en 1946 son premier film - une réussite déjà - avec Le château du dragon, sorte de variation sur le thème de la belle (Gene Tierney) et la bête (Vincent Price, qui joue ici un châtelain atteint de maladie mentale).
Durant sa carrière, le metteur en scène s'essaie à divers genres cinématographiques, comme le fantastique (L'aventure de Madame Muir), le thriller (Quelque part dans la nuit, 1946), le suspense matrimonial (l'excellent Chaînes conjugales, 1949, Oscar du meilleur réalisateur), la comédie musicale (Blanches colombes et vilains messieurs), l'espionnage (L'affaire Cicéron), le western (Le reptile, 1970, avec Kirk Douglas et Henry Fonda) et même la superproduction internationale (le célébrissime et mythique Cléopâtre, 1963, avec Elizabeth Taylor et Richard Burton dont les relations passionnées débutèrent sur le tournage).
Joseph Mankiewicz boucla sa carrière de réalisateur en 1972 sur un dernier chef-d’œuvre, Le limier, huis clos au suspense diaboliquement et subtilement agencé avec Laurence Olivier et Michael Caine.
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Brando et les Goldwyn Girls sur le tournage de Blanches colombes et vilains messieurs

Blanches colombes et vilains messieurs, l'histoire : Nathan Detroit (Frank Sinatra), qui a besoin d'argent pour organiser des paris de dés clandestins, défie Sky Masterson (Marlon Brando) de séduire une jeune femme, lieutenant de l'Armée du salut (en voilà un jeu intelligent...). Sky réussit à convaincre la jeune femme de le suivre à La Havane où, paraît-il, l'attendent douze pécheurs en voie de rédemption (des barbus pro-castristes, certainement...). Et, ce qui devait arriver arrive : notre héros tombe amoureux de la salutiste, pas vraiment insensible au charme du beau Marlon. C'est-y-pas beau !
Le Film du jour n°196 : Blanches colombes et vilains messieurs

Jean Simmons

C'est l'actrice d'origine britannique Jean Simmons qui revêt le costume de l'Armée du salut dans Blanches colombes et vilains messieurs. Un rôle qui se situe, dans la riche filmographie de Miss Simmons, entre Des pas dans le brouillard (Lubin, 1955) où elle tourne avec l'acteur Stewart Granger, son mari de l'époque, et L'impudique (Dunne, 1956), avec, notamment, Jean-Pierre Aumont.
Née en 1929 et décédée le 22 janvier 2010, Jean Simmons fait ses premières apparitions à l'écran en 1944 et est assez rapidement embauchée dans des productions britanniques de prestige comme César et Cléopâtre (Pascal, 1945) avec Claude Rains et Vivien Leigh dans les rôles-titres, Les grandes espérances (Lean, 1946), adaptation réussie du célèbre roman de Dickens, Le narcisse noir (Powell & Pressburger, 1946) - où elle interprète une jeune hindoue intrépide -, et Hamlet (Olivier, 1948). Elle joue dans ce dernier long métrage le rôle d'Ophélie, une prestation qui lui vaut une nomination à l'Oscar du meilleur second rôle féminin.
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Jean Simmons joue Ophélie dans Hamlet (1948) de Laurence Olivier

C'est en 1950 que Jean Simmons débarque à Hollywood, la Rank ayant vendu son contrat à la RKO de Howard Hughes. Cette même année, elle épouse Stewart Granger (de leur union naîtra en 1956 une fille, Tracy). On la voit alors dans plusieurs films épiques ou bibliques comme Androclès et le lion (Erskine, 1952) avec Victor Mature, La tunique (Koster, 1953) avec Richard Burton, L’Égyptien (Curtiz, 1954) avec à nouveau Victor Mature, ou Spartacus (Kubrick, 1960).
Dans les années 50, elle compose aussi un beau portrait de garce face à Robert Mitchum dans Un si doux visage (Preminger, 1952), joue une jeune Elizabeth I dans La reine vierge (Sidney, 1953) avec Stewart Granger encore, interprète Désirée Clary face à Marlon Brando/Napoléon dans Désirée (Koster, 1954) et figure au générique du western à grand spectacle Les grands espaces (Wyler, 1958) aux côtés de Gregory Peck, Charlton Heston et Carroll Baker.
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Jean Simmons et Robert Mitchum dans Un si doux visage (Preminger, 1952) (image : www.legrandaction.com © Action Cinémas)

Sur le tournage d'Elmer Gantry, le charlatan (1960), avec un Burt Lancaster étonnant en faux prêcheur, Jean Simmons tombe sous le charme du réalisateur Richard Brooks qu'elle épouse dans la foulée, après avoir divorcé de Stewart Granger !
Les deux tourtereaux, qui se sépareront en 1977, donneront naissance à une fille (Kate Brooks) et tourneront un autre film ensemble, The Happy Ending (1969), qui vaudra à Jean Simmons une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice. A partir du milieu des années 60, l'actrice va cependant se tourner de plus en plus vers le théâtre et la télévision (la série "Nord et Sud", "Les oiseaux se cachent pour mourir", par exemple). Ses apparitions sur le grand écran deviennent alors extrêmement rares. On peut encore, malgré tout, la voir en revenante dans un film d'épouvante (Dominique de Michael Anderson en 1978) ainsi que dans Le patchwork de la vie (Moorhouse, 1995).
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Burt Lancaster et Jean Simmons dans Elmer Gantry le charlatan (R. Brooks, 1960) (image : www.allocine.fr © Swashbuckler Films)

Jean Simmons avait encore tourné en 2008 un film britannique (Shadows in the Sun de David Rocksavage) dont vous pouvez voir la bande-annonce ci-dessous. La jolie mamie de 80 ans, c'est elle !

Publié dans Titres étranges

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